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Rencontre avec Thomas Rebaud, CEO de la licorne française Meero
Rencontre avec Thomas Rebaud, CEO de la licorne française Meero
jchassagne

The Good Business

Rencontre avec Thomas Rebaud, CEO de la licorne française Meero

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En juin dernier, Meero levait 230 millions de dollars. Une somme impressionnante qui en fait ainsi la cinquième licorne française. Rencontre avec son co-fondateur et CEO, Thomas Rebaud.

En partant du principe que les créatifs en général, et les photographes en particulier, ont du mal à boucler leurs fins de mois autant qu’organiser leur planning entre prises de vues, retouches, briefs et prospection, et que les entreprises ont besoin de plus en plus de visuels, et de plus en plus vite, Thomas Rebaud et son compère photographe Guillaume Lestrade ont fondé Meero, en 2016.

Le principe ? Les photographes s’inscrivent sur la plateforme, les entreprises commandent des shootings à petits prix et reçoivent leurs photos en un temps record. Meero se rémunère en prenant une commission et s’occupe aussi des retouches grâce à une intelligence artificielle maison, et de l’emploi du temps des artistes.

Les arguments de Meero à l’intention des photographes, sans langue de bois.
Les arguments de Meero à l’intention des photographes, sans langue de bois. DR

L’idée fait mouche immédiatement. Avec le développement des réseaux sociaux, l’image est au cœur des stratégies marketing des marques. Des démarches qui changent souvent, au gré des tendances. Le net oblige à la réactivité. Aujourd’hui, Meero compte 31 000 clients dans 100 pays, et 58 000 photographes partout dans le monde.

Surtout, la jeune pousse est devenue licorne – une start-up valorisée à plus d’un milliard de dollars –, en levant 230 millions de dollars en juin dernier. Rebaud et Lestrade commencent à faire du bruit. Et, forcément, les premières critiques font leur apparition. Standardisation, retouches express, prix bas, intentions mercantiles, capitalisme assumé… Meero est accusée d’ubériser la photo – et même, pour les plus vindicatifs, de la « tuer » – comme le rapporte un édito publié début juillet par Libération. The Good Life donne la parole à la défense.

Thomas Rebaud.
Thomas Rebaud. DR

5 questions à Thomas Rebaud, co-fondateur et CEO de Meero :

The Good Life : Comment expliquez-vous le succès quasi immédiat de Meero ?
Thomas Rebaud :
Notre service est unique car très complet. A un moment donné, nous avons su répondre à la demande d’entreprises qui désiraient obtenir un service de qualité, standardisé mais à un tarif attractif. Aussi, nous avons su capitaliser sur une technologie développée en interne et basée sur l’Intelligence Artificielle, qui nous permet d’automatiser la quasi-totalité de nos retouches. Aussi, l’image a pris une place plus importante ces dernière années, grâce notamment à l’explosion du digital. Elle permet de toucher un nombre plus important d’individus, et parle à tout le monde, comme en témoigne la popularité de certains réseaux sociaux. Il y a dans cette mesure un véritable besoin, auquel nous répondons grâce à nos solutions pour accéder à des offres photo et vidéo sur mesure dans le monde entier en quelques clics. On assure la gestion complète des reportages de bout en bout, des temps de livraison inférieurs à 24 heures et une qualité uniforme, ce qui est important pour que les sites des plateformes de mise en relation gardent une cohérence visuelle.

TGL : Ça c’est le point de vue des marques… Quels sont les avantages pour les photographes ?
T.R. :
L’objectif est de leur donner la possibilité de se consacrer à leur passion. Parce qu’entre la prospection, les devis, la comptabilité et la retouche, qui représente une part énorme de leur activité, ils ne peuvent dédier que 25 % de leur temps à la prise de vue. Meero gère toutes ces tâches laborieuses de l’apport de revenus à la prospection, la facturation et au recouvrement en passant par la post production et la livraison. On propose également de les accompagner au quotidien avec des outils de comptabilité, CRM, marketing…

Meero prévoit de doubler ses effectifs d’ici la fin de l’année.
Meero prévoit de doubler ses effectifs d’ici la fin de l’année. DR

« Mal compris en France »

TGL : Quelles sont vos réponses aux critiques qui vous accusent, entre autres, d’ubériser la photo et de précariser les photographes ?
T.R. :
ll est vrai que tout changement, qu’il touche un domaine ou un marché, suscite des interrogations et souvent un rejet ou des critiques d’emblée. Notre business model et nos activités sont parfois mal compris en France. Heureusement, ce sentiment n’est pas généralisé et ne concerne qu’une faible proportion d’individus qui n’ont, pour la plupart, pas utilisé le service. Notre raison d’être est d’aider les professionnels de la photographie à exceller dans leur domaine. Il faut voir Meero comme une suite d’outils qui aident les photographes dans leur quotidien, tout en leur permettant d’acquérir un complément de revenu.

TGL : Quel avenir pour Meero ?
T.R. :
Beaucoup de changements et de nouveautés sont à venir dans les prochains mois. Les fonds que nous avons levés lors de notre dernier tour de table nous serviront à optimiser nos solutions technologiques ainsi qu’à développer notre communauté de créatifs dans 35 pays, de nouveaux services et outils à l’usage de nos photographes, mais aussi des séries de masterclasses, des documentaires, des rencontres entre photographes, le lancement d’un magazine en plusieurs langues, la création d’une fondation de soutien à la photographie… Nous lancerons aussi très prochainement de nouvelles verticales et ouvrirons nos prestations aux particuliers. Nous prévoyons également de passer de 600 à 1 200 collaborateurs d’ici la fin de l’année, et de conforter notre présence internationale grâce au développement de nos bureaux aux Etats-Unis, à Singapour, en Inde et au Japon.

https://www.youtube.com/watch?v=_1GobVzv1io

TGL : Vous avez également un projet prévu pour septembre avec Kourtney Roy ?
T.R. :
Nous allons bientôt faire une annonce à ce propos… Je peux juste vous dire que le projet est génial et que c’est une artiste fascinante.


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