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Rencontre avec Rachid Houari, ambitieux directeur de Tanger Med 1
Rencontre avec Rachid Houari, ambitieux directeur de Tanger Med 1
jchassagne

The Good Business

Rencontre avec Rachid Houari, ambitieux directeur de Tanger Med 1

The Good Business

A 40 ans il est à la tête du port Tanger Med 1 depuis le début, en 2005. The Good Life a rencontré Rachid Houari à Tanger, pour en savoir plus sur ce qui fait le succès de cette imposante zone, qui s’apprête à tripler sa capacité.

En plein soleil sur la terrasse de l’hôtel Mirage, à Tanger, The Good Life a pu rencontrer Rachid Houari. Embauché alors qu’il n’avait pas 30 ans pour devenir directeur du port Tanger Med 1 et DG délégué de la zone franche logistique qui l’entoure, celui qui a fait ses études à la Solent University de Southampton et à Paris – un MBA à l’Ecole Nationale des ponts et chaussées – nous raconte la naissance du chantier. Il se rappelle des challenges qu’il a dû relever avec ses équipes et nous explique le rôle joué par le port dans la ville, la région et même le continent.

Un port qui fête ses 10 ans cette année ! Un véritable succès grâce à son statut de zone franche, et aux milliers d’hectares qui l’entourent, attirant nombre d’entreprises qui souhaitent profiter d’un emplacement stratégique sur le détroit de Gibraltar. C’est le cas de Renault, par exemple, qui a fabriqué et exporté depuis Tanger plus d’un million de véhicules. Une réussite, avant une extension, Tanger Med 2, qui devrait tripler la capacité du port, passant de 3 à 9 millions de conteneurs. Faisant ainsi de Tanger le premier port méditerranéen et l’un des 20 plus grands du monde.

Rachid Houari, directeur de Tanger Med 1.
Rachid Houari, directeur de Tanger Med 1. DR

The Good Life : Quels ont été les challenges à relever et les efforts qu’il a fallu consentir pour faire de Tanger Med ce qu’il est aujourd’hui ?

Rachid Houari : Le premier défi, c’est d’avoir l’idée ! C’était la volonté du Roi de créer un complexe portuaire et industriel sur le détroit de Gibraltar, à Tanger, où le potentiel économique et humain est fort. L’investissement est conséquent, près de 8 milliards d’euros, avec 50 % de fonds privés et 50 % de fonds publics. Puis il a fallu dessiner tout cela, s’adapter aux reliefs et la géographie du lieu et connecter la zone au reste du monde en construisant des autoroutes et des voies de chemins de fer. Tanger Med devait ensuite convaincre de potentiels clients, commercialiser son offre, et contacter de grands opérateurs comme APM Terminals ou Eurogate. Le plus compliqué est de conserver ses clients, avec un service de qualité : nos portiques produisent 35 mouvements par heure, on ne trouve mieux qu’en Asie.

The Good Life : Quel rôle joue Tanger Med dans l’économie de la ville et celle du pays ?
Rachid Houari : Le port a créé 6000 emplois, la zone industrielle 60 000. Une moitié pour les Tangérois, l’autre pour le reste des Marocains. L’impact est donc réel et visible. Cela a permis au Maroc d’intéresser de grands groupes comme Renault et là aussi, les chiffres parlent. Le pays était historiquement connu pour l’export de phosphates et, depuis deux ans, c’est le secteur automobile qui est passé en tête. Mais Tanger Med ne joue pas un rôle important que sur le plan national, le port est aussi très utile au reste du continent, notamment l’Afrique de l’Ouest, vers qui va 40 % de notre trafic et pour qui l’arrivée d’une telle infrastructure à un endroit aussi stratégique a divisé par trois le délai de réception d’un conteneur en provenance de Chine.

Le port de Tanger Med 1 et le chantier de Tanger Med 2.
Le port de Tanger Med 1 et le chantier de Tanger Med 2. DR

TGL : Quels sont les arguments de Tanger Med face à ses concurrents du bassin méditerranéen ?
R.H. : Outre la rapidité d’exécution et la présence tout près du port d’usines, d’entrepôts et de zones franches logistiques, la chance de Tanger Med c’est qu’il dépend d’une agence spéciale, Tanger Med Special Agency, à laquelle on a conféré des prérogatives d’Etat qui l’autorisent à avancer très vite. En effet, il y a un guichet unique qui permet d’éviter au potentiel client d’aller d’administration en administration pour s’installer. TMSA s’occupe du foncier, de l’import, de l’export, de donner le permis de construire… Du tout-en-un.

TGL : Quels sont les objectifs de Tanger Med à court terme ?
R.H. : Le port et les zones franches n’ont que 10 ans, nous sommes forcément en croissance tous les ans. Pour continuer à ce rythme, nous avons Tanger Med 2, qui ouvrira en 2019 et triplera la capacité de la zone. Nous avons également à notre disposition 5000 hectares de foncier, en plus des 1600 déjà commercialisés en zone franche, avec la possibilité de multiplier par trois le nombre d’emplois créés. Il y a encore beaucoup de potentiel à exploiter !

APM Terminals est le premier opérateur mondial, et aussi le premier a avoir posé ses valises dans le port.
APM Terminals est le premier opérateur mondial, et aussi le premier a avoir posé ses valises dans le port. DR

TGL : Quels sont les complexes portuaires qui ont inspiré les créateurs de Tanger Med ? Aujourd’hui, Tanger Med est-il devenu une source d’inspiration ?
R.H. : Anvers et Rotterdam pour le transbordement, Jebel Ali à Dubaï pour la logistique. Pour le transport de passagers et de camions, nous avons simplement amélioré la fluidité et le confort, car nous avions déjà l’habitude de ce type de zones. Pour le transport de véhicules par contre, nous sommes précurseurs, l’usine Renault est, par exemple, liée directement aux quais via un train. Chaque semaine nous recevons une demi-douzaine de délégations qui viennent s’inspirer de ce que l’on fait ici. Concernant les autres ports, eux-aussi nous rendent visite, et on a déjà signé des accords avec certains d’entre eux, Algésiras, Baltimore, Barcelone entre autres. Enfin, on tient aussi à partager notre expérience avec les pays d’Afrique de l’Ouest, des pays frères. C’est aussi pour montrer notre bonne volonté dans les relations Sud-Sud. Le Roi a émis le souhait de rejoindre la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, NDLR).

TGL : Enfin, à quoi ressemblera Tanger Med dans 15 ans ?
R.H. : Lorsque nous avons commencé à dessiner Tanger Med, on pensait que ce serait suffisant jusqu’en 2030. Nous allons finalement ouvrir Tanger Med 2 en 2019 ! Tant qu’il y a de la demande, on ne se pose pas de limites. Mais nous avons un littoral de seulement neuf kilomètres… C’est pour cela que nous allons surement nous concentrer sur des zones plus excentrées. C’est déjà le cas avec l’inauguration prochaine de Nador Westmed, à 300 kilomètres de Tanger, où l’on veut répliquer la réussite de Tanger Med.

L’usine Renault, inaugurée en 2012, a fêté le million de véhicules fabriqués en juillet dernier.
L’usine Renault, inaugurée en 2012, a fêté le million de véhicules fabriqués en juillet dernier. DR

 

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