Culture
Virtuelle, érotique, politique… l’image dans tous ses états capte l’air du temps et brille par son inventivité. Tour d'horizon des expositions photo et vidéo à ne pas manquer.
Berlin/Bruxelles
James Casebere x 2
L’artiste américain connu pour ses dioramas photographiés (images composées à partir de maquettes d’architecture) est le sujet de deux expositions simultanées à Bozar (Bruxelles) et à la Haus der Kunst (Berlin), qui dévoilent pour la première fois les éléments de ses maquettes inspirées du réel et animées par des mises en scène sombrement merveilleuses et ardemment politiques (prisons, banlieues abandonnées…).
Fugitive, Haus der Kunst, jusqu’au 12 juin. www.hausderkunst.de.
After Scale Model : Dwelling in the Work of J. Casebere, du 17 juin au 4 septembre. www.bozar.be
New York
Fantastique
Dans Second Life, Cao Fei s’appelle China Tracy. Un avatar qu’elle emploie à bon escient depuis 2007 pour évoquer son pays, sa génération, et grâce auquel cette artiste trentenaire, héritière de la révolution culturelle chinoise, a été invitée à participer à de nombreuses expositions – jusqu’à trois fois pour la Biennale de Venise avec son documentaire COSPlayers (2004), sur les joueurs de cosplay, ces adolescents qui se déguisent en personnages de science-fiction, ou RMB City (2007), dans lequel se télescopent monde virtuel et Chine d’hier. Installations, photographies, vidéos… Cao Fei, bercée par les utopies des centres commerciaux et du World Wide Web, et China Tracy n’ont certainement pas dit leur dernier mot.
Cao Fei, MoMA PS1, jusqu’au 31 août. www.momaps1.org
Paris
Provocant
Jan Dibbets s’attache à rendre la photographie plus que « diabolique », selon ses mots, carrément « insupportable », selon un souhait formulé par Marcel Duchamp en 1922. Associé à l’art conceptuel voire au land art pour ses installations dans la nature ou dans la ville (les 135 médaillons de bronze cloués au sol le long du méridien de Paris en 1994, c’est lui), l’artiste néerlandais a répondu à l’invitation du musée d’Art moderne par le commissariat d’un group show dans lequel il mélange les inventeurs scientifiques de la photographie (Nicéphore Niépce) aux trublions du genre (Bruce Nauman). Objectif : niveler les valeurs que nous accordons à l’original et à la copie, à l’image documentaire ou fictive, pour réduire l’autorité de l’image et sortir des préconceptions de la société occidentale sur son histoire.
Jan Dibbets : La Boîte de Pandore, une autre photographie, musée d’Art moderne de la ville de Paris, jusqu’au 17 juillet. www.mam.paris.fr
Paris
Sexy
Fait rare, Nobuyoshi Araki revient exposer à Paris… au musée national des Arts asiatiques ! Au musée Guimet, le Japonais adulé pour ses photographies de femmes sujettes à l’art du bondage (kinbaku) regroupe près de 400 images reconstituant son atelier, nous dévoilant des pans méconnus de son œuvre : calligraphies, natures mortes florales et plongées immersives dans Tokyo… Autre événement : l’exposition de son compatriote Daido Moriyama à la fondation Cartier (jusqu’au 5 juin).
Araki, musée Guimet, jusqu’au 5 septembre. www.guimet.fr/fr/expositions
C’est la saison des rétrospectives !
Paris consacre une nouvelle exposition à Seydou Keïta (au Grand Palais, jusqu’au 24 juillet), ce photographe malien qui a fait du portrait sur commande un art grâce à ses mises en scène inventives. Quelques décennies plus tôt, le photographe et cinéaste Paul Strand façonne le genre de la straight photography, trajectoire objective et moderniste révélée au Victoria & Albert Museum de Londres (Photography and Film for the 20 th Century, jusqu’au 3 juillet). Pour se rincer l’œil, Los Angeles et Amsterdam retracent les épopées érotiques de Robert Mapplethorpe (The Perfect Medium au J. Paul Getty Museum, jusqu’au 31 juillet) et Helmut Newton (au Foam, du 17 juin au 4 septembre).
www.grandpalais.fr / www.vam.ac.uk / www.getty.edu / www.foam.org