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Pas facile de se lancer tant l’offre est pléthorique, de vins bien sûr, mais aussi d’armoires pour les conserver. Selon votre profil, c’est très simple à la fin : achetez ce que vous aimez !
Hugues Forget est le chef de cave et le responsable des achats de la Grande Épicerie, temple parisien du bon goût. La cave à vin y est de premier ordre, à prix dodus pour les plus belles étiquettes, avec aussi nombre de pépites tarifées en dessous de 10 euros.
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Quel est le secret pour créer sa cave à vin ?
Bref, voilà l’homme idoine pour conseiller le néophyte comme le connaisseur : « Pour constituer sa cave à vin, il y a une règle : acheter ce que l’on aime ! Parce qu’on le fait d’abord pour soi et que la bouteille à partager sera belle si on la raconte bien. Ensuite, il faut prendre en compte les moments de consommation : le vin de l’apéritif avec des amis n’est pas celui du repas du dimanche en famille. L’accès à des bons vins n’a jamais été aussi facile, alors il faut noter ce que l’on boit, prendre la photo d’une bouteille appréciée. Cela aide à définir son profil, à affiner le conseil pour découvrir d’autres références. »
Attention, par ailleurs, à deux écueils : le réflexe d’acheter un prix alors qu’il n’y a pas toujours de corrélation avec la qualité, et les réseaux sociaux qui renvoient toujours sur les mêmes types de vins à la manière des algorithmes de plates-formes musicales. Le vin, cela doit être de la découverte.
Pour le néophyte
Il est jeune, souvent, mais pas toujours, n’a pas de préjugés sur la région ou le cépage. Il se perd parfois dans une forêt d’étiquettes et ne doit pas hésiter à demander de l’aide, un conseil, pour exprimer ses affinités naissantes. Il cherche d’abord des vins accessibles, en goût comme en prix, qui feront son bonheur immédiat.
Hugues Forget conseille de sélectionner quelques bouteilles qui ont procuré un vrai plaisir en les dégustant, de les acheter par caisse de six afin d’y revenir régulièrement. L’intérêt : se faire le palais sur des vins bien faits à bon prix. C’est ensuite que l’exploration s’affinera et permettra d’élargir la palette. Tout à la découverte, le néophyte peut oublier de renouveler les meilleures références de sa cave alors que c’est ainsi que l’on devient un amateur…
Le type d’armoire
La panoplie des marques et des modèles est devenue très diverse. Pour un néophyte s’impose le choix d’une armoire de service, dont la fonction est de conserver les bouteilles à température de dégustation. C’est une première approche cohérente, à prix raisonnable, pour un apprentissage qui recherche marginalement le vieillissement du vin. De nombreux modèles proposent deux à trois zones de température, selon qu’on y dispose du champagne, des blancs ou des rouges. Les spécialistes restent assez sceptiques sur leur efficacité et recommandent la simplicité d’une armoire monotempérature.
Prix moyen : de 200 à 500 € selon la capacité. Marques : Cavist, Klarstein ou Haier.
Le fonds de cave
Les chenins ou sauvignons de Loire, les crus du Muscadet en plein renouveau, les crémants de qualité… Pour les blancs, visez des vins plaisir à l’excellent rapport qualité-prix. Pour les rouges, affinez votre goût entre cuvées charpentées du Sud et pinots noirs légers du Nord, d’Alsace, en net progrès et plus abordables que ceux de Bourgogne. Ne délaissez pas Bordeaux : de jeunes vignerons rompent avec l’uniformité du style sur des vins gourmands à prix juste.
Le coup de cœur
Pour éviter le cérémonial du champagne, le Ciel de Perles permet un effet bulles en toute simplicité sans renoncer à la qualité. Ce pur chenin effervescent, typique de la Loire, est produit sur les vignes d’un domaine de 25 hectares près d’Amboise. Un vin sec et aromatique à l’attaque dynamique. Un plaisir engageant pour le néophyte en même temps qu’une belle découverte.
La cave à vin de l’amateur
Il est au milieu du gué, pas à l’aise avec toutes les bouteilles mais assez pour avoir quelques convictions. Il cherche toujours à découvrir, en poussant plus loin la curiosité. Sans interdit sur la typicité du vin, il reste ouvert et attentif aux conseils, qu’il suit d’ailleurs souvent : un besoin d’être rassuré sur ses premières certitudes.
L’intéressent notamment les étiquettes secondaires de beaux domaines peu accessibles, en Bourgogne par exemple. La répartition de sa cave va s’équilibrer entre rouges et blancs, vins de garde et vins prêts à boire, sans omettre les effervescents toujours prisés et les liquoreux dans une petite proportion. Dernière recommandation de Hugues Forget : « Renouveler régulièrement les meilleures références de sa cave. »
Le type d’armoire
En se perfectionnant, l’amateur cherche des outils plus aboutis. Pour stocker environ 100 bouteilles, le choix d’une armoire polyvalente, combinant service et vieillissement, peut paraître pertinent, avec un paramétrage de température entre 5 °C et 18 °C. Le seul bémol serait la capacité du modèle à assurer précisément les différents niveaux de froid. Peut se poser aussi la question de son intégration dans une cuisine, avec un produit encastrable, et du choix de finitions esthétiques (éclairage intérieur, finition bois ou inox…). Certaines armoires sont désormais connectées et permettent notamment de tenir un livre de cave.
Prix moyen : de 500 à 1 500 € selon la capacité. Marques : La Sommelière, Climadiff, Liebherr.
Le fonds de cave
Des régions de prédilection se détachent. Même les appellations à volume ont un spectre de qualité : crus du Beaujolais, côtes-du-rhône de vignerons, blancs sous-cotés de Méditerranée… En Loire, lorgnez des signatures comme Thierry Germain ou François Chidaine. En Bourgogne, où tout est cher, il reste le Mâconnais, de même que les hautes-côtes-de-beaune et les hautes-côtes-de-nuits. Un signe : de grands vignerons s’y sont implantés récemment.
Le coup de cœur
La Combe des Amoureuses est le fruit d’un assemblage issu de trois parcelles du domaine familial Jean Féry, relancé par le fils Laurent Féry, sur une appellation qui monte, changement climatique aidant. Un chardonnay parfaitement exécuté et plutôt rare (5 400 bouteilles seulement), qui fait le match avec des crus de la côte de Beaune et gagne haut la main celui du prix. Une vraie pépite pour l’amateur.
La cave à vin du connaisseur
On le croit souvent âgé et fortuné mais les codes ont changé : il peut aussi être très jeune ! « J’en vois de plus en plus, assure Hugues Forget. Des gens pointus qui, sans trop d’argent, peuvent devenir déraisonnables sur une bouteille qu’ils veulent à tout prix. » Le connaisseur ne cherche d’ailleurs pas un prix mais un vin rare : le Domaine des Tours n’atteint pas les sommets de l’iconique grand frère Château Rayas, mais il n’est pas non plus facile à dénicher.
Ses goûts sont sûrs, précis sur les climats de Bourgogne, affranchis sur ces Jura qui ont la cote ou curieux de vins étrangers méconnus. Il n’aime pas les bordeaux et leur préfère les margaux ou les saint-émilion du plateau. S’il a de l’argent, il reste prêt à payer, à condition que le prix soit en rapport avec la qualité ou le potentiel de garde.
Le type d’armoire
Le connaisseur va nécessairement opter pour une armoire de vieillissement, dont la fonction est de répliquer au mieux les conditions d’une cave naturelle, hygrométrie contrôlée comprise. Il existe des modèles de petite capacité, mais il est plus judicieux de privilégier d’emblée une grande contenance pour tenir la garde longue de certaines références.
L’objectif principal reste la fiabilité du modèle afin d’éviter tout accident. Pas de réelle intention esthétique, plutôt le soin du détail : si la porte est vitrée, elle doit intégrer un traitement anti-UV. Le budget sera conséquent, mais c’est la condition sine qua non d’un écrin sûr à ses meilleures bouteilles.
Prix moyen : de 1 500 à 3 000 €. Marques : Miele, Eurocave, Artevino.
Le fonds de cave
Les grands vins sont incontournables. Classiquement, les crus classés de Bordeaux, à la faveur de la baisse des prix en primeur, où Saint-Émilion reste plus attrayant que le Médoc. En Bourgogne, visez les appellations villages des vignerons stars. En Rhône, les cuvées haut de gamme des grands négociants Guigal, Chapoutier ou Jaboulet si vous ne trouvez pas Chave ou Château Rayas. La Champagne est aussi riche de somptueux vins de garde. À l’étranger, bien sûr, les riesling de Moselle allemande ou les barolo du Piémont italien.
Le coup de cœur
Devenue une référence, la cuvée Grange Bin 95 occupe un registre : la quintessence des meilleurs shiraz de différents vignobles. Un assemblage au style revendiqué, qui donne un vin complexe et puissant. Il faut l’attendre, au moins dix ans. Le connaisseur saura sans complexe l’oublier quelques décennies !
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