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The Good Business
Depuis 2022, Greenpeace France travaille sur la question du voyage responsable. L'association présente, alors que la saison estivale atteint son pic, sa dernière analyse comparative du prix des billets d’avion et de train en Europe.
Prendre le train plutôt que l’avion pour les trajets courts en Europe ? Voilà une idée qu’on aime considérer sans pour autant souvent s’y risquer. Pourquoi ? Si le facteur temps reste un frein majeur, le prix d’un billet de train versus celui d’un vol en avion reste la motivation première du choix des airs plutôt que de la terre.
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Des alternatives à l’avion existent pourtant en train
Même quand on aime voyager, et voyager loin, une petite voix s’alarme toujours au moment d’appuyer sur le bouton « acheter » au bas de la page récapitulative des billets d’avion choisis. Si les Paris-New York, Lyon-Bangkok, Bordeaux-Sydney sont encore des trajets que l’on n’imagine pas (encore ?) faire autrement qu’en avion, les liaisons internes ou frontalières sont de plus en plus accessibles.
Aujourd’hui, un Berlin-Paris demande entre 9 et 12 heures de train incluant une correspondance ; un train de nuit direct sera mis en place en fin d’année, fruit de l’entente franco-allemande entre la Deutsche Bahn et la SNCF. Il est également possible de relier Lyon à Barcelone en moins de six heures en empruntant les wagons de la coopération Renfe-SNCF.
Quels sont le prix de ces alternatives ?
« Voyager en train est en moyenne deux fois plus cher qu’en avion en Europe », pointe le rapport que vient de publier Greenpeace. Rappelons que l’impact climatique global de l’avion est largement supérieur à celui du train, 80 fois plus important par exemple dans le cas d’un Paris-Bayonne (source ADEME).
Toujours selon l’enquête de Greenpeace, le billet de train pour un voyage de Barcelone à Londres peut coûter jusqu’à 30 fois plus cher qu’un billet d’avion pour le même trajet à la même date, faisant de cette liaison le cas le plus marquant en termes d’écart de prix. D’autres itinéraires présentent également des différences de prix significatives : Londres-Bratislava (15,5 fois plus cher), Madrid-Bruxelles (15 fois) ou Rome-Vienne (10 fois).
La France se classe au troisième rang des pays où le ratio entre prix des billets de train et d’avion est le plus marqué (2,6 fois plus cher), l’Angleterre remportant la palme (4 fois) avec comme dauphin l’Espagne (3,6 fois).
Pourquoi le train est-il plus cher que l’avion ?
Avec des politiques tarifaires agressives, EasyJet, Ryanair, Wizz Air, Volotea et les autres compagnies aériennes low costs proposent des prix souvent bien en dessous du coût réel du voyage, les rendant presque toujours moins chères que le train. Ryanair propose des billets à 9,99 euros tandis que Volotea a offert, en 2021, des billets pas plus chers qu’un euro depuis la France.
Ainsi, avec le train est souvent considéré comme trop cher, tandis que l’avion est parfois étrangement bon marché. Greenpeace explique cette disparité par une fiscalité inéquitable qui favorise le transport aérien par rapport au transport ferroviaire. Les compagnies aériennes bénéficient en effet d’avantages fiscaux tels que l’absence de taxe sur le kérosène et de TVA sur les vols internationaux, ainsi que de « subventions financées par les contribuables ». A l’inverse, les compagnies ferroviaires paient des taxes sur l’énergie, la TVA et des péages ferroviaires importants dans la plupart des pays. Le tout pour un manque à gagner estimé à 4,7 milliards d’euros par an pour la France selon le rapport.
Quelles solutions ?
Certains ont déjà fait le choix d’exclure les destinations extra-européennes de leurs envies de voyages et ne se déplacent en Europe qu’en train, en bus ou en voiture. Si les initiatives citoyennes sont importantes, Greenpeace propose également une liste de solutions pour réduire les inégalités tarifaires entre voyages en train et avion.
Parmi elles : l’arrêt des subventions aux compagnies aériennes, la mise en place de tickets « climat » abordables pour les trajets en train, l’interdiction des courts-courrier de moins de six heures pouvant être remplacés par des alternatives « raisonnables » en train ou encore la réintroduction de lignes récemment fermées comme les trains de nuit Paris-Venise ou Hendaye-Lisbonne.
Au delà des divergences d’intérêts et d’opinions, ce rapport donne à toutes et tous la matière pour réfléchir à ses déplacements dans l’idée de tendre vers une société plus écologique, plus juste et plus durable. The Good Life s’abstient quant à lui de toute prise de parti.
Retrouver le rapport complet sur le site de Greenpeace.
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