Non classé
Depuis deux ans, les Sources de Cheverny offrent une parenthèse idyllique en pleine nature, au cœur du Val de Loire. Dans la même veine que sa grande sœur, les Sources de Caudalie, le raisin est placé au cœur de l’expérience. The Good Life a voulu en savoir plus sur Alice et Jérôme Tourbier, propriétaires passionnés, qui ont fait de leur concept un business model... Qui ne cesse de se développer avec le projet d'ouvrir en Provence et en Champagne. Rencontre.
D’abord, les parents, Daniel et Florence Cathiard, quittent Grenoble en 1992 pour acheter le domaine Smith Haut-Laffitte à Bordeaux. Puis Mathilde, la sœur d’Alice, crée en 1994 avec son mari Bertrand Thomas, la marque de cosmétique Caudalie, axée sur la puissance anti-oxydante des pépins de raisins. Enfin, Alice et Jérôme Tourbier fondent en 1999 le complexe hôtel, restaurant et spa. D’une simple activité, la famille a construit un empire avec pour fil conducteur, le raisin.
Œnologues devenus hôteliers de luxe
Alice et son mari n’étaient pas destinés à être hôteliers. Rencontrés sur les bancs d’HEC dans les années 1990, ils partageaient déjà cette passion pour le vin. Formés en management et fraîchement diplômés de la fac d’œnologie de Bordeaux, ils font du vignoble familial un complexe hôtelier, et apprennent leur métier « sur le tas ». « C’est du bon sens, il faut aimer les gens et se mettre à leur place ».
Malgré leurs intentions originelles de « créer un hôtel sans prétention au milieu des vignes », les Sources de Caudalie (61 chambres et suites) sont devenues un Palace, distinguées par le premier prix de la maison emblématique, avec un restaurant gastronomique doublement étoilé.
La genèse des Sources de Cheverny
Vingt ans après, l’expérience et la maturité en plus, l’envie de décliner le concept s’impose, bien loin des ambitions initiales. Propriétaires de l’Étang de Corot à Ville d’Avray (92) de 2008 à 2018, ils cherchent à s’implanter de nouveau dans un vignoble. « On a compris que notre valeur ajoutée était de faire valoir l’oenotourisme, de par notre histoire personnelle ». À cela s’ajoute un constat : en 2010, les premiers chiffres d’Atout France prouvent que les oenotouristes dépensent trois fois plus en moyenne que de simples touristes. C’est le début d’un véritable boum de la filière oenotouristique, et les Tourbier comptent bien y concentrer leur offre.
Pour aller plus loin encore, le couple projette de redynamiser le vignoble en plantant 5 hectares de Romorantin, cépage autochtone originel de l’endroit et cultivé nulle part ailleurs.
Leur dévolu tombe sur cette ancienne ferme et exploitation viticole tombée en désuétude, avec le Château du Breuil à l’entrée du domaine. « À l’époque, il n’y avait pas d’offre d’hôtellerie de luxe dans le Val de Loire ». Jérôme, originaire de Touraine, et Alice, convaincue du potentiel de la région, dont on disait il y a 7 ans qu’elle serait la nouvelle ruée vers l’or, investissent dans les 15 hectares avec l’idée d’y adapter le concept des Sources de Caudalie.
Après l’acquisition en 2018, deux ans de travaux de rénovation et de construction sont nécessaires pour aménager 47 chambres, le spa avec piscines intérieure et extérieure, et les deux restaurants. Pour aller plus loin encore, ils projettent de redynamiser le vignoble en plantant 5 hectares de Romorantin, cépage autochtone originel de l’endroit et cultivé nulle part ailleurs.
Alice se charge de la décoration, et chine du mobilier pour donner au lieu cette âme qui a fait la renommée de Caudalie. À l’ouverture, en septembre 2020, les tâches se répartissent naturellement : Alice s’occupe du spa, de la communication, et de l’expérience client globale, Jérôme, de la gestion et du développement, de la restauration et des ressources humaines. La collaboration se poursuit également avec Mathilde sur les soins du spa et la vinothérapie, dans une bonne entente familiale, « de manière à continuer de fêter Noël ensemble ! ».
Le Favori, restaurant étoilé de l’établissement, ouvre un an après l’hôtel et de l’auberge. Si la sélection du sommelier fut primordiale pour les ex-œnologues, le chef Frédéric Calmels est choisi pour sa capacité à jongler entre cuisine diététique et gourmande, répondant ainsi aux attentes des différents clients.
Les Sources de Cheverny en quelques chiffres :
- Spa : 7 cabines de soins, 10 thérapeutes, 30 soins proposés à la carte
- Hôtel : 47 chambres
- 15 hectares de terrain
- 90 salariés
- 29 000 bouteilles de vin vendues
- 15 000 nuitées vendues
- 30% de clients habitués (étrangers, parisiens, locaux)
- Chiffre d’Affaires du groupe : 23 millions € (8 M à Cheverny, 15 M à Caudalie)
L’ère post-covid, des temps favorables pour l’industrie hôtelière
Malgré les inquiétudes, le retard pris par les travaux pendant le Covid et un lourd investissement de 25 millions d’euros, l’établissement peut se vanter, deux ans après l’ouverture, de connaître un véritable essor post-crise sanitaire. Les chiffres s’annoncent favorables pour la fin d’été et l’arrière-saison. Jérôme en est convaincu : « notre industrie prend des coups mais elle est résiliente ». Si les difficultés à recruter du personnel demeurent, il reste pourtant optimiste, « c’est en se modernisant que notre métier redeviendra attractif avec un meilleur management interne car les salaires compétitifs, la possibilité d’évolution rapide, et la liberté qu’offre ce secteur sont déjà de bons arguments ».
« C’est en se modernisant que notre métier redeviendra attractif avec un meilleur management interne car les salaires compétitifs, la possibilité d’évolution rapide, et la liberté qu’offre ce secteur sont déjà de bons arguments » – Jérôme Tourbier
À cela s’ajoutent les efforts qu’ont mis en œuvre les acteurs de la filière pour renouveler l’offre française et ainsi redynamiser le tourisme, aussi bien auprès des étrangers que des Français. « On a profité de la fermeture des frontières pour se réconcilier avec la clientèle française ». Aujourd’hui, elle représente d’ailleurs 50% des clients. Jérôme se réjouit aussi de constater que 30% des leurs clients sont déjà venus auparavant.
Les Sources de Cheverny – premier hôtel 5 étoiles du Val de Loire et initiateur d’un véritable mouvement régional – comptent aujourd’hui 90 salariés à l’année. Très proches de leurs équipes, Alice et Jérôme font rayonner cet esprit très personnel qui fait leur identité, partageant leur quotidien entre ici, Paris, et Bordeaux. Les choses continuent de s’accélérer pour le groupe, qui ouvrira bientôt deux nouveaux établissements sous l’enseigne des « Sources », en Bourgogne et en Alsace, toujours implantés dans des vignobles, près de sources d’eau qui alimentent le complexe, marque de fabrique Tourbier devenue un véritable concept hôtelier. L’idée serait de poursuivre le développement… avec le projet d’ouvrir un jour en Provence, et pourquoi pas en Champagne.
Lire aussi...
Un week end en Sologne : Château de La Borde et bonnes adresses
Business : Moma Group fête ses 10 ans, Benjamin Patou répond à The Good Life
Escapades post-covid : 4 beaux hôtels dans l’Orne, à Paris et Cheverny