Culture
En usant de procédés particuliers ou de savantes mises en scène, les photographes interrogent notre identité et nos modes de vie.
Cindy Sherman, et après ?, Vienne. Les images de la série Untitled Film Stills (1977-1980) ont rendu Cindy Sherman célèbre. On la voit tour à tour incarner le rôle de la soubrette, de l’intellectuelle, de la desperate housewife… Elle a d’emblée posé les bases d’un art fondé sur la performance et sur des identités multiples. Cette œuvre garde toute sa pertinence dans un monde où les technologies numériques, la manipulation génétique et le clonage posent la question de l’identité. Elle a inspiré de nombreux artistes. Parmi nos 5 expos photos du moment, l’exposition viennoise associe les images de la star américaine avec celles de Candice Breitz, Sophie Calle, Sarah Lucas, Zanele Muholi, Pipilotti Rist, Lorna Simpson ou Ryan Trecartin. The Cindy Sherman Effect. Identity and Transformation in Contemporary Art, Bank Austria Kunstforum, jusqu’au 21 juin. www.kunstforumwien.at
Un petit air de cinéma
Un photographe dans le siècle, Tours. Le Paris de René-Jacques invite à la flânerie. Ce n’est sans doute pas un hasard si ce photographe de l’entre-deux-guerres a illustré les livres de Léon-Paul Fargue ou de Francis Carco. Du cirque Medrano à la gare de l’Est, des escaliers de Montmartre aux cafés parisiens, des vendeurs de journaux du petit matin aux goudronneurs de rues qui officient la nuit, il y a dans l’œuvre de ce contemporain de Robert Doisneau, de Willy Ronis et de Pierre Jahan un petit air de cinéma de Marcel Carné.
René-Jacques a d’ailleurs été photographe de plateau, en même temps qu’il faisait des reportages industriels, tenait la chronique sociale de la France ou prenait des vues d’architecture. René-Jacques. L’Elégance des formes, Jeu de Paume, château de Tours, jusqu’au 24 mai. www.jeudepaume.org
Expos entre réalité et imaginaire
Jeff Wall, de A à Z, Athènes. Bénéficiant pour la première fois d’une rétrospective en Grèce, Jeff Wall fait partie des artistes contemporains qui ont produit les images les plus iconiques de ces dernières décennies. Faussement réalistes, nées en fait de savantes mises en scène, ses œuvres à la croisée du cinématographique et du « presque documentaire » recomposent un théâtre du quotidien qui nous est à la fois étrange et familier.
Un insomniaque, cherchant le sommeil sous sa table de cuisine, une bagarre dans le jardinet d’une banlieue résidentielle, un pique-nique dans un sous‑bois sont autant de motifs dont les compositions ultrarigoureuses empruntent à l’histoire de la peinture, du cinéma ou de la littérature. L’exposition, qui réunit à la fois des tirages sous verre et des caissons lumineux, couvre près de cinquante ans de carrière. Jeff Wall, George Economou Collection, jusqu’au 30 avril. www.thegeorgeeconomoucollection.com
Le monde des Yanomami, Paris. Sans arcs ni flèches, la fondation Cartier nous plonge dans la forêt amazonienne pour découvrir le peuple des Yanomami au travers de plus de 300 photographies de la Brésilienne Claudia Andujar, réalisées depuis les années 70. En appliquant de la vaseline sur l’objectif de son appareil, en utilisant une pellicule infrarouge ou en jouant avec la lumière, l’artiste crée des distorsions visuelles qui rendent ses images quasi surréelles. L’exposition se présente non seulement comme un voyage, mais aussi comme un véritable plaidoyer, le territoire de ce peuple amérindien étant menacé par la déforestation. Claudia Andujar. La Lutte Yanomami, fondation Cartier, jusqu’au 10 mai. www.fondationcartier.com
Valérie Belin en vitrine, Londres. Les vitrines constituent l’un des grands thèmes de l’histoire de la photographie. Invitée par le musée à présenter une nouvelle série d’images en regard de ses collections, Valérie Belin a choisi de s’inspirer de ce thème et de montrer des photographies inédites de vitrines qu’elle a réalisées, ces dernières années, dans Manhattan ainsi que dans différentes villes de l’Etat de New York. Dans ces images où les reflets sont démultipliés, on retrouve les caractéristiques du travail de cette artiste, une façon bien à elle d’explorer la frontière entre réalité et imaginaire. Valérie Belin. Reflection, Victoria and Albert Museum’s Photography Centre, jusqu’au 31 août. www.vam.ac.uk