Culture
Engagée, éthique, témoin de la mutation urbaine, ou délicieusement pop, la photographie se pose en négatif de notre société. Tour du monde en 5 expos.
• Chorégraphies urbaines, Paris. Lauréat du prix Henri Cartier-Bresson 2017, Guy Tillim présente son dernier projet intitulé Museum of the Revolution. Né en 1962 à Johannesburg, Guy Tillim, est l’une des figures les plus intéressantes de la scène photographique sud-africaine contemporaine. De 2007 à 2018, il a arpenté les rues d’une dizaine de capitales africaines, cherchant, dans la dynamique des villes, l’écho d’une nouvelle énergétique du continent. A travers des images grand format, il rend compte à la fois de nouveaux décors citadins, où fleurissent les tours et les panneaux publicitaires, et de nouvelles populations actives, portées par l’essor économique. De Harare à Accra, en passant par Dakar ou Maputo, ses instantanés révèlent une fascinante chorégraphie urbaine. Guy Tillim. Museum of the Revolution, Fondation Henri Cartier-Bresson, jusqu’au 2 juin. www.henricartierbresson.org
• Ethique et photo, Paris. Pour marquer les 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le musée de l’Homme déroule une riche programmation culturelle de street-art, de performances, d’événements et de photographies. Dans ce cadre, le reporter Sebastião Salgado éclaire les 30 articles de la Déclaration avec 30 photos réalisées au long de sa carrière. A travers les images d’un camp de migrants au Rwanda, d’une école pour filles en Inde ou d’un centre d’accueil pour enfants abandonnés au Brésil, ces photographies humanistes illustrent les grands principes des droits à la vie, à l’asile, au travail, ou encore des droits à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Déclarations, Sebastião Salgado, musée de l’Homme, jusqu’au 30 juin. www.museedelhomme.fr
• Stettner, un noir et blanc velours, San Francisco. Né en 1922 à Brooklyn, et mort le 13 octobre 2016 à Paris, Louis Stettner a fait l’aller‑retour entre la France et les Etats‑Unis, toute sa vie. A Paris, Brassaï et Boubat étaient ses amis, à New York, il était proche de Weegee et de Lisette Model, si bien qu’il s’est nourri simultanément de la douceur de la photo humaniste française et de la dynamique de la street photography américaine. Dans la rétrospective que lui consacre le SF MoMA, on aime tout particulièrement la série Penn Station réalisée en 1958 dans le métro new-yorkais – le petit théâtre des fenêtres des wagons éclairées dans la nuit et l’abandon des corps sur les banquettes en disent long sur le quotidien des voyageurs qui affrontent la solitude urbaine au cœur même de la foule. Louis Stettner : Traveling Light, SF MoMA, jusqu’au 26 mai. www.sfmoma.org
• La fabrique sexiste, Winterthur / Suisse. Née en 1970 à Los Angeles, et issue de la scène conceptuelle californienne, Anne Collier mène une critique féroce de l’imagerie médiatique, décryptant à froid les représentations misogynes de la femme dans les ouvrages des années 60 à 80. Elle questionne les mécanismes à l’oeuvre. Les pochettes de disques vintage lui servent aussi de matériaux : quand les chanteurs yéyé tirent virilement sur leurs cigarettes, les chanteuses ont les yeux nimbés de larmes… Pour la première fois en Europe, le Fotomuseum de Winterthour présente une rétrospective de son travail. Anne Collier, Photographic, Fotomuseum Winterthur, du 23 février au 26 mai. www.fotomuseum.ch
• Hauts en couleur, Séoul. Depuis quarante ans, le duo Pierre et Gilles accroche de nouveaux trophées à son tableau de chasse. Madonna, Isabelle Huppert, Jean Paul Gauthier, Stromae, les stars défilent devant l’objectif en naïade, en Vierge ou en matelot, puis sont idéalisées au pinceau, dans un style flamboyant de pop culture.La rétrospective que leur consacre le KMCA de Séoul opte pour une scénographie qui ajoute du kitsch à l’oeuvre. Les photos sont accrochées sur des parois décorées de cœurs, de splashs de couleur, de rayures façon berlingot, ou encore de papiers peints de contes de fées. Looking at the Pictorial World, Seemingly Old and Voluptuous, KMCA, jusqu’au 26 mai. www.kmcaseoul.org
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