Culture
Engagée ou ludique, réinventée ou intime, la photographie joue sur toute les gammes de la couleur et de l’humeur.
• L’Europe de la photo, Paris. En cette année de Brexit et d’élections européennes, jamais l’Europe n’a eu autant besoin de vision et de perspectives. Dédié à la jeune photographie européenne, le festival Circulation(s) présente une quarantaine d’artistes qui, pour beaucoup, associent photos et conscience citoyenne – réflexion sur l’ère du tout numérique (Philippe Braquenier), projet sur la violence domestique (Camille Gharbi), focus sur la prostitution (Ulla Deventer)… Les thèmes sont engagés, mais le traitement des sujets est novateur, teinté d’humour ou de fiction. Cette jeune photographie, indocile et inventive, qui vient de Berlin, de Crète ou de Bucarest, nous ferait presque croire en l’avenir de l’Europe. Circulation(s), Centquatre-Paris, du 20 avril au 30 juin. www.104.fr
• Trésors de l’histoire de la photo, L’Isle-sur-la-Sorgue. Depuis près de quarante ans, Howard Greenberg dirige l’une des plus importantes galeries de photos à New York. Il passe aussi pour être l’un des plus grands collectionneurs d’images des Etats‑Unis, incarnant à lui seul un pur paradoxe puisque le galeriste est toujours tenté de vendre ce que le collectionneur souhaite conserver. Il présente, à L’Isle-sur-la-Sorgue, 400 clichés rares, issus de ses réserves riches de quelque 30 000 trésors. Signées Edward Steichen, Helen Levitt, Saul Leiter ou encore Bruce Davidson, ces images vibrantes racontent toute l’histoire de la photo du XXe siècle. Archives photographiques de la Howard Greenberg Gallery, New York, Centre d’art Campredon, jusqu’au 9 juin. www.campredoncentredart.com
• Le Deep South de Sally Mann, Houston. La rétrospective de Sally Mann, qui fait en ce moment le tour des musées américains (avant d’investir le Jeu de paume, à Paris, à partir du 18 juin), sidère par la puissance évocatrice des 120 images réunies. Qu’il s’agisse des paysages arcadiens de sa Virginie natale, des portraits élégiaques de ses enfants qu’elle a regardés grandir tout au long des années 80, ou des clichés intimes et bouleversants du corps affaibli de son mari, qui souffre d’une maladie dégénérative, Sally Mann lie les thèmes de l’amour, du désir, de la mort, de la mémoire et de la nature avec une grâce et une gravité qui font d’elle l’une des plus grandes photographes de notre temps. Sally Mann, A Thousand Crossings, Museum of Fine Arts, jusqu’au 27 mai. www.mfah.org
• La nature morte réinventée, Amsterdam. Maurice Scheltens et Liesbeth Abbenes se sont distingués dans le milieu de la mode en produisant des images pour Paco Rabanne, Maison Margiela ou Hermès. Avec leurs compositions colorées, réalisées à partir d’objets ou de matériaux triviaux – sacs plastique, cintres, chaussettes, arrosoirs… –, ils se jouent des dimensions pour aboutir à des images déroutantes. Le Fotografiemuseum Amsterdam présente une grande rétrospective muséales consacrée à ce duo d’artistes expérimentateurs et ludiques qui réinventent l’art de la nature morte. Scheltens & Abbenes – Zeen, Fotografiemuseum Amsterdam, jusqu’au 5 juin. www.foam.org
• Portrait d’une Amérique désenchantée, Luxembourg. « Mon appareil photo est une arme », a coutume de dire LaToya Ruby Frazier. Née à Braddock, une ville industrielle sinistrée de Pennsylvanie, la photographe est connue pour ses images d’une Amérique des laissés‑pour‑compte, incarnée par les membres de sa famille dont elle livre des portraits bouleversants. A partir d’histoires individuelles, l’artiste fait émerger une histoire collective. Depuis les années 2000, elle développe une pratique documentaire à la fois personnelle et engagée, dans la lignée de Walker Evans, de Dorothea Lange ou de Gordon Parks. LaToya Ruby Frazier, Mudam, du 27 avril au 29 septembre. www.mudam.lu
Lire aussi
Archi, design et mode : 5 expos pour commencer l’été, de Milan à Berlin
Art contemporain : 5 expos pour commencer l’été, de Los Angeles à Osaka