Horlogerie
Ils sont forts, séduisants et ténébreux. Au cinéma, ils crèvent l’écran à la seule force de leur regard de braise et de leur présence charismatique. Le vent n’a d’ailleurs aucun effet sur leurs cheveux et la transpiration ne laisse aucune trace sous leurs bras. Ils s’appellent Paul Newman, Hugh Jackman ou encore Lino Ventura, et ils ont tous incarné des héros forts et virils au cinéma, véhiculant une certaine idée de la masculinité et de la réussite. Mais sous leurs torses velus et bombés, il y a aussi un petit cœur qui bat et cet été, The Good Life vous propose de découvrir la face cachée de cinq acteurs emblématiques plus sensibles qu’il n’y paraît.
Avec plus de soixante films à son actif, Paul Newman est l’un des acteurs les plus prolifiques et les plus iconiques de sa génération. Si on date l’apogée de sa carrière aux années soixante, le héros de Luke la main froide reste, encore aujourd’hui, une figure marquante du grand cinéma Hollywoodien. Le monde entier le connaît pour son parcours cinématographique, sa passion pour les courses automobiles ou encore son histoire d’amour de plus de cinquante ans avec l’actrice Joanne Woodward, mais un peu moins pour sa carrière de saucier et sa fondation caritative. Huit nominations aux Oscars, oui, mais de la mayonnaise aussi. Paul Newman philanthrope, portrait.
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De l’Ohio à Hollywood
Paul Newman est né en 1925 dans le Midwest. Son père était gérant d’un magasin de sport et sa mère était femme au foyer. Jusqu’à ses 18 ans, Newman a vécu une enfance tranquille dans une banlieue qui l’était tout autant. La quintessence même de la classe moyenne américaine. De son père, Paul Newman disait qu’il avait “un sens de la morale et de l’éthique incroyable”. Sa conscience de l’engagement lui viendra elle de son service militaire.
Dans Paul Newman : A life, le biographe Shawn Levy raconte comment Newman va être enrôlé dans la marine américaine durant la seconde guerre mondiale et comment cette expérience va profondément marquer le jeune homme tout juste majeur. À son retour du front, le jeune marine décide d’étudier l’art dramatique à l’université de Yale. Son diplôme en poche, il commence alors sa carrière d’acteur à Broadway et emménage très vite à Hollywood pour se lancer dans le cinéma.
La suite, beaucoup la connaissent. La chatte sur un toît brûlant en 1958, Luke à la main froide en 1967, L’Arnaque en 1973 et l’incontournable La Castagne en 1977. Paul Newman a le vent en poupe. Il est connu et reconnu dans le monde entier tant pour ses rôles que ses yeux bleus perçants. En sus d’une carrière sans faute, Newman file le parfait amour avec son actrice de femme, Joanne Woodward, et il se paye même le luxe, à ses heures perdues, de remporter plusieurs courses automobilies mythiques aux USA, comme le championnat SCCA National Championship Runoffs et pas mois de quatre championnats de la série Trans-Am. En d’autres termes, Paul aurait pu finir sa vie en sirotant joyeusement son brandy tout en reluquant inlassablement ses trophées toutes catégories. Mais que nenni.
Un homme au grand coeur
En 1982 Paul Newman, avec l’aide de son ami et voisin l’auteur Aaron Edward Hotchner, lance Newman’s Own, une entreprise… de sauce. Dans leur livre Shameless Exploitation in Pursuit of The Common Good, les deux hommes racontent l’histoire ou plutôt l’anecdote derrière la société. A l’origine de cette boîte de sauce donc, une plaisanterie. Les deux hommes, qui étaient aussi voisins, se sont simplement amusés, un soir, à mélanger des ingrédients dans la cuisine de Newman.
De cette recette pompette naît alors une vinaigrette à l’huile d’olive et une marque de sauce au nom de l’acteur déjà bien connu dans le monde entier. Le succès est immédiat. Si une super star du cinéma hollywoodien qui se lance dans la vinaigrette aurait suffit à rendre l’histoire savoureuse, ce qui va la rendre encore plus belle c’est que l’intégralité des profits de la société va être reversée à des œuvres caritatives. Aide aux vétérans, centre pour les enfants défavorisés, recherche scientifique…
Paul Newman s’avère être un grand philanthrope et quand il aime, visiblement il ne compte plus. Depuis 1982, grâce à ses sauces salades, popcorns micro-ondables et autres limonades, la Newman’s Own aurait ainsi versé près de cinq cent millions de dollars à des œuvres caritatives, selon nos confrères du New York Times.
Et la force des sauces Newman, c’est bien Newman lui-même. Selon, Bruce Bruemmer, le vice-président du marketing de la société, c’est le portrait de la star tout sourire floqué sur chaque emballage qui fait la force des produits Newman’s Own. Le succès de la marque est tel qu’en 2005, la société ajoute une corde à son arc en créant une fondation nommée la Newman’s Own Foundation. Son objectif ? « Perpétuer l’héritage philanthropique de Paul Newman et son engagement à donner aux autres ».
Parce qu’il était comme ça, Paul. Au-delà de la mayonnaise et du star system, il était un fervent défenseur des droits civiques aux Etats-Unis. Grand progressiste, l’acteur s’est fermement opposé à la guerre au Vietnam et a soutenu financièrement de nombreuses organisations pacifiques et groupes anti-guerres. Pour ses engagements caritatifs, Paul Newman recevra d’ailleurs la Médaille présidentielle de la Liberté en 1994, soit l’une des plus hautes distinctions civiles aux Etats-Unis.
Six ans plus tard, il sera même nommé ambassadeur de bonne volonté de l’UNICEF pour son engagement envers les droits des enfants. Paul Newman disparaît le 26 septembre 2008 à Westport dans le Connecticut à l’âge de 83 ans, des suites d’un cancer du poumon. La Newman’s Own et la Newman’s Own Foundation continuent elles, encore aujourd’hui, de faire rayonner les convictions sociales de l’acteur aux Etats-Unis et au-delà. Après avoir été Détenu rebelle, hors-la-loi charismatique ou encore escroc expérimenté, peut-être que le meilleur rôle de Paul Newman aura finalement été celui du type bien.
C.P.
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