The Good Business
Pour faire découvrir le vrai visage de ce vin du Japon aux européens, Takuma Inagawa a créé Wakaze Saké, un jus fabriqué en France à partir d'ingrédients français.
Souvent vu comme un digestif râpeux absorbé après un repas copieux dans un restaurant de sushi éclairé au néon, le saké est consommé, au Japon, comme un vin, floral et minéral. Si sa vraie nature se démocratise, notamment via la tenue de salons spécialisés en France, il reste un breuvage largement incompris sur nos terres. Le remède ? Wakaze Saké, brasserie installée à Fresnes (94) qui fabrique un saké à partir d’ingrédients français.
Saké « mastered in Japan, made in France »
Créée en 2016 au Japon par Takuma Inagawa – il y apprend l’art du saké avec le producteur Shoya Imai -, Wakaze Saké s’installe en Île-de-France en 2019 après une levée de fonds de 1,4 million de dollars. Pourquoi la France ? Pour conquérir le marché européen avec une offre made in France et parce que Takuma Inagawa a fait ses études à l’Ecole Centrale de Paris et rêvait de revenir dans l’hexagone.
Un an après son déménagement, Wakaze Saké représente déjà 30 % du marché du saké en France et exporte sa production dans 10 pays d’Europe. Ses deux campagnes de financement participatif ont été couronnées de succès : en octobre 2019, l’entreprise a vendu 1000 bouteilles en un mois, et cette automne, elle a collecté 45 000 € pour financer ses nouvelles cuvées, soit quatre fois son objectif initial.
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5 questions à Takuma Inagawa, fondateur de Wakaze Saké
The Good Life : Pourquoi « Wakaze », qu’est-ce que cela signifie ?
Takuma Inagawa : Il y a deux significations pour le mot Wakaze. Cela peut vouloir dire « jeune et innovant », selon le sens utilisé par Koichi Moriya, l’un des meilleurs maîtres du saké, décédé l’année dernière. Ce mot signifie également « brise du Japon », notre volonté est donc d’amener en France la tradition et le savoir-faire de l’archipel.
The Good Life : Justement, quelles sont les particularités du marché français du saké ?
Takuma Inagawa : En France, le saké est souvent mal compris, on l’imagine comme un alcool très fort à 40 % servi en digestif dans les restaurants de sushi. Il faut d’abord casser ce cliché. Mais je pense que les Français sont très curieux, en s’appuyant sur notre savoir-faire japonais, ils pourront comprendre qu’il s’agit en fait d’un alcool fermenté qui se boit comme du vin. Il y a un gros potentiel pour le saké en France, où l’on consomme beaucoup de nourriture asiatique.
TGL : Comment est-ce que l’on fait du saké made in France ? Quelles sont les différences avec celui du Japon ?
T.I. : Nous utilisons des ingrédients locaux. Du riz camarguais, de l’eau minérale naturelle, des herbes aromatiques et de la levure de vin française, des fruits français, et notre saké vieillit en fût de bourgogne. C’est vraiment du saké local, imprégné du terroir français, donc minéral et fruité comme du vin.
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« Casser l’image négative du saké en France »
TGL : En quoi cette année particulière a-t-elle impacté votre activité ?
T.I. : A cause de la pandémie, les restaurants ont fermé leurs portes. Nous sommes passés de 5000 bouteilles vendues en février, à 0 au mois de mars. Donc nous avons changé notre business model, passant du B2B au B2C, en devenant une Digital Native Vertical Brand du saké. Aujourd’hui, presque 100 % de notre chiffre d’affaires provient de notre boutique en ligne et nous avons vendu 7000 bouteilles au mois de novembre.
TGL : Cela doit vous inciter à fixer des objectifs ambitieux à Wazake Saké pour 2021…
T.I. : Nous avons estimé pouvoir fabriquer et vendre 150 000 bouteilles en 2021, pour devenir la première marque européenne. Je suis également intéressé par la création d’une association des marques de saké en Europe pour conquérir un marché évalué à 10 milliards de dollars…
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