×
orléans ville de france à redécouvrir
fanny

Urbanisme // The Good City

Orléans : la renaissance discrète d’une ville ligérienne

The Good City

Urbanisme

La préfecture du Loiret tente de se défaire de son image de « tradi endormie ». La municipalité mise sur une offre culturelle riche et capitalise sur sa proximité avec Paris. Une destination émergeante qui gagne à être redécouverte.

Avouons-le, notre arrivée ici laissait présager une certaine fadeur, propre à ces villes de province de seconde ligue un peu compliquées à vendre. Pourtant, une flânerie dans son centre révèle subtilité et élégance. La frontière est mince, certes, mais Orléans sait jouer de nuances. Ce qui frappe également, c’est sa propreté et une impression d’apaisement. En 2001, le maire (ex-LR) Serge Grouard redonne à son centre l’âme qu’il semblait avoir perdue. De grands travaux de réfection et de piétonisation sont entrepris, dans un souci de préservation de son identité : une ville couleur sable, à l’image des sédiments charriés par la Loire, le fleuve qui la traverse. « Avec ce schéma urbanistique ambitieux, Orléans est aujourd’hui très attractive, introduit William Chancerelle, adjoint à la culture. Ici, nous prenons le temps de faire les choses, et quand on creuse son sillon profondément, cela donne du sens. Il n’y a jamais de superficialité dans notre approche. »


Lire aussi : Benidorm : grandeur et décadence du tourisme de masse


Une ville en croissance…

La métropolisation du territoire oblige, les grandes agglomérations attirent davantage que les cités de moindre échelle. Une deuxième explication de la croissance d’Orléans réside dans sa proximité avec la capitale. Depuis la pandémie, les villes satellites de Paris sont les grandes gagnantes de ce début de décennie, attirant ici de nouveaux habitants — 5000 personnes prennent chaque jour le train pour rejoindre Austerlitz — et augmentant au passage les prix de l’immobilier de 10 % ces trois dernières années.

Bienvenue à Orléans, vue des bords de Loire.
Bienvenue à Orléans, vue des bords de Loire. Destination Orléans Val de Loire

« Le Covid a tout changé », confirme William Chancerelle, tout comme l’implantation d’un nouveau Centre Hospitalier Universitaire en 2015. Portée par ses industries traditionnelles, la cosmétique, la pharmaceutique ou la manufacture, la petite capitale du Centre-Val de Loire, forte de 300 000 habitants avec ses environs, semble bien tirer son épingle du jeu et prétend jouer dans la cour des grands. « Entre 2009 et 2015, l’agglomération a pris 50 000 habitants et le nombre d’entreprises créées a doublé, reprend l’adjoint. Orléans se transforme sociologiquement, elle se ‘trentenairise’ avec l’arrivée de jeunes familles qui autrefois choisissaient la région parisienne mais préfèrent aujourd’hui s’installer ici pour la qualité de vie. »

On vante alors la création d’un grand parc des expositions et les boutiques « bobos » – comme à Paris (est-ce encore la mode, d’ailleurs ?) – ; non, vraiment, les atouts qui nous intéressent sont ceux dont on parle finalement le moins, trop évidents sans doute : une cité de haute importance historique, une cathédrale flamboyante et une égérie incontournable nommée Jeanne d’Arc.

Façades en pans de bois, typique de la ville.
Façades en pans de bois, typique de la ville. Destination Orléans Val de Loire

… au patrimoine valorisé

Brièvement capitale du royaume de France, la ville conserve aujourd’hui encore une allure aristocratique. Un charme médiéval fait de colombages, commun à un bon tiers nord de la France, relevé toutefois d’une pierre blanche et de milliers de détails ornementaux. La rue Royale et ses arcades illustrent cette distinction discrète ; les cryptes Saint-Aignan et Saint-Avit, le Campo Santo ou l’Hôtel Groslot participent aussi à cette identité traditionnelle, tout comme la cathédrale Sainte-Croix, impressionnante par sa démesure. Autant d’édifices qui lui ont valu le label de « Ville d’Art et d’Histoire » en 2009.

« Cela nous apporte de la visibilité et une structuration de l’offre touristique avec un contenu scientifique pointu. Nous avons une politique de numérisation qui permet des visites virtuelles d’endroits interdits au public », détaille William Chancerelle. La programmation culturelle s’articule aussi autour de grandes institutions et d’événements récurrents, parmi lesquels le Grand PianO Festival, mais aussi de nombreuses œuvres de street art disséminées dans la ville. « Nous tentons de composer une géographie culturelle la plus spontanée et instinctive possible. Il faut savoir sentir l’air du temps, être assez malin et agile, puisque notre public est hyper volatile et que la culture ne lui est pas forcément innée », note-t-il encore.

Icône omniprésente, porte-étendard intouchable, la Pucelle d’Orléans est célébrée chaque année pendant une dizaine de jours au printemps. Les fameuses Fêtes de Jeanne d’Arc fédèrent la ville entière avec des cortèges, spectacles de sons et lumières, et même un set électro, premier dancefloor gratuit à ciel ouvert de France.

Les fêtes de Jeanne d’Arc.
Les fêtes de Jeanne d’Arc. Destination Orléans Val de Loire

La Loire en atout majeur

L’ingrédient secret de cette destination plus surprenante qu’escompté réside sans doute dans son artère majeure, un fleuve sauvage et majestueux, royal et indomptable, qui draine avec lui tout un imaginaire.

Carrefour commercial d’importance jusqu’au XIXe siècle, les ports orléanais voyaient en leur temps transiter des marchandises en provenance du sud du pays et même d’Amérique. La cité johannique a néanmoins perdu de sa superbe après l’arrivée du chemin de fer, laissant place à la nostalgie. Après avoir longtemps tourné le dos à leur fleuve, les habitants s’y sont ces dernières années réintéressés.

Tous les deux ans, le Festival de Loire, plus grand rassemblement européen de la marine fluviale, attire 500 000 festivaliers, 220 navires et 700 mariniers, faisant revivre pendant cinq jours cet art de vivre ligérien profondément ancré chez les Orléanais. Il aura lieu en 2025.

Les bords de Loire donne à Orléans son esthétique élégante.
Les bords de Loire donne à Orléans son esthétique élégante. Destination Orléans Val de Loire

Une destination bas carbone

Avec 7 millions de visiteurs par an, la ville semble s’être peu à peu ouverte. À seulement une heure de la capitale, elle mise sur son statut de destination de tourisme bas carbone. « Aujourd’hui nous sommes à 1,22 kg de CO2 pour les personnes qui viennent en train, mais il faut encore changer les habitudes, car 75 % des arrivées se font en voiture, même pour les Parisiens », explique Jean-David Hestin, Directeur adjoint de l’office de tourisme d’Orléans-Val-de-Loire. « Un autre enjeu, c’est d’allonger la durée de séjour. Nous sommes actuellement sur une moyenne de deux nuits. Peut-être que dans 15 ans on viendra pour une semaine entière dans la métropole pour un tourisme urbain, culturel, événementiel, voire industriel, à proximité directe de la forêt de Sologne. Notre rôle, c’est de faire en sorte que cela se fasse dans un esprit de tourisme durable : accompagner le vivant, le local et l’économie. »

Une citadelle qui ne demande qu’à être conquise.

Où dormir à Orléans ?

L’Empreinte Hôtel

Placé en bord de Loire, cet hôtel quatre étoiles séduit par ses vues dégagées sur les berges et la nature sauvage du fleuve. Accès possible au spa, comprenant sauna, hammam et jacuzzi. Modelages, soins du corps et du visage, et massages traditionnels sont également proposés, en solo ou en duo.

empreinte-hotel.com/fr/

Où manger à Orléans ?

Restaurant Le Lift

Ce restaurant gastronomique propose une cuisine raffinée orchestrée par le chef Philippe Bardau. Niché dans des jardins suspendus, il offre une vue magnifique sur la Loire. Sa carte met en avant des produits locaux de haute qualité.

restaurant-le-lift.com/

Le Martroi

Institution orléanaise située place du Martroi, face à la célèbre statue de Jeanne d’Arc, cette brasserie élégamment décorée propose une cuisine traditionnelle française. Ambiance conviviale.

lemartroi.fr/

Le Lancelot

Situé à Chilleurs-aux-Bois, à proximité du château de Chamerolles, ce bistrot-gastronomique à l’ambiance chaleureuse est décoré dans un univers médiéval. Pour les beaux jours, une charmante terrasse fleurie permet de profiter de repas en plein air. Cuisine traditionnelle revisitée, composée d’ingrédients frais et de qualité.

restaurantlelancelot.com/

À voir à Orléans

Vinaigrerie Martin Pouret

Jusqu’au XIXe siècle, 300 vinaigriers travaillaient à Orléans ; la ville fournissait alors 80 % des besoins du pays. Il ne reste aujourd’hui plus qu’une seule maison, la vinaigrerie Martin Pouret, qui perpétue la tradition ou plutôt une méthode, l’orléanaise. Possibilité de masterclass et cours de cuisine pour cuisiner à base de vinaigre.

martin-pouret.com/

Café Jeanne d’Arc

L’une des plus anciennes enseignes d’Orléans. Trois magasins, un atelier de torréfaction, une sélection de cafés d’exception et plus de 120 thés du monde entier. Un savoir-faire qui se transmet de père en fils depuis cinq générations. Des ateliers thé sont proposés pour éduquer son palais, pour les particuliers ou les groupes jusqu’à six personnes, avec possibilité de créer son propre thé.

comptoirjeannedarc.fr/

Château de Chamerolles

Situé à Chilleurs-aux-Bois, ce château construit au XVIᵉ siècle sous l’influence de la Renaissance, est connu pour son musée des parfums. Les visiteurs peuvent découvrir l’histoire des fragrances à travers les siècles, avec des jardins à la française qui complètent l’expérience.

chateauchamerolles.fr/

Le Château de Chamerolles.
Le Château de Chamerolles. C. Lezbroz

Site internet de l’Office du tourisme d’Orléans

Voir plus d’articles sur le sujet
Continuer la lecture