Horlogerie
A travers son personnage Roscoe Stenton, un marin scaphandrier, Attilio Micheluzzi embarque ses lecteurs dans une Chine fantasmée. Un mix d'action, érotisme soft, ambiance pittoresque, et dialogues tranchants : bienvenue à Shanghai !
Il joue de son trait tranchant et de ses hachures pour faire vivre les bas-fonds propices à tous les pièges, recouvrant ses planches d’un brouillard menaçant qui tombe sans prévenir sur les personnages. Un parfum à la Hugo Pratt flotte sur cette histoire, qui évoque l’album Corto Maltese en Sibérie (dont l’un des personnages féminins est une révolutionnaire nommée… Shangai Li), bien qu’une partie de l’action de celui-ci se déroule plutôt à Hong Kong. Comme Pratt, Micheluzzi ponctue les scènes d’action d’onomatopées auxquelles il donne une vraie force graphique. On se prend par instants à rêver de la même aventure racontée en noir et blanc, qui prendrait sans doute une tonalité encore plus inquiétante et mystérieuse, même si les aplats de couleur, parfois surprenants, installent un climat singulier.
Architecte de formation parti exercer son art en Libye, l’Italien Attilio Micheluzzi s’est lancé dans la bande dessinée au début des années 70, après son retour en Italie, à la suite du coup d’Etat de Mouammar Kadhafi. Roscoe Stenton et les amateurs de bande dessinée peuvent remercier feu le colonel libyen : grâce à lui, Micheluzzi est devenu l’auteur d’une œuvre foisonnante, récompensée à deux reprises au festival d’Angoulême, publiée chez plusieurs éditeurs français et dans des magazines comme A Suivre ou Charlie Mensuel.
Shanghai, de Attilio Micheluzzi, éd. Mosquito, 52 p., 13€.