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Après une quinzaine d’années de pause, Oasis a entamé cet été une tournée qui scelle leurs retrouvailles tant attendues.
Après une quinzaine d’années de pause, Oasis a entamé cet été une tournée qui scelle leurs retrouvailles tant attendues.
1994 Michel Linssen /

Tentations // Musique

Oasis, entre rivalités et gloire : retour sur une icône de la britpop

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Après une quinzaine d’années de pause due à la brouille des frères Gallagher, le groupe de Manchester a entamé cet été une tournée qui scelle leurs retrouvailles tant attendues. Avec, en prime, une réédition collector de l’album qui les a propulsés au sommet de la britpop.

Le groupe doit un petit quelque chose à la France. En effet, en ce 28 août 2009, c’est à Rock en Seine, festival aux portes de Paris, qu’Oasis se désintègre en coulisses, juste avant de monter sur scène. Cette soirée acte la fin inéluctable d’une relation tumultueuse au sein d’une fratrie à l’origine du plus célèbre groupe rock british des années 1990… qui a fait patienter son monde avant de se rabibocher pour ce qui s’annonce comme la tournée la plus juteuse de l’histoire du rock.


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La saga Oasis

Manchester, 1991. Impressionné en assistant à l’un de ses premiers concerts, Noel Gallagher, 23 ans, rejoint le groupe dont son frère Liam, de cinq ans son cadet, est le chanteur. Oasis est né. Trois années de travail et de concerts plus tard, il sort trois singles époustouflants, suivis de l’album Definitely Maybe, en août 1994. La presse s’enflamme, Oasis s’impose comme le groupe du moment, porté autant par le charisme et l’arrogance de son chanteur que par la nonchalance de certaines de ses prestations.

Manchester, 1991. Impressionné en assistant à l’un de ses premiers concerts, Noel Gallagher, 23 ans, rejoint le groupe dont son frère Liam, de cinq ans son cadet, est le chanteur. Oasis est né.
Manchester, 1991. Impressionné en assistant à l’un de ses premiers concerts, Noel Gallagher, 23 ans, rejoint le groupe dont son frère Liam, de cinq ans son cadet, est le chanteur. Oasis est né. James Boardman / Alamy Stock Photo

Synthèse musicale parfaite des Beatles et des Rolling Stones, Oasis devient un phénomène national, à la tête d’un mouvement musical (avec Blur, Suede, Pulp, Elastica…), qui rallume la flamme du rock british du milieu des années 1990 : la britpop. La folie est telle que les médias accentuent une supposée rivalité entre Blur et Oasis, dont ce dernier finit par sortir vainqueur dans les charts, avec quatre millions d’exemplaires de son deuxième album, (What’s the Story) Morning Glory ?, vendus au Royaume-Uni.

Au sommet de son art durant l’été 1996, avec en particulier un concert mythique donné devant 250 000 fans lors du festival de Knebworth, le groupe devra faire face à un succès qui le dépasse et à des dissensions croissantes au sein de la fratrie Gallagher, d’autant que les derniers albums reçoivent des critiques de plus en plus mitigées.  Au moins le groupe peut-il se vanter de ne jamais avoir dévié de ses valeurs musicales avec le temps.

Synthèse musicale parfaite des Beatles et des Rolling Stones, Oasis devient un phénomène national, à la tête d’un mouvement musical, qui rallume la flamme du rock british du milieu des années 1990 : la britpop.
Synthèse musicale parfaite des Beatles et des Rolling Stones, Oasis devient un phénomène national, à la tête d’un mouvement musical, qui rallume la flamme du rock british du milieu des années 1990 : la britpop. James Boardman / Alamy Stock Photo

Jusqu’à ce fameux soir d’août 2009 et l’annonce par Noel d’une séparation quasi inévitable, qui semble plus libérer le guitariste et compositeur que le chanteur. Chacun aura beau mener une carrière solo, aucun ne retrouvera une gloire à la hauteur du groupe. Tout aussi inévitables semblaient être leurs retrouvailles. Quasiment quinze ans jour pour jour après leur rupture, annonce est faite de concerts en 2025 au Royaume-Uni et en Irlande, puis en Amérique, Asie et Australie. Avec un passage en France, l’an prochain, pour se faire pardonner par son public ?

Oasis, Oasis, oh !

Avec son deuxième album publié seulement quatorze mois après l’explosif Definitely Maybe, Oasis mettait un sérieux coup de turbo à sa carrière et construisait sa légende. Le groupe lâche alors la deuxième division du rock indépendant british pour embrasser un statut d’artiste grand public et une aura internationale. Les chiffres parlent pour lui, puisque (What’s the Story) Morning Glory ? se hisse en tête des ventes dès sa sortie, avec 345 000 exemplaires écoulés en une semaine au Royaume-Uni.

Poche e de l’album (What’s the Story) Morning Glory ?, dont la photo a été prise à 5 heures du matin à Londres, sur Berwick Street, alors populaire pour ses disquaires.
Poche e de l’album (What’s the Story) Morning Glory ?, dont la photo a été prise à 5 heures du matin à Londres, sur Berwick Street, alors populaire pour ses disquaires. DR

Côté écriture, Noel Gallagher y fait montre d’énormes progrès, l’aîné de la fratrie composant des classiques intemporels qui pénètrent rapidement le patrimoine britannique, de ceux, comme Wonderwall, Champagne Supernova ou Don’t Look Back in Anger, qui sont vite repris en chœur tant dans les pubs que dans les stades de foot. Quant à Liam, il se révèle un chanteur charismatique, moins dans le bruit et la fureur, plus dans l’émotion, en particulier quand il s’agit de jouer de son charme sur les tempos les plus lents.

Bien que ses détracteurs continuent de reprocher à Oasis de trop grandes similitudes avec ses modèles, force est de constater que le groupe a bel et bien trouvé sa formule : la digestion et la dissolution de l’esprit provocateur de Sex Pistols dans le grand art mélodique des Beatles et des Rolling Stones, l’espace de douze chansons et autant d’éclairs de génie. Une attitude flamboyante qui ne serait rien sans un fond de composition solide, le tout sans guère se soucier des formes : et si c’était ça, l’essence du rock and roll ?

(What’s the Story) Morning Glory ?, Big Brother Recordings Limited, rééd. 2025, éd. or. 1995.


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