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Posés sur des moquettes de neige, les hôtels des plus belles stations des Alpes font grimper skieurs, milliardaires et fans de wellness du monde entier. Ces refuges perchés sont devenus les Everest du luxe, du service d’exception et du confort cosy. Adresses précieuses à Avoriaz, Flaine, Chamonix et Megève.
Terminal Neige Totem, Flaine. A Flaine, station située à 66 km des hôtels de Chamonix, inscrite au Patrimoine architectural du XXe siècle pour les immeubles imaginés par le maître du Bauhaus Marcel Breuer, la nouvelle compagnie hôtelière tendance Terminal Neige s’est emparée d’un bâtiment des années 60 – revampé par les Sibuet il y a cinq ans – pour lancer sa première vedette. Béton brutaliste dehors, esprit industriel dedans : la couleur explose dans les espaces communs, meublés vintage, tandis que les chambres sont plus sobrement traitées en noir et blanc. Elles ne sont pas immenses mais, à l’image de cette génération d’hôtels pop et fun, le mot d’ordre est de se retrouver dans les parties communes, autour d’un staff décontracté et de buffets généreux. Le ski joyeux.
Nos 3 hôtels à Chamonix
La Folie douce. Un vent de folie s’est mis à souffler sur les Alpes françaises lorsque le turbulent Luc Reversade s’est mis en tête de faire danser les gens après le ski sur les pistes. Quarante ans après sa première Folie douce, à Val d’Isère, et après en avoir essaimé 7 autres (avec son fi ls Artur), le roi du day-clubbing a réalisé un rêve de gosse : s’offrir un hôtel à Chamonix. Naturellement, il ne ressemble à aucun autre et on fait bien plus qu’y dormir. Derrière la façade très comme il faut de l’ancien palace Belle Epoque Le Savoy, on retrouve dans ce paquebot de 250 chambres l’esprit festif des célèbres après-ski « Ibiza des neiges » de la famille Reversade. Design décomplexé, bars chaleureux, chambres confort, shows très chauds : le concept se veut intergénérationnel, entre hôtel familial et bringue. Originalité et liberté pour millennials en quête de coolitude, au pied des pistes du Brévent.
Hameau Albert Ier. Rien ne change ici : la famille Carrier préside aux destinées de ce hameau, deuxième de nos hôtels à Chamonix, depuis 1903. Et pourtant, tout ne cesse d’évoluer. Au creux d’un petit village lové dans un jardin rustique où court un ruisseau, les salons mêlent mobilier savoyard chiné et pièces de design contemporain, et les chambres ont du caractère. Les chalets privés sont douillets, la piscine a vue sur le mont Blanc. Depuis cinq générations, la cuisine puise ses racines en terre alpine, mettant à l’honneur ses trésors jusqu’à décrocher l’étoile. A côté, une autre table, dans une petite salle toute boisée, cultive la tradition culinaire savoyarde et les plats de grand-mère. Derrière une façade de ferme savoyarde, un concentré de bien-être. Membre des Relais & Châteaux. 38, route du Bouchet. Tél. +33 (0)4 50 53 05 09. www.hameaualbert.fr / www.relaischateaux.com
Auberge du Bois Prin. Suite et fin de nos hôtels favoris à Chamonix. Après avoir conquis Megève avec leur Flocons de Sel, Emmanuel et Kristine Renaut se sont offert l’une des adresses mythiques de la vallée de Chamonix-Mont-Blanc. Construite dans les années 70, cette auberge traditionnelle était célèbre pour sa terrasse et sa vue. Les Renaut ont gardé les 10 chambres et suites, qu’ils ont liftées en douceur, préservant meubles régionaux et frisette de pin pour l’ambiance, en les réchauffant de flanelles. Le nid douillet accroché sur le versant ensoleillé de la vallée de Chamonix a retrouvé ses couleurs, le potager pousse, le chef (3 étoiles à Megève) s’attelle à une cuisine régionale simple et inventive : les habitués peuvent revenir.
Megève et Avoriaz
Four Seasons, Megève. La famille Rothschild, fondatrice de la station, a offert à Megève deux 5-étoiles de charme, sous le label de la prestigieuse enseigne canadienne Four Seasons. L’histoire remonte à 1920, alors que ni les sports d’hiver ni le bronzage ne sont encore à la mode. Noémie de Rothschild, philanthrope et mécène, épouse du baron Maurice, est aussi une visionnaire. Persuadée que les Alpes françaises peuvent concurrencer la Suisse, rendez-vous de l’aristocratie européenne, elle jette son dévolu sur le petit village de Megève et achète des centaines d’hectares d’un plateau désertique nommé mont d’Arbois. Son idée : créer une « station d’hiver ». L’hôtel Le Mont d’Arbois, surnommé « palace des neiges », deviendra vite le rendez-vous des grands de ce monde et sera le premier opus de l’histoire d’amour entre la dynastie de banquiers et le village de Haute-Savoie.
Cent ans après, la nouvelle génération à la tête du groupe Edmond de Rothschild Heritage enclenche une nouvelle vitesse. Un premier 5-étoiles voit le jour il y a trois ans, siglé de la prestigieuse enseigne canadienne Four Seasons, grande experte du service, puis, juste à côté, l’historique Chalets du Mont d’Arbois rouvre après une rénovation méticuleuse. Ils sont les deux premiers Four Seasons montagnards en Europe. Avec ses 55 chambres, le Four Seasons Hotel Megève joue l’intimité, mais pas la timidité : dès l’entrée, deux oeuvres monumentales, l’une d’Arik Levy et l’autre de Wang Keping, escortent les hôtes. On parle d’un véritable cabinet de curiosités.
Dans le lobby, le desk de la réception est un impressionnant bloc de verre conçu comme un cube extrait d’un glacier, mis en relief par le délicat travail de gravure de Gilles Chabrier. C’est la collection personnelle d’Ariane de Rothschild qui émaille le décor imaginé par Pierre-Yves Rochon. Le décorateur du George V, entre autres, a ici mis en scène les moelleux beiges et caramels sobres et cossus qui font l’identité des Four Seasons, en y semant des touches de bleu glacier. Aux premières loges du spectacle de la nature, l’atmosphère s’écarte des codes montagnards, entre meubles modernes, spa hors normes gainé de marbre blanc comme un champ de neige et cave à vin logée dans un vertigineux cylindre de verre.
Au retour des pistes (l’hôtel est le premier à offrir un accès direct au domaine du mont d’Arbois), ou d’un safari en héliski, le bar Edmond sert afternoon tea et cocktails dans de profonds canapés de cuir. Le dîner est servi à la table d’Anne-Sophie Pic ou à celle du raffiné restaurant japonais Kaïto : dilemme gastronomique. Cette saison voit le dernier étage complètement revisité par la réunion de 2 suites, dont celle des Aravis, immense, et de 3 chambres. Ceux qui en ont l’ambition et les moyens pourront désormais occuper la totalité des 359 m² de l’étage sous le nom de Suite Mont Blanc. On y retrouve les lambris de noyer qui font l’identité de l’hôtel, associés cette fois à une déclinaison de vert forêt rappelant le paysage. L’une des nouvelles icônes du luxe alpin.
Les Fermes de Marie, Megève. Il y a trente ans, Jocelyne et Jean-Louis Sibuet se prennent à rêver d’un hôtel de montagne qui serait différent, « quelque chose qui ait une âme ». Chinant dans la région de vieilles fermes de bois, ils reconstituent un hameau savoyard qui célébrerait l’art de vivre en montagne. Depuis, leur concept a fait des petits et les Sibuet ont construit un empire, mais Les Fermes restent une institution, exemple d’authenticité et de simplicité, entre trophées de chasse et portraits de famille. Au fil des ans, le lieu s’est étoffé, proposant aujourd’hui 70 chambres, un spa de 1 000 m2, des villas et 4 restaurants, mais il est resté fidèle à lui-même, un petit coin douillet, raffiné et enchanté.
Le Chalet Zannier, Megève. Luxe ne rime pas toujours avec ostentation. La preuve par trois dans ces chalets gainés de bois et discrètement parsemés de touches contemporaines. La famille Zannier, qui a racheté l’ancienne Ferme de mon père de Marc Veyrat, l’a revue de fond en comble pour en faire un petit bijou de simplicité raffinée. Un peu de béton ciré, de la peinture à la chaux, du bois brut, quelques antiquités bien choisies et de vastes baies vitrées ouvertes sur les champs de neige habillent 12 suites dans un premier chalet. Le second se privatise, avec 8 chambres et un majordome. Au milieu : le restaurant gastronomique. Le refuge est intime, l’accueil, amical, mais jamais familier, le service est exclusif et la discrétion, absolue. Prendre un bouquin, s’enfoncer dans un canapé devant une cheminée, laisser couler le temps : less is more. 367, route du Crêt. Tél. +33 (0)4 50 21 01 01. www.zannierhotels.com/lechalet/fr
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MiL8, Avoriaz. Perchée à une altitude de 1 800 m, cette station atypique a accueilli en décembre dernier ce fringant MiL8. L’architecture de l’hôtel joue le mimétisme avec les lignes audacieuses du village, tandis que la décoration intérieure, signée de l’atelier Obermant, s’amuse de la dualité entre rondeurs et angles droits. Chaleureuse avec le bois, le cuir et les tissus laineux ; brute et urbaine avec le béton, le laiton et l’acier Corten (à l’aspect rouillé). Tout comme les chambres, la piscine à débordement ouvre largement sur le panorama. Baigné de lumière dans la journée, tamisé la nuit, ce nouveau lieu de vie et de rendez-vous, avec sa table locavore, est le fruit d’une longue amitié entre deux couples. Il respire au rythme d’Avoriaz, à mi-chemin entre loft et maison d’amis.