The Good Guide
Entre héritage romain et dynamisme contemporain, Nîmes s'affirme comme une destination culinaire de premier plan. Nouveaux talents, adresses confidentielles et expériences gastronomiques audacieuses révèlent une ville en pleine effervescence. Des fresques colorées du street art aux saveurs intenses d'une cuisine de marché, découvrez en 48 heures nos meilleures adresses pour goûter à l'âme gourmande de la "Rome française".
Nouvelles adresses, dont une récemment étoilée, centre historique réaménagé, marché de producteurs exigeants… Nîmes multiplie les ouvertures de restaurants qui réinventent le terroir gardois ou s’aventurent sur des chemins de traverse. Autant de preuves que cette ville au riche passé antique ne se repose pas sur ses lauriers romains.
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Nîmes : romanité, crocodile et street art
Se promener dans les rues de Nîmes, c’est d’abord croiser des crocodiles à chaque coin de rue : sur les poinçons de Philippe Starck qui ornent les pavés de la vieille ville, transformés en fontaine sur la place du Marché et même suspendus dans l’escalier de l’Hôtel de Ville. Emblème de Nîmes, ce reptile symbolise la victoire des vétérans romains qui s’y sont installés après les campagnes militaires en Égypte. Les Romains ont donné à la ville sa première forme, illustrée par les fameuses Arènes et la Maison Carrée, un temple deux fois millénaire inscrit, depuis l’année dernière, au patrimoine mondial de l’Unesco. De nos jours, les étudiants s’y installent entre les colonnades pour y croquer leur sandwich à l’heure du déjeuner.
Nîmes, qui a réaménagé l’Écusson, son centre historique désormais rutilant et ombragé, reste à la pointe du street art. Chaque année, depuis 12 ans, « l’Expo de Ouf » anime les quartiers Gambetta-Richelieu (au nord du centre), avec 180 fresques à admirer. « Cette année, nous avons utilisé moins de bombes de peinture au profit de rouleaux, moins polluants, explique Maïté Tournier, médiatrice socio-culturelle du Spot, l’association à l’initiative de cet événement. Dans le street art, comme dans toutes les sphères artistiques, on s’interroge et on répond aux questions environnementales. »
Bien manger à Nîmes
Georgiana Viou, Rouge ardente
Cheffe itinérante jusqu’alors, après avoir régalé Marseille, sa cité de cœur, Georgiana Viou a posé ses valises au Margaret-Hôtel Chouleur à Nîmes, une ville qu’elle n’attendait pas : « Quand on m’a dit que j’aurais carte blanche, je n’ai pas hésité longtemps« , confie celle qui a décroché sa première étoile un an après son installation dans cet hôtel particulier du XVe siècle, à l’intérieur feutré et doté d’une cour fraîche et paisible.
Dans l’assiette, la cheffe ne s’interdit rien, à commencer par une brioche à l’huile d’olive à tremper dans le dja béninois, une sauce à base de tomate carminée, relevée de crevettes séchées. Le ton est donné : Georgiana Viou impressionne avec des associations percutantes, comme le maquereau maturé, accompagné de fraises lacto-fermentées, un véritable uppercut printanier. Sa cuisine audacieuse évoque les souvenirs de son enfance au Bénin, où elle puise des saveurs fortes et franches qu’elle intègre à sa cuisine méditerranéenne, comme l’huile de palme non raffinée ou son « trou béninois », un sorbet au géranium rosa arrosé d’une eau-de-vie de palme.
Loin du cérémonial guindé des grandes tables, Georgiana reçoit avec simplicité, accueillant et installant elle-même ses convives. « Depuis la cuisine, j’aime observer les réactions des gens lorsqu’ils découvrent leur plat« , explique-t-elle. Quand elle n’est pas derrière les fourneaux, elle se plaît à passer de table en table, heureuse de partager sa passion.
Rouge, 6 Rue Fresque. Site internet.
Bistrot Léone, écrin méridional
Bastien Ferreri et Cynthia Sanchez font partie de l’effervescence culinaire de Nîmes. Depuis un an, ils animent un charmant bistrot à deux pas de la Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Castor. Dès l’entrée, leur cour intérieure, aperçue à travers une voûte de pierre effritée, invite à une halte rafraîchissante en plein cœur de l’Écusson.
Léone a résolument l’assiette tournée vers le sud tout en honorant le terroir régional, à l’image de leur tagliata de taureau des Alpilles, clin d’œil camarguais à la Toscane, régulièrement revisité selon la saison, avec des câprons, de l’huile de feuille de figuier ou de menthe. « Chaque début de semaine, on fait un tour au marché, explique Bastien Ferreri, mais on travaille aussi avec nos propres jardins à Saint-Rémy-de-Provence. » Côté dessert, la cheffe Cynthia, formée à La Chassagnette d’Armand Arnal, fait des merveilles. Et avec une cave de plus de 400 références, principalement en biodynamie, les amateurs de vin sont également gâtés.
Léone, Bistro & Vins, 3 rue de l’Horloge. Site internet.
Textures : café, objet et bistrot
Textures est un lieu hybride, à mi-chemin entre maison de famille et bistrot contemporain, ouvert par Emmanuelle Durieu et son mari François-Xavier en juin 2021. Ici, la cuisine ouverte permet d’observer l’équipe préparer à la fois les tartines du matin et le frichti du midi. Les amateurs de thé seront ravis par une sélection de vingt origines différentes.
Cet été, ils ont ouvert un bistrot à deux pas, inspiré par les bouchons lyonnais, avec au menu quenelles de brochet, vol-au-vent et escargots persillés.
Textures Comptoirs & Objets, 8 rue Racine. Site internet.
Bistrot Textures. 4 rue Racine. Site internet.
La pie qui couette, cuisine de marché de haute volée
Nichée au cœur des Halles de Nîmes depuis 10 ans, La Pie qui Couette célèbre la vie de marché en s’approvisionnant auprès des producteurs locaux. « Nous nous fournissons à 80 % avec les artisans du marché », explique Emmanuel Leblay, ancien chef chez Guy Savoy et Alain Senderens.
Sa cuisine est résolument canaille, mais sérieuse : Emmanuel fait maturer ses viandes, compose ses pâtisseries et mijote ses sauces. Parmi ses spécialités, une brandade revisitée et un tartare de Salers coupé au couteau, rehaussé de truffe d’été. Bib gourmand du Michelin, c’est le seul restaurant de marché en France à obtenir cette distinction.
La Pie qui Couette. Les Halles – 1 rue Guizot.
Et aussi, à Nîmes…
Il serait dommage de passer à côté de la Table du 2 pour une vue imprenable sur les arènes et de Hèita, une adresse familiale mêlant recettes thaïes, latino-américaines et méditerranéennes, avec des assiettes qui débordent de créativité.
La Table du 2. 2 bis Rue de la République. Site internet.
Hèita. 27 Rue de l’Étoile. Site internet.