Horlogerie
Créée en décembre 2018, une jeune marque française et swiss made a déjà fait son trou dans le monde fermé de l’horlogerie de luxe. Sa recette ? Sincérité, originalité, codes architecturaux et une nouvelle façon de lire l’heure. Rencontre avec son fondateur, Gautier Massonneau.
Les passionnés d’horlogerie ont certainement déjà vu ce cadran composé de trois cercles aux indicateurs fixes. Sur une montre de la collection Les Matinaux de Trilobe, c’est le temps qui bouge, pas les aiguilles. Des aiguilles qui ne sont pas vraiment des aiguilles, mais des trilobes, un symbole architectural. Pour comprendre l’histoire de cette étonnante tocante, il faut regarder du côté de son créateur, Gautier Massonneau.
Comme de nombreux créateurs de marques horlogères de sa génération, il n’est pas horloger. Mais après une formation en maths et finance, deux ans au Japon et trois ans à Dubaï dans le financement d’infrastructures, il décide de s’offrir sa première vraie belle montre. Mais pas la même que les autres, une « plus folle », comme il en voit chez F.P. Journe ou MB&F. Hors budget.
Armé de sa passion pour l’architecture qu’il doit à ses parents architectes et décorateurs, il dessine une montre qui lui ressemble : une rosace, des trilobes, des courbes, un nouveau référentiel pour la lecture de l’heure… Les Matinaux sont nés. Ou presque. Il pense pouvoir fabriquer lui-même sa montre via une imprimante 3D mais Gautier Massonneau se rend vite compte qu’un régiment d’experts et d’artisans est nécessaire à la fabrication d’une telle montre…
L’ascension rapide de Trilobe
Il fait donc appel à Jean-François Mojon, celui que Le Point appelle « le magicien de la vallée de Joux » qui accompagne le futur entrepreneur dans la conception, le développement et la fabrication de prototypes de ses montres. Une aventure qui débute en 2014, avec les premiers croquis, jusqu’au lancement de la collection inaugurale (les fameux Matinaux), en décembre 2018. Entre temps, celui qui voulait simplement fabriquer sa propre montre a embauché Volcy Bloch, ancienne de chez Richemont, comme Directrice générale, en charge du marketing.
En moins de deux ans, Trilobe s’est déjà fait un nom dans ce monde très fermé : un premier Baselworld dès 2019 puis une nomination, la même année, au grand prix d’horlogerie de Genève (GPHG) et une apparition au catalogue de la vente caritative Only Watch. Cette année encore, Trilobe participera aux GPHG, dans la même catégorie que IWC, Breitling et Bell & Ross, entre autres. Décidément, tout va très vite pour cette marque qui « prend son temps ».
Ce phénomène a attiré l’attention de The Good Life, qui a rencontré Gautier Massonneau dans le « pied-à-terre » de la marque, au 18, rue Volney, dans le 1er arrondissement de Paris.
5 questions à Gautier Massonneau, fondateur de Trilobe :
The Good Life : Pourquoi avez-vous décidé de concevoir un mouvement maison, le X-Centric ?
Gautier Massonneau : C’est très important pour avoir un produit global qui corresponde à nos attentes sous tous les angles. Un mouvement qui nous ressemble, toujours dans les codes architecturaux. Ici, l’architecture brutaliste : des lignes et le gris du béton. Le mouvement est centré, contrairement au cadran, c’est encore un contrepied ! On travaille avec une manufacture partenaire, aux Hauts-Geneveys, l’une des meilleures en Suisse, qui fabrique des montres pour Jacob & Co.
The Good Life : Comment avez-vous trouvé les fonds pour lancer Trilobe ?
Gautier Massonneau : Nous avons l’ambition de créer une maison d’horlogerie de luxe, et il y a des règles à respecter. Ainsi, nous n’avons pas lancé de campagne de crowdfunding car c’est contraire aux codes du luxe. Il faut être plus classique, plus discret, donc faire appel à des investisseurs privés, et organiser des levées de fonds. C’est un beau défi de convaincre des gens d’investir dans notre affaire, mais ils sont satisfaits. Après une belle année 2019 et un très bon début d’année 2020, notamment le mois de février, l’activité s’est arrêtée net en mars et avril. Heureusement, après le déconfinement, la machine est repartie… Et on a fait nos meilleurs mois !
« On prend le temps de présenter la marque au client, autour d’un whisky ou d’un gin »
TGL : Vous avez également présenté une nouvelle déclinaison des Matinaux, baptisée Secret…
G.M. : C’est notre top des ventes ! Parce que c’est la montre la plus intime qui soit, une pièce unique à chaque fois, qui raconte votre histoire, pas celle d’un mec qui est allé sur la lune… Même si c’est génial aussi ! Le client choisit une date, une heure et un lieu, et on positionne le ciel étoilé de cet instant sur le cadran. C’est plus personnalisé qu’une gravure au fond de la montre ou qu’une armée de bracelets interchangeables…
TGL : Quel est votre modèle de distribution ?
G.M. : En direct depuis notre site web ou ici, dans notre pied-à-terre, où l’on prend le temps de présenter la marque au client, autour d’un whisky ou d’un gin, c’est la meilleure relation client possible. Trilobe est également distribuée à Paris, au Printemps et chez Fréret-Roy, et à Monaco. Nous allons bientôt nous retrouver à Lyon, Hong Kong, mi-octobre, puis aux Etats-Unis, en Allemagne, dans le Golfe… Il n’est pas encore question d’ouvrir une boutique physique Trilobe, pas de précipitation !
TGL : Quelles sont les prochaines étapes du développement de Trilobe ?
G.M. : Nous allons lancer une seconde collection pour les deux ans de la marque à la fin de l’année, toujours avec notre mouvement signature, mais une nouvelle façon de lire l’heure, différente de Les Matinaux. On a tout un plan de collections sur 10 ans, mais il faut construire cette marque pas à pas, aller au bout du produit et ne pas se bruler les ailes. On prend notre temps.
Lire aussi
Réservoir dévoile une montre en édition limitée à l’occasion des 24h du Mans
Best-of été 2020 : les 10 articles montres favoris des goodlifers
Paris : Bucherer offre un écrin de choix à ses montres de seconde main