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La maison horlogère IWC fête ses 150 ans cette année. Longtemps indépendante, puis rachetée par le groupe Richemont en 2000, la marque fabrique des montres techniques parmi les plus réputées de la scène horlogère… sehr chic !
La réussite de nombreuses manufactures horlogères repose bien souvent sur les aiguilles d’une montre star. C’est le cas chez Jaeger-LeCoultre, qui s’appuie sur sa Reverso, chez Bell & Ross, qui capitalise sur la BR01, ou encore chez Audemars Piguet, qui mise sur la Royal Oak. Dangereux… En effet, quand « l’enfant presque unique » éternue, c’est toute l’entreprise qui risque d’attraper un gros rhume. La manufacture IWC (pour International Watch Company), qui fête cette année ses 150 ans, se base sur un schéma beaucoup plus rassurant. La marque dispose en effet d’un bon nombre de garde-temps à succès : Portugaise (Portugieser), Ingenieur, Aviateur (Pilot), Portofino. Cette famille nombreuse permet de supporter les revirements de tendance avec plus de sérénité.
IWV, la qualité suisse pour objectif
Le fondateur, Florentine Ariosto Jones, est Américain. A l’âge de 27 ans, cet entrepreneur à succès est à la tête de l’une des marques de montres les plus importantes des Etats-Unis. Il décide pourtant de franchir l’océan Atlantique pour se rendre en Suisse. Quelles sont ses motivations ? Il souhaite créer une manufacture qui marie les méthodes de travail rationalisées américaines et le savoir-faire des artisans helvètes. Bref, il veut bénéficier de la qualité suisse.
En 1868, la marque s’installe donc à Schaffhouse, au nord de Zurich. Un choix original dans un pays où les montres sont plutôt construites dans la région du Jura ou autour de Genève. Visionnaire, l’industriel a l’idée de regrouper tous les métiers horlogers sous un même toit, à une époque où ils sont encore éparpillés en plusieurs lieux. Ce faisant, il pose les bases de la « manufacture horlogère » moderne.
Cette année, à l’occasion de ses 150 ans, la marque a inauguré un nouveau Manufakturzentrum. Ultramoderne, le bâtiment, aux larges toits blancs, se présente comme un mélange de galerie, d’atelier et de lieu d’exposition d’ingénierie. « Nous ne voulions pas une simple usine fonctionnelle, mais une construction à haute valeur esthétique qui exprime parfaitement l’esprit de notre marque », explique le président, Christoph Grainger- Herr. Architecte de formation, ce dernier s’est investi personnellement dans l’élaboration de l’édifice. Le processus de concentration y est encore accentué, avec la fabrication sur place des composants, des boîtiers et des mouvements.
Ce site high-tech rend hommage aux « montres de techniciens », novatrices et très soigneusement construites que la firme a toujours su développer. IWC est ainsi l’une des premières manufactures à utiliser le titane, métal ultraléger et résistant, en haute horlogerie.
Elle est également précurseur dans l’emploi de la céramique. Les montres de l’enseigne bénéficient aussi d’options originales en matière d’habillage. Ainsi, lors de sa sortie en 1938, la Portugaise présente un imposant boîtier de 43 mm tout à fait inhabituel. A l’époque, un garde-temps tourne autour de 36 mm.
La solide constitution de cette nouveauté s’explique par sa conception inspirée d’un chrono de marine. Cette collection à succès peut être considérée comme l’ancêtre des modèles géants actuels.
La course pour passion
L’attrait de la firme pour l’engineering est très ancien. Aujourd’hui, IWC est présente en course automobile, partenaire officiel en ingénierie de l’écurie de formule 1 Mercedes- AMG Petronas depuis 2013. Mais la maison suisse apprécie tout autant les voitures vintage. Cette année, elle a fondé l’IWC Racing Team, sa propre écurie, qui dispose d’une Mercedes 300 SL.
Comme l’IWC Ingenieur antimagnétique, cette voiture à portes papillon est née en 1955. A son volant, les pilotes David Coulthard, Lewis Hamilton ou encore Jochen Mass participeront à des courses historiques.
Précurseur toujours, IWC a saisi très tôt l’importance de fédérer des ambassadeurs autour de son nom. Au début des années 2010, Zinédine Zidane avait son propre modèle, basé sur une Grande Ingénieur.
Aujourd’hui, la marque entretient toute une équipe de partenaires. Arrivé l’an passé, le président Christoph Grainger-Herr, 40 ans, ne semble pas vouloir remettre en cause cette politique. Pour 2018, IWC a choisi pour visage l’acteur américain Bradley Cooper, l’un des héros de Very Bad Trip…
Dates clés
• 1841 : naissance de Florentine Ariosto Jones, à Boston.
• 1868 : il lance International Watch Corporation (IWC) à Schaffhouse, en Suisse allemande.
• 1936 : première Montre d’Aviateur.
• 1938 : la Portugaise, à l’imposant boîtier de 43 mm, rompt avec les codes de l’époque.
• 1955 : lancement de l’Ingenieur, qui résiste aux champs magnétiques.
• 1976 : apparition de l’Ingenieur SL, revisitée par le designer Gérald Genta.
• 1984 : présentation de la Portofino.
• 2000 : Richemont rachète, pour 1,8 Md €, Les Manufactures Horlogères (LMH) à l’allemand Mannesmann. L’ensemble inclut IWC, Jaeger-LeCoultre et A. Lange & Söhne.
• 2012 : ouverture de la boutique de la rue de la Paix, à Paris.
• 2013 : IWC devient partenaire officiel en ingénierie de l’écurie de formule 1 Mercedes‑AMG Petronas.
• 2018 : IWC inaugure sa nouvelle manufacture. IWC produit près de 140 000 montres (estimation) par an.
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