Horlogerie
Pour les navigateurs d’autrefois, connaître l’heure exacte revêtait une importance capitale lorsqu’il s’agissait d’établir leur position en pleine mer. Aujourd’hui, des montres d’inspiration historique et des chronographes de régate perpétuent cette quête de précision.
De nos jours, embarquer à bord d’un navire et larguer les amarres pour rejoindre une destination à l’autre bout du monde impose juste d’insérer des coordonnées géographiques dans un ordinateur. Avec la certitude d’arriver à bon port, quelle que soit la distance à parcourir. Magie de la technologie…
Mais le GPS n’a pas toujours existé, et naviguer en mer a longtemps constitué un voyage dans l’inconnu. Pourtant, si l’on a cru naguère que les marins de l’Antiquité se contentaient de caboter en plein jour sans jamais s’éloigner des côtes, on a aujourd’hui la preuve que Christophe Colomb ne fut pas le premier à franchir l’Atlantique. Les Vikings, les Phéniciens, voire les Romains auraient basculé de l’autre côté de l’horizon en se fiant à leur bonne étoile ou à leurs dieux.
Sans aucune carte ni le moindre dispositif pour identifier leur position au cœur des océans. Il fallut attendre le IXe siècle pour voir les Chinois inventer l’ancêtre de la boussole. Quant aux Européens, ce n’est qu’en l’an 1200 qu’ils auraient à leur tour commencé à utiliser cet instrument de navigation. Durant des siècles, les capitaines se contentèrent donc de voguer à l’estime, se guidant avec le Soleil (de jour) et le ciel étoilé (de nuit) pour évaluer, tant bien que mal, la direction suivie et la distance parcourue.
De fait, la position des étoiles dans le ciel se modifie selon qu’on se dirige vers le nord ou le sud. Ainsi, l’apparition de certains astres et leur élévation au‑dessus de l’horizon donnent une idée de la latitude, même si l’on ne possède ni connaissances mathématiques particulières, ni outils d’observation compliqués. C’est peut-être cette façon de naviguer quelque peu hasardeuse qui inspira cette pensée au sage chinois Lao-Tseu : « celui qui a inventé le bateau a aussi inventé le naufrage » …
Au siècle des explorateurs
Si les commandants de navire du XVIIIe siècle finirent par déterminer aisément leur latitude, calculer la longitude restait infiniment plus complexe. Pour y parvenir, il aurait été nécessaire de conserver, tout au long d’un voyage, l’heure locale du dernier port dont le méridien était connu. Ce que l’absence d’instruments horlogers suffisamment précis rendait impossible.
Mais en 1759, l’Anglais John Harrison mit enfin au point une montre répondant aux besoins des marins : entre novembre 1761 et janvier 1762, un garde‑temps de son invention accomplit une traversée longue de 81 jours, à bord d’un voilier, en ne présentant à l’arrivée qu’un écart de cinq secondes seulement. Le chronomètre de marine était né.
Grâce à lui, l’ère des explorateurs légendaires – Bougainville, La Pérouse, Cook – put alors commencer. Mais ces derniers ne furent pas les seuls à obtenir la gloire : les horlogers eux-mêmes bénéficièrent d’une notoriété proportionnelle à la précision des montres qu’ils fabriquaient. L’un des maîtres en la matière fut sans conteste Abraham‑Louis Breguet. Bien que né en Suisse, c’est à Paris qu’il créa la maison Breguet, en 1775, et se forgea très vite une réputation d’excellence, grâce à sa maîtrise dans le domaine des montres à complications.
En 1815, son savoir‑faire lui valut, récompense suprême, d’être nommé Horloger de la Marine royale par Louis XVIII. Un titre équivalant à un véritable bâton de maréchal au sein de la profession. En 1905, il était encore question de quête de précision lorsque l’Observatoire naval des États-Unis organisa une compétition destinée aux maisons horlogères.
Pour l’US Navy, l’objectif était d’identifier les meilleurs chronomètres de pont disponibles sur le marché, afin de permettre aux torpilleurs de disposer d’une heure de référence aussi fiable qu’à bord des grands navires. Ce fut la maison suisse Ulysse Nardin qui remporta ce concours et qui devint fournisseur officiel de la marine américaine.
De l’exploration marine aux régates
Quelques décennies plus tard, IWC fut sollicitée par deux négociants portugais qui souhaitaient voir la manufacture suisse créer une montre-bracelet dédiée à leurs compatriotes navigateurs‑explorateurs des siècles précédents Magellan, Vasco de Gama et Cabral. Avec un impératif : qu’elle présente la même fiabilité qu’un véritable chronomètre de marine. Ainsi naquit, en 1939, l’emblématique collection Portugieser.
Il existe de nos jours un domaine nautique dans lequel la plus grande exactitude est toujours requise : celui des régates. C’est pourquoi, certaines marques proposent des chronographes équipés d’une fonction compte à rebours pour réussir le départ, quand d’autres aident à connaître les horaires des marées. Au-delà des partenariats rapprochant maisons horlogères et compétitions océaniques, le lien entre les montres et l’univers marin peut également s’exprimer par le choix des matériaux, des éléments de décoration ou du nom attribué aux modèles.
C’est ainsi qu’on découvre de plus en plus de boîtiers en bronze et que les designers choisissent parfois de graver des vagues sur les cadrans. Et qu’on trouve également des pièces baptisées de façon à ne laisser planer aucun doute quant à leur destination : Rolex Yacht‑Master, Omega Seamaster, Breitling SuperOcean, TAG Heuer Aquaracer, Anonimo Nautilo, LIP Nautic, Grandval Atlantique et bien d’autres encore, le choix étant presque aussi vaste que les océans.
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