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Le grand rendez-vous mode et photographie de l’automne revient jusqu’au 16 octobre pour une 37e édition placée plus que jamais sous le signe de la durabilité. Un président du jury visionnaire, de nouveaux prix et partenaires… Présentation d’un Festival qui sait vivre avec son temps.
Ils sont dix. Dix créateurs et créatrices, issus des quatre coins du monde, qui présenteront depuis ce jeudi 13 octobre leur collection devant une foule hétéroclite mêlant professionnels de la mode, journalistes, influenceurs et anonymes. Tous ont rendez-vous au 37e Festival international de mode, de photographie et d’accessoires de mode, qui prend ses quartiers depuis 1986 au cœur de la Villa Noailles, splendide bâtisse immaculée érigée par Robert-Mallet Stevens sous le soleil de Hyères, dans le Var.
« Le plus ancien concours de mode destiné aux jeunes professionnels dans le monde » est né sous l’impulsion d’un homme : Jean-Pierre Blanc, qui s’est donné pour mission de mettre en lumière la nouvelle garde créative de demain.
En 2022, cette dernière est plus que jamais préoccupée par l’écologie, vaste sujet dans une industrie de la mode qui cherche à faire oublier son terrible impact environnemental. « Durabilité », « régénération », « réutilisation »… Un vocabulaire responsable que l’on retrouve quasiment chez tous les finalistes de cette 37e édition, de la Finlandaise Juha Vehmaanperä à l’Allemand Valentin Lessner, en passant par le Franco-danois Alix Habran Jansen.
« La jeune création ne fait plus de l’éco-conception une option mais un fondement du processus créatif, signe d’un vrai engagement »
Nos coups de cœur au Festival
Sans chauvinisme aucun (ou si peu), la Française Lora Sonney, diplômée de la prestigieuse Haute École d’Art et de Design (HEAD) de Genève, avait, avec sa collection de prêt-à-porter femme, de quoi remporter quelques suffrages. Poétiquement intitulée « Soleil brûlant, sous un orage aquarelle », cette collection de fin d’études mettait en scène cinq silhouettes à mi-chemin entre Haute Couture et utilitaire, revisitant un vestiaire « outdoor chic » et faisant la part belle à de spectaculaires pièces en maille.
Dans un tout autre style, le jeune Allemand Tim Süessbauer faisait pour beaucoup partie des favoris de cette 37e édition, grâce à sa collection « Smalltown boy » qui, entre mini-short en peau et délicates pièces en maille, donnait un coup de frais vivifiant à la garde-robe masculine.
On ne peut, enfin, que se féliciter de la victoire de Jenny Hytönen, lauréate doublement primée du Festival de Hyères 2022. Clôturé par une mariée « cyborg », vêtue d’un voile composé de plus de 25 000 perles de verre et harnachée d’un body en LED équipé d’un capteur cardiaque, son défilé a fait frémir le public, et offert la victoire à la jeune Finlandaise.
Des partenaires et un invité d’honneur engagés
« La jeune création ne fait plus de l’éco-conception une option mais un fondement du processus créatif, signe d’un vrai engagement » confirme Chantal Malingrey, Directrice Marketing de la Confédération européenne du lin et du chanvre (CELC), partenaire officiel du Grand Prix du Jury Première Vision pour la première fois. Son but ? « Permettre le développement de collections éco-responsables » et aider les candidats finalistes « à construire la trajectoire environnementale de leurs créations. »
Même son de cloche chez L’Atelier des Matières et Icicle, autres nouveaux partenaires du Festival de Hyères. Le premier, spécialisé dans la revalorisation de matières et invendus issus des secteurs de la mode et du luxe, récompensera, à travers un prix éponyme doté d’une sélection de tissus et de cuirs d’une valeur de 10 000 euros, l’un des dix finalistes « pour la création d’une silhouette réalisée à partir de matériaux mis à disposition par l’atelier. » Quant à la seconde, marque chinoise de prêt-à-porter qui a fait de l’éco-responsabilité son mantra, elle invitera le lauréat du Grand Prix du Jury Première Vision à concevoir une collection capsule qui fera écho à « ses valeurs en terme de création de mode responsable. »
Il faudra, pour départager ces dix finalistes, tout le talent d’un jury mode d’exception présidé cette année par le designer belge Glenn Martens, chef de file d’une jeune garde créative qui ne manque pas d’audace. Directeur artistique du label Y/Project depuis 2014, et de la griffe italienne Diesel depuis 2020, le créateur n’est pas non plus étranger aux concepts de durabilité et d’éco-responsabilité.
D’Evergreen, la première ligne écologique de Y/Project composée de pièces intemporelles réalisées à partir de matériaux recyclés, à ses collections pour Diesel, où il upcycle à tour de bras jersey et denim, le natif de Bruges maîtrise l’art de la mode circulaire. Lauréat du prestigieux prix de l’ANDAM, qu’il avait remporté en 2017, le voilà désormais passé du côté des jurés, prêt à nommer le créateur de demain, qui sera forcément responsable.
La Finlande rafle la mise
Dimanche 16 octobre, sous l’éclatant soleil varois, la Finlandaise Jenny Hytönen a reçu des mains de Glenn Martens le Grand Prix du jury Première Vision. L’ultime consécration pour cette diplômée de l’Université d’Aalto (Helsinki), déjà décorée, une poignée de minutes plus tôt, du Prix du public de la ville de Hyères. Un double sacre qui vient récompenser une collection de prêt-à-porter unisexe mêlant maille et BDSM. Cinq silhouettes aussi punk que glamour, entre pièces en cuir hérissées de pièces de métal et longues robes translucides rebrodées de perles, réalisées avec le soutien de la manufacture italienne d’étiquettes Emmetex, du salon Première Vision – Paris, et de Maison Michel, membre des Métiers d’art Chanel.
Autre victoire pour la Finlande – largement représentée cette année avec pas moins de quatre finalistes –, celle de Sina Saavala, lauréate du Prix L’Atelier des Matières avec une collection réutilisant des vêtements en parfait état, mais considérés importables car tachés ou décolorés. L’Allemand Valentin Lessner, qui faisait figure de favori avec ses silhouettes de chasseurs alpins modernes réalisées à partir de matières issues de stocks dormants, a remporté quant à lui deux prix : celui de la collection éco-responsable Mercedes-Benz et le 19M des Métiers d’Art.
Côté accessoires, ce fut un sacre 100% Français, tant pour le créateur de sacs Joshua Cannon, lauréat du Grand Prix du jury, que pour le duo Lola Mossino & Indra Eudaric, récipiendaires du Prix Hermès des Accessoires de Mode ainsi que du Prix du public de la ville de Hyères.
3 questions à Jean-Pierre Blanc, fondateur et directeur général du Festival de Hyères
The Good Life : Avec de nouveaux partenaires et prix mettant à l’honneur l’éco-responsabilité, le Festival de Hyères prend un virage de plus en plus durable. Était-ce une volonté pour cette 37e édition ?
Jean-Pierre Blanc : Cette prise de conscience est internationale, j’ai donc choisi, avec les partenaires, de l’amplifier. Les jeunes créateurs de mode ou d’accessoires y sont particulièrement sensibles et attachés, cela fait partie de leur ADN : un Festival à l’écoute et au soutien de la jeune création ne peut l’ignorer !
Ces critères (éco-responsabilité, durabilité…) sont-ils décisifs aujourd’hui lors de la sélection des candidats mode ?
Ces critères sont naturellement intégrés, dès le début aux collections en compétition, il est impossible de ne pas les mettre en avant !
Qu’attendez-vous de cette 37e édition ?
J’espère qu’elle sera aussi joyeuse, créative et professionnelle que l’édition 2021, que les jeunes créateurs en compétition seront heureux de leur participation, et que les professionnels auront plaisir à les rencontrer et à découvrir leurs travaux ! Et enfin, j’espère que le public sera comblé par la programmation.
Propos recueillis par M.K
37e Festival international de mode, de photographies et d’accessoires de mode,
du 13 au 16 octobre à la Villa Noailles,
47 Montée Noailles 83400 Hyères.
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