The Good Business
Mikko Hyppönen figure au rang des principaux experts mondiaux en cybersécurité. Pédagogue et bon orateur, il collabore avec les cyberpolices et infiltre des gangs pour mieux les connaître...
Ses ennemis s’appellent Brain, Omega, Loveletter, Happy99, Conficker ou Stuxnet. Ce sont des virus, des vers, des chevaux de Troie ou des ransomwares (rançongiciels) qu’il traque pour les épingler à son tableau de chasse ! Mikko Hyppönen (@mikko) n’est pas le héros d’une légende scandinave, mais le directeur de la recherche de F-Secure, une société finlandaise de cybersécurité. C’est une figure emblématique de cet univers où s’affrontent – et parfois collaborent – experts en cybersécurité, cybercriminels, agences gouvernementales, officines, polices du monde entier et autres pirates.
Emblématique, car il a été parmi les pionniers de la traque de virus et parce qu’il a contribué à sortir la cybersécurité de son cercle d’initiés. D’interventions dans des colloques sur la cybersécurité en lectures dans les universités, de reportages pour Vanity Fair en interviews pour le Wall Street Journal ou CNN, Mikko Hyppönen ne ménage pas ses efforts pour sensibiliser les entreprises et le grand public aux risques du numérique. En 2015, ce prosélytisme l’a emmené dans 53 villes de par le monde ! Il est très fier de son premier TED-Talk réalisé il y a cinq ans : « C’est la vidéo sur la cybersécurité la plus vue au monde; elle a déjà été visionnée 1,5 million de fois ! »
Outre la sécurité, Mikko Hyppönen, 47 ans, est un fervent défenseur de la confidentialité des données et de la protection de la vie privée.
« Edward Snowden s’est sacrifié pour nous ouvrir les yeux sur les écoutes pratiquées par les gouvernements, affirme-t-il. Nous avons besoin de transparence dans ce domaine, pour que nous, citoyens, puissions décider de ce qui est acceptable et que nous ne laissions pas faire n’importe quoi. » Il souligne que nous sommes tous fautifs dans ce domaine en acceptant les conditions générales d’utilisation des logiciels et des applications sans les lire… F‑Secure a ainsi installé une borne wi-fi à Londres. Il suffisait d’accepter les conditions d’utilisation pour accéder gratuitement à Internet, dans lesquelles un paragraphe disait que « l’utilisateur acceptait de donner son premier enfant à la société F-Secure »…
Contrairement à nombre de ses homologues, Mikko Hyppönen n’a pas changé une seule fois d’entreprise, et vient de fêter ses vingt-cinq ans passés chez F‑Secure. « D’abord, la société n’est plus la même. En 1991, j’étais le sixième employé ; aujourd’hui, nous sommes plus de neuf cents ! Et je ne me suis pas ennuyé un seul jour. De plus, je fais ce que je veux et ce pour quoi je suis bon : traquer les virus, les gangs, les cybercriminels… » Et tenter de rendre le monde numérique un peu plus sûr !