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Le chef étoilé Michel Sarran vient de signer trois sandwichs pour Burger King. Et on se demande quoi en penser...
Tout un symbole. L’enseigne de fast-food Burger King a dévoilé hier une nouvelle campagne de publicité annonçant sa collaboration avec Michel Sarran. Une gamme de trois burgers imaginés par le chef étoilé sera proposée pendant quelques semaines dans les restaurants de l’enseigne américaine. Au menu : des burgers au bœuf ou au poulet, réhaussés de chèvre ou de mozzarella et de deux sauces signatures – une au basilic, l’autre aux olives, thym et tomates séchées. Une collaboration pas si révolutionnaire pour la marque de burgers mais qui lui permet de montrer encore une fois l’étendue de sa créativité côté communication.
Choc des cultures
Dans les spots diffusés depuis hier, Michel Sarran surjoue le chef de grande cuisine, qui vient bousculer les habitudes des salariés de l’enseigne. « Quelles assiettes wesh ? » répond ironiquement une employée quand il demande à mettre « de l’émotion dans les assiettes » alors que chez BK, comme dans les autres chaînes fast-food, on mange son burger directement dans le papier d’emballage. Un choc des cultures assumé qui interroge néanmoins la participation du chef, que l’on connaissait plutôt dans la posture d’un défenseur des terroirs de son sud-ouest natal.
Un terroir qu’on oublie vite quand on découvre les recettes de l’enseigne concurrente de McDonald’s, même quand le chef l’assure : ces burgers sont « très qualitatifs ». Le « Sarran Chèvre » contient, comme son nom l’indique, du fromage de chèvre à l’origine inconnue – décrit uniquement comme « fondant » sur le site de l’enseigne. Les « Sarran Mozzarella » et « Sarran Poulet » sont quant à eux agrémentés d’une « Mozzarella Fior di Latte » – soit le nom savant qui désigne une tranche de mozzarella de vache (probablement terne) – qui a pour seul mérite d’être raccord avec la saisonnalité de la tomate-mozza, rassurante pour le consommateur qui hésiterait à manger un burger alors qu’il fait 30 degrés dehors.
Burger King affiche toutefois certains engagements sur la qualité de ses produits : « 80% de notre bœuf français est issu d’élevages engagés dans une démarche de bien-traitance animale qui comprend une alimentation saine et locale, basée essentiellement sur de l’herbe pâturée ou en fourrage. Nos éleveurs assurent des conditions d’ambiance et de confort adaptées aux animaux » annonce le site internet de l’enseigne, qui rappelle aussi que « en 2021, notre viande de bœuf est 100% européenne ; majoritairement française ou provenant de nos voisins allemands, autrichiens, irlandais ou italiens. » Côté légumes, c’est bio, c’est français, tout comme le poulet, issus d’élevages estampillés « Nature d’Éleveurs » et définis comme « des poulets nés et élevés en France dans une démarche de progrès environnemental et de bien-être animal ». Les masters burgers de Michel Sarran ne doivent pas y échapper, donnons leur au moins le point pour les efforts.
« Ce n’est pas de la gastronomie »
« Ce n’est pas de la gastronomie, mais ça reste très bon », s’est défendu le chef étoilé toulousain Michel Sarran, qui semble avoir anticipé les critiques que ce ménage entre un chef étoilé et un fast-food pourrait susciter. Des critiques qu’il a déjà pu éprouver avec l’ouverture de son restaurant de croque-monsieurs « Croque-Michel », à Dubaï. Le chef, comme toutes les stars du programme de M6, poursuit donc sa diversification populaire, qui avait commencé par la signature des menus de la SNCF, remettant un peu de joie dans la pause dej de notre Paris-Bordeaux. Cette nouvelle opération souligne une nouvelle fois le talent Burger King à manier l’ironie et à faire des « coups ». Dernier en date, le succès de leurs burgers veggies, incarnés à l’écran par Jonathan Cohen – qui font passer McDonalds pour une institution qui a du mal à se renouveler.
Toutefois, Michel Sarran risque de ne pas se faire que des copains chez les défenseurs du bien manger, puisque sa simple présence offre à la multinationale le vernis cool du « bon produit » râbaché par tous les candidats et les chefs de l’émission culinaire de M6, sans jamais avoir à remettre en question le fait d’avoir des tomates dans ses Whopper, même en hiver. « Sarran dubitatif », non ?