The Good Business
Créée en 1947 et résolument indépendante, la maison Michel Herbelin est un cas unique dans l'univers des garde‑temps. Authentiquement française, elle a su résister face à la révolution du quartz japonais et à la précision made in Switzerland.
Herbelin et l’exigence de la perfection
Il faut se rendre dans l’atelier de production pour prendre conscience de ce que signifie l’exigence de la perfection. Neuf postes de travail sont à l’œuvre. Au commencement est l’assemblage des mouvements et des cadrans, préalablement contrôlés séparément. Puis c’est la pose des aiguilles, réglées à minuit pile. Un troisième poste contrôle les aiguilles, qui ne doivent en aucun cas se toucher. Puis c’est l’aiguille centrale des secondes qui est posée. Un cinquième poste correspond au coupage de la tige du remontoir. Ici, tous les employés se connaissent, ont été à l’école ensemble, se sont mariés entre eux parfois. Toutes les générations s’y côtoient, méticuleuses comme il se doit. Plus loin, on assemble la carrure et le fond, la lunette et le cercle, on aspire toute poussière, même microscopique. Ailleurs, c’est la mise à jour de la date et de l’heure, puis le contrôle de l’étanchéité, pression et dépression à 30, 50, 100 ou 1 000 mètres, et on y teste la buée. Les montres sont alors stockées deux jours durant, avant que leur exactitude ne soit vérifiée. Plus loin encore, c’est la pose des bracelets. Puis c’est le service après-vente. « Nous sommes considérés comme l’un des meilleurs services après-vente du monde, avec celui de Rolex », précise Maxime Herbelin. Le délai moyen est, au maximum, d’une semaine pour une réparation et un contrôle affiné.
Deux créateurs, une idée et un fantasme
Il est midi et, ici, on ne plaisante pas avec l’heure du déjeuner. Les 80 employés cessent le travail et nous filons, encadrés des trois « Herbelin », un peu plus haut, sous une tonnelle végétale, le regard pointé vers le massif du Jura, l’œil glissant le long des monts boisés de la Suisse, en contrebas. L’atelier de production est étonnant. Comment se déroule le processus de création ? Mathieu Herbelin est à la manœuvre : « En plusieurs étapes. Nous sommes deux créateurs : moi-même, directeur de la création au sein de l’entreprise, et un collaborateur installé en Suisse. Nous confrontons nos idées avec Pierre-Michel et Maxime, puis, celles-ci validées, nous les transmettons au constructeur maison qui, grâce à sa parfaite connaissance de l’horlogerie, va créer les plans, donner du volume au projet à l’aide d’un logiciel 3D. Ensuite, chaque élément du nouveau modèle est cartographié avant de devenir un prototype, qui sera modifié selon des critères esthétiques et techniques avant validation et production. » Se déroule le déjeuner, technique mais joyeux. « Là, en bas, j’ai vu un lynx la semaine dernière », indique du doigt Pierre-Michel Herbelin. Nous sommes bien dans le Haut-Doubs, parmi les derniers résistants de la haute horlogerie française, qui font face, non sans courage et avec beaucoup de talent, à la mondialisation du temps.
Michel Herbelin et l’univers de la mer
A la fin des années 80, Michel Herbelin lance la Newport, ainsi baptisée en référence à la ville américaine où eurent longtemps lieu des épreuves de l’America’s Cup. Avec son boîtier qui s’inspire des hublots des voiliers hauturiers, elle reste le numéro un des ventes de l’atelier de haute horlogerie. La passion pour le monde de la voile se décline aussi plus concrètement au travers du sponsoring de la régate Porquerolles Classique, qui a lieu tous les ans au mois de juin. Puis au travers d’un voilier Class 40, estampillé Michel Herbelin, qui a pris part à la 9e édition de la Transat Québec – Saint-Malo, en juillet 2016.