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Miami : la Floride, berceau de l’aéronautique

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Elle a vu les débuts de l’aviation commerciale et des voyages dans l’espace. Pilotes et techniciens viennent s’y former par milliers. On s’y entraîne au pilotage de drones, et elle va bientôt accueillir des taxis volants. La Floride est, sans conteste, à la pointe de l’aérospatial, et Miami y est pour beaucoup.

Aujourd’hui, il faut moins d’une demi-heure aux habitants de St. Petersburg pour parcourir les 36 kilomètres qui les séparent de Tampa, en empruntant l’un des deux ponts qui relient ces villes de la côte ouest de la Floride. Beaucoup ignorent que jusqu’en 1914 la traversée de la baie prenait plusieurs heures, que ce soit en train, en bateau ou en voiture.

Tout a changé le 1er janvier 1914, quand la St. Petersburg- Tampa Airboat Line a inauguré un service de vols réguliers en hydravion au-dessus de la baie. La compagnie avait mis un seul billet aux enchères. Il fut adjugé pour 400 dollars de l’époque à l’ancien maire de Tampa. Le vol de vingt-trois minutes fut le premier vol commercial de l’histoire, et a contribué à faire de la Floride le berceau de l’aviation.

L’aéroport de Miami est l’un des plus gros des Etats-Unis pour les passagers, et il se classe premier pour le fret.
L’aéroport de Miami est l’un des plus gros des Etats-Unis pour les passagers, et il se classe premier pour le fret. Nearmap

Le développement de l’aéronautique pendant la première moitié du XXe siècle, les projets de conquête spatiale et les bases de lancement de cap Canaveral ont conforté cette activité. « Certains Etats américains vous promettent la Lune, nous, nous pouvons vous y emmener ! » C’est par cette phrase qu’Enterprise Florida, le service de développement économique de l’Etat, fait aujourd’hui la promotion de son secteur aéronautique et spatial.

Celui-ci emploie près de 100 000 personnes en Floride, dont plus du quart dans le comté de Miami-Dade. « Le secteur est fortement créateur d’emplois, et d’emplois qualifiés qui plus est, car l’aérospatial est un domaine de haute technologie qui recrute beaucoup d’ingénieurs et de techniciens dans de nombreuses disciplines », explique Katie Hogan, chargée des secteurs aviation, aérospatial et défense.

Airbus a ouvert un centre de formation à côté de l’aéroport.
Airbus a ouvert un centre de formation à côté de l’aéroport.

Bonnes perspectives d’emploi

Dans le seul comté de Miami-Dade, les offres dans le domaine ont progressé de 24 % entre 2012 et 2018, passant de 21 450 à 26 500. American Airlines figure parmi les 10 premiers employeurs du « Grand Miami », avec un effectif de 11 000 salariés. De même, plus d’un millier de personnes travaillent pour le constructeur brésilien Embraer, qui a installé son siège social pour l’Amérique du Nord à Miami.

Et les perspectives restent bonnes, car elles sont liées à l’essor du transport aérien et au développement de l’activité satellitaire et spatiale, avec l’arrivée des nouveaux acteurs que sont SpaceX, Blue Origin, OneWeb… qui entraînent dans leur sillage nombre de sous-traitants, de prestataires de services, etc.

Chaque année, quelque 2 500 pilotes et techniciens de maintenance des Amériques viennent s’entraîner chez Airbus sur des simulateurs de vols complets, dont celui de l’A350.
Chaque année, quelque 2 500 pilotes et techniciens de maintenance des Amériques viennent s’entraîner chez Airbus sur des simulateurs de vols complets, dont celui de l’A350. DR

L’aéronautique a joué un rôle important dans la diversification économique de Miami au cours des dernières décennies. L’aéroport compte parmi les plus gros des Etats-Unis pour le transport de passagers, et il se classe premier pour le fret.

A bonne distance des villes à forte densité d’Amérique du Nord, du Canada et d’Amérique latine, mais aussi d’Europe, Miami s’impose comme la plaque tournante du transport de passagers et de marchandises entre les continents.

Équipementiers, avionneurs, sous-traitants et prestataires de services profitent de cette excellente localisation pour s’y implanter et s’y développer. Ils sont motivés par les faibles – voire inexistants – taux d’imposition, par la concentration d’acteurs de la filière et par la disponibilité de personnel formé dans les différents métiers.

L’Embry-Riddle Aeronautical University est entièrement dédiée à l’aéronautique. Elle forme 8 500 étudiants chaque année sur ses campus résidentiels, à Daytona.
L’Embry-Riddle Aeronautical University est entièrement dédiée à l’aéronautique. Elle forme 8 500 étudiants chaque année sur ses campus résidentiels, à Daytona. DR

La Floride est le premier Etat américain pour les opérations dites de MRO (maintenance, réparation et révision). C’est également un lieu stratégique pour la formation des pilotes, des ingénieurs et des techniciens. Boeing et Airbus y ont des centres d’apprentissage importants.

A côté de l’aéroport de Miami, celui de Boeing accueille vingt simulateurs de vol complet et des dispositifs d’entraînement par ordinateur. Airbus a ouvert son propre centre en 1999, de l’autre côté de l’aéroport. Chaque année, quelque 2 500 pilotes et techniciens de maintenance d’Amérique du Nord et du Sud viennent s’y entraîner sur sept simulateurs de vols complets pour A320, A330, A340 et A350, et sept systèmes d’instruction au vol.

Une université dédiée à l’aéronautique

Un autre acteur joue un rôle important dans la réputation de la Floride en matière de formation aéronautique : l’Embry-Riddle Aeronautical University (ERAU). Cette université – privée – est la plus ancienne et la plus grande au monde qui soit entièrement dédiée à tous les métiers de l’aéronautique.

Embry- Riddle fut d’abord une entreprise créée à Cincinnati en 1925 par John Paul Ridder – pilote acrobate et entrepreneur – puis transférée à Miami en 1939, où elle est devenue une école de pilotage. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Embry-Riddle a formé 25 000 pilotes et mécaniciens britanniques et américains.

L’Embry-Riddle Aeronautical University est entièrement dédiée à l’aéronautique. Elle forme 8 500 étudiants chaque année sur ses campus résidentiels, à Daytona.
L’Embry-Riddle Aeronautical University est entièrement dédiée à l’aéronautique. Elle forme 8 500 étudiants chaque année sur ses campus résidentiels, à Daytona. embry-riddle-david-massey

Vingt-cinq ans plus tard, l’entreprise transfère son siège un peu plus au nord de la Floride, à Daytona Beach, et elle obtient le statut d’université en 1970. L’ERAU se dote d’un nouveau campus résidentiel en Arizona et multiplie les implantations.

Les besoins en spécialistes de l’aéronautique étant de plus en plus importants partout dans le monde, l’université crée des Worldwide Campus, des sites équipés de salles de cours qui conjuguent formation sur place et en ligne. Elle en compte à présent 135 aux Etats-Unis, en Europe et en Asie.

« Cela nous permet de former 34 000 étudiants chaque année, dont 8 500 sur nos campus résidentiels, à Daytona et en Arizona, où nous avons notre flotte d’avions pour l’instruction des pilotes », précise John Watret, recteur d’Embry-Riddle Worldwide.

L’Embry-Riddle Aeronautical University possède sa propre flotte d’avions en Arizona.
L’Embry-Riddle Aeronautical University possède sa propre flotte d’avions en Arizona. DR

Les formations mixtes en ligne et sur site permettent un accès aux différents métiers à davantage d’étudiants, « car les besoins sont énormes, pas seulement en pilotes, mais dans toutes les disciplines. Le nombre de passagers augmente, ce qui veut dire qu’il faut plus d’avions et de pilotes, mais aussi plus de techniciens de maintenance, d’administrateurs de compagnie aérienne ou d’aéroport, etc. Par ailleurs, on estime que 40 % du personnel du secteur va partir à la retraite prochainement, cela augmente encore les besoins ! L’aéroport de San Diego, par exemple, va voir 20 % de ses salariés partir à la retraite au cours des cinq années à venir », poursuit John Watret.

Des étudiants du monde entier

Ces bonnes perspectives d’emploi attirent les étudiants du monde entier. L’ERAU a ainsi dénombré pas moins de 141 pays représentés dans les promotions de 2017 ! Aujourd’hui, l’université propose plus de 100 formations diplômantes depuis le niveau équivalent au BTS jusqu’au doctorat, dans des domaines aussi variés que l’aviation, l’administration, l’informatique, le renseignement, la sécurité ou l’ingénierie, avec l’aéronautique pour dénominateur commun.

Les ingénieurs de la start-up allemande Lilium ont conçu des taxis volants électriques à décollage et atterrissage vertical. Miami envisagerait d’utiliser ces véhicules pour le transport de passagers entre les différents aéroports du comté.
Les ingénieurs de la start-up allemande Lilium ont conçu des taxis volants électriques à décollage et atterrissage vertical. Miami envisagerait d’utiliser ces véhicules pour le transport de passagers entre les différents aéroports du comté. DR

Ses programmes, qui se sont enrichis récemment de cours de cybersécurité ou de pilotage opérationnel de drones, ont déjà séduit quelque 1 500 étudiants. L’ERAU se targue d’avoir formé bon nombre de personnalités du monde de l’aérospatial, parmi lesquelles six astronautes.

« Nous sommes une jeune université. Les personnes que nous avons formées au fil du temps sont en train d’arriver à des positions de dirigeants dans les entreprises du secteur. Jeffrey Knittel, le président d’Airbus Americas, en est le parfait exemple », souligne John Watret. La ville de Miami est bien consciente de l’importance du secteur aérospatial pour son économie. Et les responsables de la ville, comme ceux du comté, savent qu’il faut agir et anticiper pour faire durer ces effets bénéfiques.

Retrouvez notre article sur la start-up allemande Lilium.
Retrouvez notre article sur la start-up allemande Lilium. Lilium GMbH

C’est certainement pour cela que Carlos Gimenez, le maire de Miami, a récemment rencontré les ingénieurs de la start-up allemande Lilium. Celle-ci a conçu des taxis volants électriques à décollage et atterrissage vertical capables d’accueillir cinq personnes à leur bord.

Miami envisagerait d’utiliser ces véhicules pour le transport de passagers entre les quatre aéroports du comté. Cela permettrait aux voyageurs d’éviter le trafic qui, hélas, se densifie au fur et à mesure que la ville se développe. Et à Miami d’affirmer sa volonté de rester à la pointe du domaine aérospatial !


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