Courte, mais durable, l’onde de choc créée par Memphis dans le monde du design au début des années 80 a continué de se propager dans les décennies qui ont suivi, notamment en ouvrant la voie aux séries limitées du design de collection contemporain.
Depuis 1995, on assiste à un puissant revival qui met sous les feux des projecteurs aussi bien certains designers historiques du collectif, en particulier Nathalie Du Pasquier, George Sowden et Ettore Sottsass (ce dernier ayant été omniprésent en 2017 par expositions commémoratives interposées), que des talents nouvelle génération ouvertement inspirés par Memphis. Si seules de rares pièces ont connu le succès au cours des quelques années où le collectif était actif en tant que tel, les collectionneurs se sont réveillés.
En 2016, deux étagères Carlton et Casablanca ont été adjugées respectivement à 52 000 et 68 750 livres sterling chez Sotheby’s. En parallèle, la collection historique continue de nos jours d’être éditée, en série non numérotée mais avec certificat d’authenticité, par la société Memphis Milano, qui a racheté le nom en 1987, et ces rééditions sont également distribuées par des sites d’e-commerce comme Made in Design ou Yoox.
Memphis : l’héritage Sottsass
En 2015, Nathalie Du Pasquier – qui avait seulement 24 ans aux débuts de Memphis en 1981 et s’est consacrée à la peinture après la dissolution du collectif – a signé plusieurs imprimés très remarqués pour plusieurs marques de mode (American Apparel) ou de design (Hay, La Chance) et a également enchaîné, en 2017, les expositions à L’Institute of Contemporary Art de Philadelphie ou à la galerie Pace de Londres.
Côté éditeurs, hormis les rééditions-hommage de pièces d’Ettore Sottsass chez Artemide ou Roche Bobois (pour des pièces antérieures à la date de naissance officiellle de Memphis, cependant), Capellini a lancé la collection Landscape Panda. Imaginée par Paola Navone, celle-ci est un clin d’œil aux années Memphis. Une élégante façon de rappeler que la designer a non seulement été une proche collaboratrice d’Alessandro Mendini et d’Ettore Sottsass dans l’aventure Alchimia, mais qu’elle a également été directrice artistique d’Abet Laminati. Kartell a, pour sa part, habilement surfé l’an dernier sur la vague, avec l’installation Kartell Goes Sottsass – a Tribute to Memphis, accompagnant une édition d’inédits de Sottsass (six vases, deux tabourets et une lampe), une prouesse de restitution de formes complexes rendue possible par les progrès des polymères. Pour accentuer la pénétration de l’esthétique néo-Memphis au quotidien, Hay a édité cet automne une théière polychrome de George Sowden pour la collection inaugurale de sa ligne Hay Kitchen Market. Vous reprendrez bien une tasse de Memphis ?