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Paris 2024 : Chaumet et la Tour Eiffel comme médailles olympiques

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À quelques mois des Jeux olympiques de Paris 2024, le design des médailles qui récompenseront les athlètes a été dévoilé. Imaginées par la maison de joaillerie Chaumet, elles associent aux traditionnels métaux que sont l’or, l’argent et le bronze, le fer. Une matière issue de nul autre symbole parisien que la tour Eiffel. Décryptage d’un objet convoité.

Nous connaissons enfin le design des médailles qui viendront récompenser les athlètes vainqueurs des prochains Jeux olympiques et paralympiques. Dévoilées en grandes pompes le 8 février dernier par Tony Estanguet, président du Comité d’organisation des Jeux de Paris 2024, et Antoine Arnaud, directeur image du groupe LVMH, partenaire des JO, elles se targuent d’être bien plus que de simples récompenses.

Le comité d’organisation parisien s’est affranchi des designs du passé en apportant sa french touch et en s’associant à la maison Chaumet pour imaginer cette création qui place en son centre un morceau de la tour la plus célèbre de Paris.

« Plus qu’une médaille, un objet d’art », insistait Tony Estanguet lors de la présentation. Pour mieux comprendre et décrypter ce précieux sésame, nous nous sommes entretenus avec Thierry Reboul, Directeur Exécutif des Cérémonies, Créations et Projets Spéciaux chez Paris 2024, qui nous dit tout de ces médailles.


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Un peu d’histoire

Avant de plonger dans les détails de son design, revenons un instant dans le passé. Car il faut le rappeler, les codes définissant les médailles des Jeux olympiques sont les mêmes depuis des années. Si les premières remontent à 1896, imaginées par le français Jules-Clément Chaplain, il faudra attendre les JO de Saint-Louis en 1904 pour que les trois médailles d’or, d’argent et de bonze, n’apparaissent.

Au fil des ans, des codes se mettent en place. Doivent alors figurer sur la médaille la déesse Niké, symbole de la victoire, sortant du stade Panathénaïque, ainsi que les anneaux olympiques. Le revers se veut, lui, espace de création, une page blanche pour les comités organisateurs leur permettant d’insuffler une identité marquée à l’objet.

Pour ce qui est des médailles paralympiques, il faudra attendre les JO de Rome en 1960 pour les voir apparaître. Sur celles-ci, la lisibilité se fait mot d’ordre, mais côté design la liberté est totale. Depuis l’accueil de ses premiers JO en 1900, Paris se démarque comme désireuse de marquer sa différence. La médaille de 1900 casse en effet les codes avec une forme pour la première fois rectangulaire. En 2024, un siècle exactement après les derniers JO accueillis par la capitale en 1924, l’audace à la française est rappelée à chacun dans un design qui vient une nouvelle fois bousculer la tradition.

Tony Estanguet, Sara Balzer, Marie Patouillet, Arnaud Assoumani.
Tony Estanguet, Sara Balzer, Marie Patouillet, Arnaud Assoumani. Cyril Masson

Un morceau de Paris

« La médaille olympique est un objet immuable. Nous avons voulu respecter ses codes tout en les transcendant. Créer une médaille comme jamais nous n’en avons vues ». Tels sont les mots de Thierry Reboul. Il nous le confie, dès le départ le comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques avait en tête l’idée de créer une médaille portant en elle un symbole fort de la ville de Paris. Après réflexion, c’est l’évidence qui s’impose : la tour Eiffel.

Il est alors décidé de contacter la société d’exploitation du monument avec une question un peu osée comme point d’entrée une interrogation.

Auriez-vous par hasard des morceaux de tour Eiffel à disposition ? »

Étonnamment, la réponse est oui. Les travaux de restauration au fil des ans et l’installation de l’ascenseur ont obligé à quelques coupes dans la structure, dont les pièces retirées ont été soigneusement conservées dans un hangar de la région parisienne tenu secret. Après avoir trouvé la matière, la question de son insertion dans la médaille se fait plus complexe. C’est ici qu’entre en jeu la maison parisienne Chaumet.

Les médailles olympiques et paralympiques.
Les médailles olympiques et paralympiques. Cyril Masson

L’excellence de Chaumet au service des médailles olympiques

Au-delà de la finesse historique du travail des artisans joailliers de Chaumet, c’est le partenariat unissant l’événement sportif à la maison LVMH qui scelle cette union. Une collaboration qui vient elle aussi marquer le non-conformisme des médailles olympiques. En effet, pour la première fois, leur conception se voit confiée à une maison joaillière.

Exécuté par Chaumet, l’exercice fait de l’éclat de fer de la Tour Eiffel la pièce de résistance, prenant une forme hexagonale rappelant la géographie française. Présenté à la manière de l’astre solaire, il est serti et se fait point de convergence de rayonnements faisant jouer la lumière. Si la face A des médailles olympiques et paralympiques est identique, en les retournant nous trouvons deux designs distincts, chacun d’entre eux paré de symboles venant encore un peu plus appuyer le caractère français de l’objet. Sur la face B, donc, les symboles obligatoires sont bien présents : la déesse Niké émergeant du stade Panathénaïque au-dessus duquel se présente d’un côté l’Acropole, de l’autre la tour Eiffel. Si la justesse géographique de ce paysage n’est pas au-rendez-vous, la symbolique est elle bien présente, inscrivant Paris dans l’histoire de l’événement sportif.

La médaille paralympique laisse quant à elle toute liberté à la maison Chaumet qui propose un design original : une vue en contre-plongée de la tour Eiffel, nous plaçant en dessous du monument. Les symboles se multiplient ici aussi avec l’ajout de Paris et 2024 en braille, faisant référence au créateur de ce langage universel, le français Louis Braille. Enfin, sur sa tranche, un, deux ou trois traits gravés permettent aux athlètes de distinguer par le toucher de quel métal est fait la médaille. Si le design original et audacieux est imaginé par Chaumet en collaboration avec les équipes de Paris 2024, les médailles sont fondues sur la rive gauche de la Seine, à l’Hôtel de la Monnaie de Paris. Le ruban, reprenant lui aussi la géométrie du monument parisien, est quant à lui confectionné à Saint-Étienne pour un objet 100% made in France.

La face B.
La face B. Thomas Deschamps

Valeur monétaire, valeur sentimentale

Nos questions sur la valeur monétaire de ces objets ne trouveront pas de réponse, l’accent étant mis sur la valeur donnée à la médaille par la performance sportive. Mais voici une piste pour satisfaire notre curiosité. D’après le cours actuel de l’or, la médaille récompensant la première place se situerait aux alentours des 700€ — le règlement ne réclame en effet que 6 grammes d’or par médaille, le reste de son poids étant fait d’argent.

Cependant il reste très difficile de mettre un prix sur un morceau de tour Eiffel, le cours actuel du fer ne faisant pas vraiment sens dans ce contexte. Une évaluation impossible qui nous obligera à nous contenter du bonheur des athlètes récompensés, nous rappelant la valeur sentimentale inestimable d’une telle médaille, à la sauce française bien sûr.


Site internet de Paris 2024

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