The Good Business
Entre les boutiques vintage à la pointe, coffee shop cosy, les bars qui ont fait l’histoire de la ville et les commerces traditionnels qui résistent, le Barrio de Maravillas est un microcosme qui bouge à son propre rythme. The Good Life s'est plongé dans ses rues.
« Beaucoup de choses disparaissent ici et parallèlement des nouvelles idées se lèvent ». Adrián, jeune historien, se propose de divulguer la culture de Madrid par la voix du projet de communication social Microplanes Madrid et nous donne son avis sur le Barrio de Maravillas. Aussi connu comme le district Universidad, il abrite entre autre deux quartiers voisins. A deux pas de la Gran Vía, le « Broadway de Madrid », épiceries locales et bars, qui ont fait l’histoire du quartier de Malasaña, cohabitent joyeusement avec les barbiers « hipstérisés » et les bistrots healthy qui ouvrent ici sans répit. Un peu plus loin, la quartier de Conde Duque continue à défendre sa tradition culturelle en misant sur les institutions telles que le Musée ABC ou le Cuartel de Conde Duque. Un week-end suffira-t-il pour se sentir comme un local ? The Good Life a testé pour vous.
Malasaña, la tradition se fait hype
“Quien compra en la calle del Pez, bien sabe lo que pesca” (celui qui fait ses courses dans la rue du poisson, sait bien ce qu’il pêche). Ce proverbe espagnol résume à la perfection l’atmosphère que l’on retrouve dans cette rue vivante, symbole incontournable de Malasaña. Certains comparent ce quartier au Bairro Alto de Lisbonne, quand d’autres se hasardent à lui trouver des similitudes avec Kreuzberg à Berlin. Sauf qu’ici, la tradition des drogueries, épiceries et cafés de l’après-guerre persiste fièrement. A deux pas de l’église de San Antonio de los Alemanes – selon Adrián « cette « Chapelle Sixtine » à la sauce madrilène est souvent une surprise même pour les locaux ! » – le café El Palentino en est un fidèle exemple. Il suffit de s’aventurer à l’intérieur de cet espace intemporel pour glaner aux clients les plus âgés les secrets de préparation d’une bonne tortilla, ou tout apprendre sur les émissions télé de la semaine. En même temps, à la table d’à coté, des jeunes bobos seront probablement en train de commenter leur dernier repas à base de tomates vertes frites dégusté au Gumbo, un (délicieux) restaurant créole plus loin dans la rue.
« La Movida, c’est à Madrid«
En 1980, même Pedro Almodóvar défendait ce point de vue lorsqu’il tournait « Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier » au Pentagrama, calle Palma. Agé de 40 ans, « él Penta » pour les amis est le bar le plus représentatif de la Movida Madrileña, ce mouvement culturel des années 80 qui prend vie à Madrid suite à la mort de Franco en 1975 avant de se propager comme une vague à Barcelone, Bilbao et Vigo constituée d’idées hédonistiques, drogues légères, musique British New Wave et punk. Adrián est d’accord avec le réalisateur de la Mancha : « Encore aujourd’hui, chaque nuit avant la fermeture, on continue à y jouer « La Chica de Ayer » trace emblématique du groupe culte Nacho Pop. La réputation du lieu depuis les années 90 contribue à faire de ce quartier novateur une référence pour y repérer toute nouveauté indie ». Aucune surprise donc si aujourd’hui Malasaña reste the place to be pour dénicher à la fois nouvelles tendances et inspirations vintage et rétro de toute sorte.
Conde Duque, él corazon de la cultura
La caserne Conde Duque est un autre établissement qui résume bien l’esprit du Barrio de Maravillas. Elle abandonna sa réputation militaire en 1969 pour se convertir en un centre culturel, tout en gardant son imposante architecture baroque, signée par l’architecte Pedro de Ribera. Aujourd’hui prisé par les Madrilènes notamment pendant l’été pour ses projections en plein air, ce lieu propose une sélection d’expos alternatives dans son aile sud. Il y a une bibliothèque pour les étudiants et on y organise des initiatives pour se distraire. A l’affiche en ce moment (jusqu’au 3 décembre), une good exhibition sur l’histoire de l’aviation espagnole à l’occasion des 90 ans d’Iberia, la compagnie aérienne nationale et le Festival International de Jazz (jusqu’au 30 novembre). On y accède souvent après avoir traversé la très populaire plazuela de las Comendadoras. Dans son square, enfants et grands-parents discutent avec quelques habitants du quartier qui se baladent avec leur chien ; parfois ils profitent des terrasses aux enseignes rétro pour un café en plein soleil. Depuis cette petite place, on aperçoit aussi la cheminée de l’ancienne usine de bières Mahou reconvertie depuis 2010 en musée. Le Musée ABC ne décevra pas les passionnés de dessin et d’illustrations.
Une expo inattendue qui se cache derrière la cour ensoleillée du Cuartel de Conde Duque, quelques blousons vintage à dénicher dans une friperie dans la calle del Pez ou tout simplement prendre un verre dans un café historique en compagnie d’un madrilène… Une balade dans le Barrio de Maravillas réserve plein de surprises qui méritent bien d’être (re)découvertes. ¡Ay, vamos!