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Pour affronter les journées pluvieuses, les livres de Jack London, Jo Nesbø ou encore Sylvain Tesson restent des incontournables, 2025 - TGL
Pour affronter les journées pluvieuses, les livres de Jack London, Jo Nesbø ou encore Sylvain Tesson restent des incontournables, 2025 - TGL
Marine Mimouni

The Good Culture // Books

9 livres à lire au coin du feu cet hiver

Books

The Good Culture

Pour affronter les journées pluvieuses, les livres de Jack London, Jo Nesbø ou encore Sylvain Tesson restent des incontournables. La preuve avec cette sélection.

Cet hiver, des auteurs nous entraînent, avec précision et efficacité, de classes de neige en retraites au cœur de la forêt, d’énigmes en expéditions en perdition, où le froid hostile, implacable, règne en maître sur toute chose. Une sélection de 9 livres à lire sans plus tarder.


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1 – Glaçant

Premiers flocons sur Oslo et Bergen. Et avec eux, une série de meurtres atroces de mères de famille signés par un énigmatique bonhomme de neige. L’affaire est confiée à Harry Hole, plus sobre que jamais, mais toujours aussi givré. Avec sa nouvelle adjointe et son équipe de bras cassés, il se lance à la poursuite du passé et d’un psychopathe prenant plaisir à le narguer.

Imagé, frais et efficace, le style de Jo Nesbø se joue de la poudreuse pour cacher ou dévoiler les indices. Flash‑back, suspicions et fausses pistes, l’intrigue slalome entre rebondissements et cas de conscience. Et puis, lorsque l’irrationnel semble avoir partie gagnée apparaissent le fameux syndrome de Fahr et le non moins étonnant phoque de Berghaus. Un page turner au suspens bien fondant.

Le Bonhomme de neige, Jo Nesbø, Folio Policier, 592 p., 9,90 €.

« Le Bonhomme de neige » de Jo Nesbø.
« Le Bonhomme de neige » de Jo Nesbø. DR

2 – Captivant

Au milieu du XIXe  siècle, le commandant Langlois débarque dans un village terrorisé du Dauphiné. Depuis plusieurs années, des meurtres sont commis et le coupable est toujours en fuite. Pour résoudre ce crime, l’officier va s’attacher à rentrer dans la tête de l’assassin afin d’en explorer les motivations intimes.

Grand classique de la littérature obligatoire au lycée, Un roi sans divertissement se re(lit) avec curiosité. Car au‑delà du thème pascalien de l’ennui existentiel, de la fascination pour le mal et de la solitude apparaît aussi la puissance narrative du romancier. Multiplicité des points de vue, ton quelquefois décalé et portraits hauts en couleur, Giono utilise les artifices du roman policier pour sonder l’âme des hommes.

Accélération du récit, mise en abyme, précision des mots… la narration touche au sublime. Aussi captivant que « du sang sur la neige, très propre, (…) très beau », un grand drame en trois actes.

Un roi sans divertissement, Jean Giono, Folio, 156 p., 8,30 €.

« Un roi sans divertissement » de Jean Gion, l’un des livres captivants de cette saison.
« Un roi sans divertissement » de Jean Gion, l’un des livres captivants de cette saison. DR

3 – Méditatif

Janvier 2010, Sylvain Tesson décide de vivre six mois dans une isba de 9 m2 , près du lac Baïkal. Il emporte un stock conséquent de livres, de cigares et de vodka avec l’envie d’en découdre avec sa solitude. Plus que le journal d’un ermite, c’est le récit d’une quête vers la beauté et contre le temps moderne.

Passer une journée à sa fenêtre, fendre du bois, dépecer des poissons, marcher dans la neige ou ramer à contre‑courant deviennent, sous sa plume, d’intenses pensées ou aphorismes. Nourri par une solide culture philosophique et bercé par la mélancolie russe, il raconte les bruissements du lac, le cycle des saisons et d’improbables rencontres avec d’autres exilés volontaires.

Malgré le renfort inattendu de deux chiots et l’avidité de dévorer un nouvel espace géographique, l’expérience est aussi rude que passionnante. Et avec son auteur, on se prend à espérer qu’« il est bon de savoir que dans une forêt du monde, là-bas, il est une cabane où quelque chose est possible, situé pas trop loin du bonheur de vivre ».

Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson, Folio, 304 p., 8,90 €.

« Dans les forêts de Sibérie » de Sylvain Tesson.
« Dans les forêts de Sibérie » de Sylvain Tesson. DR

4 – Prophétique

Yukon, ruée vers l’or. De mémoire d’homme, il a rarement fait aussi froid. – 60 °C, – 70 °C ? Qui sait ? Pourtant, un homme décide de braver les règles du Grand Nord et, accompagné de son chien, part rejoindre des compagnons à quelques kilomètres. Instantané de l’œuvre de Jack London, Construire un feu est un texte inoubliable.

À travers cette lutte désespérée se retrouvent le sens du récit et la capacité incroyable à mettre en mots une expérience sensorielle : le sang se fige, l’attention se trouble, le gel remonte le long des bras et des pages. La succession de petites erreurs face à une nature implacable a des allures prophétiques.

Pourquoi autant d’orgueil et d’arrogance face aux éléments ? Avec un regard distancié, le Frisco Kid reste sans illusion sur la condition humaine : « Il n’avait personne à qui parler. Et s’il y avait eu quelqu’un. Il ne lui aurait rien dit. » Une réflexion poignante et prémonitoire.

Construire un feu, Jack London, Libretto, 176 p., 10 €.

« Construire un feu » de Jack London.
« Construire un feu » de Jack London. DR

5 – Magistral

Vassili Andréitch est sûr de son affaire. Quelques arpents de forêts à vil prix pour arrondir son joli patrimoine. Mais il faut partir dans l’heure, au risque de voir l’aubaine lui passer sous le nez. Sauf qu’il neige : « l’on ne discernait pas la ligne de jonction entre la terre et le ciel ». Qu’à cela ne tienne.

Flanqué de son valet, Nikita, il s’en va, en traîneau, braver l’hiver. Avec sa dose de samovar, d’ivrognerie et d’animal sauvage, Maître et serviteur est une bourrasque russe. Courte, mais d’une rare intensité. Avec maestria, Tolstoï s’interroge sur la fatalité. La valeur de la vie. Et sur l’ordre dit « naturel » des choses.

Qui est le plus apte à décider dans cette épouvantable tempête ? Celui qui est habitué à diriger ou celui qui ne fait qu’obéir ? Pourtant, lorsque l’on tourne encore et toujour en rond, que la mort rode et s’imprime dans les corps transis, il reste pour se réchauffer une étincelle de fraternité. Une fable contemporaine essentielle dans notre humanité glacée.

Maître et serviteur. Nouvelles et récits, Léon Tolstoï, Flammarion, 472 p., 8,30 €.

« Maître et serviteur. Nouvelles et récits » de Léon Tolstoï, l’un des livres incontournables à lire cette saison.
« Maître et serviteur. Nouvelles et récits » de Léon Tolstoï, l’un des livres incontournables à lire cette saison. DR

6 – Crépusculaire

À la lisière du 70e  parallèle, à Norilsk en Sibérie, ville la plus polluée du monde, l’hiver dure huit mois. Autrefois goulag, désormais cité‑usine débordée par sa mine de nickel… ici l’existence s’accroche à des rêves d’ailleurs et des vapeurs d’alcool frelaté. Alors, qui pour s’intéresser au cadavre d’un éleveur de rennes retrouvé pendant une tempête arctique ?

Encore un fait… d’hiver. Corruption à tous les étages, ultranationalisme, enjeux écologiques ou droits des minorités, Caryl Férey démontre, une nouvelle fois, son talent d’écrivain de polar voyageur. Lëd (« glace », en russe) tient à la fois du conte crépusculaire et du manifeste engagé.

S’appuyant sur un remarquable travail d’investigation et un long séjour sur place, il trace des pistes tortueuses dans un climat postapocalyptique. Écriture sèche, suspens, atmosphère tendue et multiplicité des narrateurs sont au service d’une belle galerie de personnages. Car, heureusement, mineurs, photographe, costumière, barman ou policier redonnent vie, humanité et illusion à ce décor gelé bien réel.

Lëd, Caryl Férey, Pocket Thriller, 544 p., 9,50 €.

« Lëd » de Caryl Férey, l’un des livres de poche à lire au coin du feu.
« Lëd » de Caryl Férey, l’un des livres de poche à lire au coin du feu. DR

7 – Odyséen

Août 1914, Ernest Shackleton embarque sur l’Endurance depuis Plymouth, direction l’Antarctique. Accompagné de 27 hommes (et d’un passager clandestin), son objectif est de traverser à pied le continent glacé. Sauf qu’à l’hiver 1915 son trois‑mâts se retrouve prisonnier de la banquise, puis sombre à des milliers de kilomètres de la première terre habitée.

À l’aide de cartes, de journaux de bord et de témoignages, Alfred Lansing retrace avec précision l’une des entreprises humaines les plus incroyables du XXe  siècle. Chasse aux phoques, peur des icebergs, réparations de fortune ou sacrifices des chiens, le récit est digne des plus grands romans d’aventure.

« L’heureux » dénouement a beau être connu, difficile de ne pas être estomaqué face à cette étendue de courage et d’abnégation. Car, dans un environnement hostile, la moindre décision devient vitale et l’unité du groupe demeure primordiale. Dix‑huit mois à errer, dériver, flotter, survivre. Et surtout ne pas lâcher prise. Une formidable leçon d’espoir et d’humanité.

Endurance. L’incroyable voyage de Shackleton, Alfred Lansing, Points Aventure, 480 p., 9,90 €.

« Endurance. L’incroyable voyage de Shackleton » de Alfred Lansing.
« Endurance. L’incroyable voyage de Shackleton » de Alfred Lansing. DR

8 – Angoissant

Par précaution, Nicolas n’a pas pris l’autocar avec ses camarades de CM1. Afin d’éviter un hypothétique accident, son père l’a déposé au pied du chalet. Mais au moment de partir, le sac de voyage est resté dans l’automobile. Un début de roman presque banal en somme. Avec, en filigrane, une peur maladive.

Celle de se faire tancer par ses copains. De s’essayer au ski. De faire pipi au lit. Dans un style efficace et précis, Emmanuel Carrère décrit avec sincérité la psychologie d’un gamin prompt à (se) raconter des histoires. Pour se rassurer. Ou trouver de la reconnaissance auprès de ses copains de dortoir. Et quand survient un drame imprévu, l’angoisse devient réelle et contagieuse pour le lecteur.

Rumeurs, mythes et imaginaires puérils rejoignent avec brutalité le monde des adultes et des non‑dits. Seules la musique et la compassion de Patrick, le moniteur, sont des bulles apaisantes au pays de l’effroi. Une exploration poignante de l’imaginaire et des traumas de l’enfance.

La Classe de neige, Emmanuel Carrère, Folio, 160 p., 7,80 €.

« La Classe de neige » de Emmanuel Carrère, l’un des livres angoissants à lire cet hiver.
« La Classe de neige » de Emmanuel Carrère, l’un des livres angoissants à lire cet hiver. DR

9 – Humaniste

Opposant à Atatürk, incarcéré plus de douze années, Nâzim Hikmet est une figure essentielle de la poésie turque. Amoureux des femmes, passionné des mots, il dévoile dans ce recueil chronologique un imaginaire foisonnant. Au gré des exils, de Moscou à Paris, en passant par Vienne ou Varsovie, sa plume se trempe dans l’épique, le narratif ou le lyrisme.

L’univers est riche, les instants sont saisis au vol et la fantaisie s’évade au‑delà des murs des prisons. Très accessibles, ses vers « libres » célèbrent les mille nuances de l’amour et son combat pour la dignité. Il magnifie le langage imagé et populaire en rendant l’intime universel. Profondément humaniste, Hikmet émeut par la constance de son engagement face à l’épreuve du monde.

Il neige dans la nuit et autres poèmes, Nâzim Hikmet, Poésies Gallimard, 432 p., 13,20 €.

« Il neige dans la nuit et autres poèmes » de Nâzim Hikmet, l’un des livres à lire au coin du feu.
« Il neige dans la nuit et autres poèmes » de Nâzim Hikmet, l’un des livres à lire au coin du feu. DR

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