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Après avoir fait voler le jet régional ARJ21, la Commercial Aircraft Corporation of China (Comac) va faire décoller le C919, qui se positionne comme un concurrent de l’Airbus A320neo et du Boeing 737 MAX. Rien que ça ! D’ici à 2030, Shanghai ambitionne de devenir le troisième grand de l’aéronautique mondiale.
La voie la plus risquée
Avec ce deuxième avion, la Chine poursuit donc à grands frais – le coût de développement du C919 dépasse 7 milliards d’euros – un apprentissage qui pourra peut-être lui permettre de rivaliser avec Boeing ou Airbus, mais dans quinze ou vingt ans. Entre-temps, le marché chinois, estimé à 6 300 avions d’ici à 2036, restera majoritairement aux mains des constructeurs occidentaux. La Comac a choisi la voie la plus risquée en sautant l’étape de fournisseur de composants et de pièces pour Airbus et Boeing. Étape qui a permis au Japon de maîtriser les technologies de l’aéronautique : à l’inverse des avions chinois, le superbe jet régional Mitsubishi MRJ (qui entrera en service en 2018) a été commandé aux Etats-Unis et en Europe.
Pour réussir son pari, outre la qualité intrinsèque de ses futurs appareils, la Comac devra faire d’énormes gains de productivité et installer des centres de maintenance dans les principaux hubs mondiaux. La prochaine étape, à l’horizon 2025, est la construction du long-courrier C929 (280 passagers), en partenariat avec le russe OAK. Une collaboration inattendue qui semble parfaite pour compliquer ce projet, dont le coût de développement dépasse 12 milliards d’euros… En août dernier, le président Xi Jinping a aussi annoncé la création d’Aero Engine Corporation of China, une nouvelle filiale d’AVIC chargée de construire des moteurs de jets civils et militaires. La longue marche de l’aéronautique chinoise se poursuit donc, avec, pour rêve ultime, de faire exister un jour le sigle ABC : A pour Airbus, B pour Boeing et C pour Comac.