The Good Business
Après avoir fait voler le jet régional ARJ21, la Commercial Aircraft Corporation of China (Comac) va faire décoller le C919, qui se positionne comme un concurrent de l’Airbus A320neo et du Boeing 737 MAX. Rien que ça ! D’ici à 2030, Shanghai ambitionne de devenir le troisième grand de l’aéronautique mondiale.
L’appel aux fournisseurs occidentaux
Dès 2007, les stratèges de l’AVIC se rendent donc compte qu’il faut aussi construire un avion capable de transporter plus de 150 passagers et de rivaliser avec l’Airbus A320 et le Boeing 737, que les compagnies chinoises achèteront par centaines. L’année suivante, ils chargent Comac de concevoir le C919. Cette fois, les designers s’inspirent d’un appareil moderne, l’’Airbus A320, qu’ils ont sous les yeux dans l’usine d’assemblage que le constructeur européen a ouverte à Tianjin. La hauteur du fuselage du C919 est équivalente à celle de son modèle (4,14 m) et sa largeur (3,96 m) n’en diffère que de 1 cm. Selon l’analyste Bjorn Fehrm, du cabinet Leeham, « mis à part son nez, de la première porte à la queue, cet avion est en effet très semblable à l’A320 ».
Autre choix fort de la Comac : faire appel aux fournisseurs occidentaux pour les principaux sous-systèmes. Les moteurs Leap du C919, construits par CFM International (jointventure entre la société américaine General Electric et le motoriste français Safran Aircraft Engines), équipent aussi l’A320neo, entré en service cette année, et le futur Boeing 737 MAX. Le dégivrage des ailes est produit par Liebherr, l’électricité à bord, les freins et le calculateur des commandes de vol sont fournis par Honeywell, les systèmes de simulation, par Rockwell Collins, les enregistreurs de vol, par General Electric, les pneus, par Michelin…
Mais cette stratégie ne convainc pas les experts. « Le C919 aurait été un formidable avion pour un lancement… en 1987 [année du premier vol de l’A320, NDLR] », assène Richard Aboulafia. Sans aller jusque-là, la plupart des spécialistes font remarquer que le C919 entrera en service après ses concurrents Airbus A320neo et Boeing 737 MAX, et qu’il pâtira, face à eux, de deux handicaps. « D’abord, son poids est un peu supérieur, ce qui se traduira par une consommation de carburant plus importante, explique un fournisseur français du C919. Ensuite, l’intégration des systèmes ne pourra d’emblée être parfaite, ce qui risque d’affecter sa fiabilité opérationnelle. » La Comac a pour l’instant reçu 570 commandes, presque toutes de la part de compagnies chinoises. À comparer avec les 4 796 commandes issues du monde entier pour l’A320neo ainsi que ses dérivés 319 et 321…
D’énormes ambitions spatiales
Bien que nouvelle venue dans l’aéronautique, la Chine détient un programme spatial à la fois ancien et ambitieux. Après avoir mis sur orbite un satellite dès 1970 et envoyé un homme dans l’espace en 2003, elle a lancé son deuxième laboratoire spatial, Tiangong 2, le 15 septembre dernier.
Prochaine étape
Début des années 2020, avec la mise en place d’une station spatiale pouvant héberger 3 astronautes pendant 40 jours. À long terme, les Chinois ont annoncé qu’ils voulaient établir une base sur la Lune et mettre sur orbite une centrale énergétique solaire géante d’une superficie de 1 km2.
Côté satellites
Le pays possède toute la gamme (météo, sciences, observation de la Terre, télécommunications civiles et militaires, positionnement avec le système Beidou semblable au GPS) et a procédé à plus de lancements que les États-Unis. En septembre dernier, la Chine a réalisé une première mondiale avec son satellite emportant « un appareil pouvant émettre des paires de particules de lumière en état d’intrication ». C’est-à-dire qu’il pourra envoyer des messages à l’inviolabilité absolue grâce à la cryptographie quantique. De quoi rendre les écoutes de la NSA et des autres organes de surveillance américains totalement inopérants…