The Good Business
Jeudi 12 mai, le plus gros paquebot du monde a été livré à la compagnie Royal Caribbean. Fabriqué à Saint-Nazaire, il est plus long que le Viaduc de Millau et prêt à accueillir 6 360 passagers. Une preuve de plus que le business des croisières est en train d'exploser.
Une vingtaine de restaurants, un casino, un théâtre et même un espace vert… L’Harmony of the Seas est un véritable Las Vegas flottant. Une fierté pour STX, son constructeur basé à Saint-Nazaire car, comme l’affirme Laurent Castaing, son directeur général : « Il s’agit du plus grand paquebot du monde, mais aussi le plus respectueux de l’environnement ». L’Harmony of the Seas est également le paquebot le plus cher de l’histoire : un contrat de plus d’un milliard d’euros qui a sauvé STX dont le carnet de commandes était vide depuis deux ans. Selon Michael Bayley, président de Royal Caribean International, son armateur, c’est le prix à payer pour « offrir les meilleures vacances du monde aux passagers ».
Ces records traduisent la bonne santé d’un business en pleine renaissance, celui des croisières. Ses amateurs sont de plus en plus nombreux, vingt fois plus qu’en 1980 et presque deux fois plus qu’il y a dix ans. La Cruise Lines International Association (CLIA) chiffre l’impact économique mondial du secteur à 104 milliards d’euros et constate une forte augmentation des services de conciergerie, majordomes et restaurants gastro. Une tendance qui illustre l’ouverture de la croisière à de nouveaux clients, amateurs d’expériences exclusives.
Il y a peu, ce type de séjours cultivaient encore une image désuète, des vacances pour seniors avec leurs visières sur la tête et le sac banane serré à la ceinture du pantacourt. Entretemps, le travail des agences a payé. Chez Costa, leader pourtant secoué par l’affaire du Concordia, on affirme que « pour attirer de nouveaux clients, nous avons notamment mis en place des activités pour les enfants. Les parents peuvent ainsi partir en vacances avec eux sans avoir peur qu’ils s’ennuient. » La « déringardisation » passe aussi par le marketing afin que « les gens se disent qu’une croisière c’est un circuit sans avoir à faire sa valise, une autre façon de voyager en découvrant de nouveaux lieux par la côte ». Un changement d’image qui permet aux compagnies d’attirer les sceptiques. Costa a ainsi commandé sept nouveaux navires et compte augmenter de 30 % sa capacité d’accueil dans les cinq ans à venir…
La renaissance de Saint-Nazaire
La construction de l’Harmony of the Seas a aussi fait le bonheur du chantier naval de Saint-Nazaire… et de la mairie qui a constaté que « depuis le début des travaux en 2012, les données économiques, l’emploi, le tourisme et même la démographie ont beaucoup bougé. » Les chiffres parlent d’eux mêmes : la ville a constaté une augmentation de 30 % du nombre de touristes sur la période et 60 % rien que pour le chantier. Plus étonnant, le nombre de permis de construire, synonymes d’installations sur la durée de nouveaux habitants, a fait un bon de 15 % depuis 2012. Enfin, selon les estimations du conseil municipal, la création d’un poste sur les chantiers navals STX entraîne celle de quatre emplois induits dans la région. Avec la commande de quatre nouveaux navires au constructeur, échelonnées jusqu’en 2021, Saint-Nazaire peut regarder au large sans craindre la houle.
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