Culture
Face à la montée des eaux, l'habitat flottant devient une réalité. L'idée de coloniser l’océan commence à faire son bout de chemin. Qu'en est-il vraiment ?
Parce que la Terre est à 70 % recouverte d’eau, les mers et les océans apparaissent comme de nouvelles étendues à explorer. Il est aujourd’hui déjà possible de dîner sous la surface de l’onde, en compagnie des poissons, au restaurant Under, conçu par Snohetta, à Baly, en Norvège, mais aussi de passer la nuit sous le niveau de la mer au Manta Resort de Zanzibar.
Dès lors, pourquoi ne pas envisager très sérieusement de vivre sur l’eau tout au long de l’année ? Amsterdam a déjà franchi le pas avec IJburg, un quartier créé ex nihilo sur des îles artificielles. En Corée du Sud, 610 hectares ont été gagnés sur la mer Jaune pour élever Songdo, une ville durable conçue comme un modèle écologique du XXIe siècle. A la dernière Biennale d’architecture de Venise, en 2016, Kunlé Adeyemi exposait un prototype grandeur nature de son école flottante, installée à Lagos, pour maintenir l’éducation scolaire en cas d’inondation des bidonvilles nigérians. Une base que l’on peut dupliquer et décliner sous forme d’habitation, pour améliorer les conditions de vie en Afrique, répondre au réchauffement climatique et à la montée des océans.
L’architecte italien Luca Curci imagine, lui, un immeuble flottant de 750 mètres de hauteur, avec 180 niveaux, prévu pour accueillir 25 000 personnes. Cette Vertical City, aux allures de ruche, loge dans ses alvéoles tout ce dont ses habitants peuvent avoir besoin : leurs appartements, bien évidemment, mais aussi des bureaux, des magasins, des services… afin de minimiser les allers-retours avec la terre ferme. Structures gonflées à l’hélium ou coiffées d’éoliennes… les concepteurs regorgent d’inventivité.
Au Japon, l’entreprise Shimizu Corporation pousse le curseur de l’innovation un peu plus loin avec Green Float, une ville imaginée pour dériver aux abords de l’équateur, bénéficiant ainsi de températures et de vents cléments… mais aussi affranchie de toute législation territoriale – un rêve cher aux libertariens.
Différents concepts d’habitats flottants font florès et n’attendent qu’à être développés. L’entreprise française Anthénea s’est d’ailleurs récemment illustrée en la matière, en dévoilant le résultat de plusieurs années de réflexion autour de cette thématique : une capsule flottante, nomade, énergétiquement autonome et respectueuse des écosystèmes, signée par l’architecte naval Jean-Michel Ducancelle, qui s’est inspiré d’Antti Lovag, à qui l’on doit les futuristes – pour l’époque – maisons bulles au bord de la Méditerranée.