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Si ses feuilles en forme de cœur peuvent évoquer la douceur et l’amour, le tamier est pourtant plus connu sous le nom d’« herbe aux femmes battues », pour son usage très ancien sur les meurtrissures et les contusions…
Le tamier commun, ou Dioscorea communis, est riche de plusieurs surnoms. Le plus connu et le plus ancien, « herbe aux femmes battues », alterne avec « sceau de la vierge », « vigne noire », « haut liseron » ou encore « raisin du diable ». Des surnoms qui font déjà soupçonner le caractère ambivalent de la plante, d’aspect frêle et fragile, mais qui cache bien son jeu. Cette plante vivace grimpante, de la famille des dioscoréacées, qu’on rencontre d’Europe en Asie en passant par l’Afrique du Nord, est une plante indigène française, sorte de liane avec des tiges volubiles pouvant atteindre 4 mètres de hauteur.
Rustique, favorisée par un soleil ombragé, elle se déploie à partir d’un petit tubercule en forme de navet dans les sols riches et argileux et fleurit au printemps, de mars à mai. On la trouve fréquemment dans nos forêts ou sur les bords de routes, enroulée dans le sens des aiguilles d’une montre, le plus souvent autour de troncs d’arbre ou de poteaux.
Élégante, mais toxique
Les feuilles du tamier, en forme de cœur, sont d’un vert vif, tandis que les fleurs, qui se développent en grappes, tirent sur le jaune. De petites baies rouge vif, aussi toxiques que le tubercule, apparaissent sur les plants femelles et persistent jusqu’à ce que les feuilles jaunissent et tombent. Ces délicates baies vénéneuses de 2 et 4 millimètres de diamètre – qu’on pourrait confondre avec des groseilles – peuvent provoquer non seulement des diarrhées et des inflammations des voies digestives et urinaires, mais seraient aussi responsables de troubles nerveux et respiratoires.
Cependant, le tamier est protégé dans certaines régions, car il comporte une partie comestible : les jeunes pousses printanières – ou plutôt l’extrémité de ses tiges – sont en effet consommées dans le Sud-Ouest comme « asperges sauvages » (ou respounchous), mais aussi dans le nord de l’Occitanie et un peu en Provence.
D’une vingtaine de centimètres de longueur pour une épaisseur de 2 à 4 millimètres, elles sont cuisinées comme telles, blanchies à l’eau bouillante. Mais attention, la consommation de celui qu’on nomme aussi le reponchon en occitan (ou « raiponce » en français) est réglementée : la partie de la plante qu’on peut cueillir ainsi que la période pendant laquelle on peut le faire sont limitées.
Posologie
• En granules homéopathiques : en cas de crise de goutte aiguë (4 ou 5 CH) ou pour des cas chroniques (12, 15 ou 30 CH), tube de Tamus Communis, Boiron, environ 1,20 €.
• En gel : pour apaiser les tensions musculaires ou articulaires, Gel du Père Jean, 28 € les 100 ml.
• En teinture-mère : masser la zone douloureuse plusieurs fois par jour pour apaiser les douleurs, atténuer les ecchymoses, Apo-tamier, Aponat,
18 € les 200 ml.
• En cuisine : au printemps uniquement, tailler la pointe tendre de « l’asperge » et faire bouillir dans une eau salée légèrement vinaigrée. Egoutter et servir en omelette tiède ou en salade avec des œufs durs émincés.
L’usage externe privilégié
Hormis la consommation limitée de ces jeunes pousses, le tamier étant riche en saponosides stéroïdiques, en histamine et en phénanthrènes, tout le reste de la plante est éminemment toxique. Localement, l’herbe aux femmes battues peut occasionner des dermatites à la cueillette : brûlures, ampoules et même allergies. Et si elle était considérée comme diurétique, vomitive, purgative et antiépileptique dans ses anciens usages, et notamment dans la Grèce antique, il faut s’attendre à des vomissements, de l’hypersalivation et des troubles divers, y compris cardiaques, en cas d’ingestion.
En revanche, son usage externe est reconnu depuis des millénaires. Sa première propriété thérapeutique est en effet de faire disparaître les contusions, hématomes et ecchymoses en usage local. Utilisée depuis des siècles en cataplasme, la racine cuite et macérée est riche en amidon et en mucilage, et les cristaux d’oxalate de calcium qui la composent seraient capables, selon l’Encyclopædia Universalis, de produire sur l’épiderme une révulsion d’origine mécanique.
Ainsi, d’après une étude d’Artault de Vevey datant de 1915, le fait d’appliquer sa décoction en compresses pourrait atténuer le fameux œil au beurre noir. On lui prête aussi une action antirhumatismale en pommade préparée avec du saindoux. D’ailleurs, certaines mixtures concoctées par des guérisseurs incluent le tamier dans des onguents traitant les rhumatismes, mais plus largement les lumbagos et autres sciatiques. L’extrait de tamier aurait ainsi des vertus anti-inflammatoires et analgésiques. Il suffirait de frotter un rhizome sur la zone à soigner pour voir disparaître les symptômes. A bon entendeur…