The Good Business
C’est le géant français Veolia qui a conçu – et qui exploite pour les quinze prochaines années – le plus grand centre de traitement de boues issues de stations d’épuration du monde ! Ce projet de 7 hectares et de 600 millions d’euros est un véritable faire-valoir, à la fois pour l’industriel et pour la mégapole, mais pas pour les mêmes raisons…
Tout ce qui brille…
Sous pression, Hong Kong a donc finalement choisi de centraliser l’incinération de ses boues dans ce T.Park. Son emplacement avait été choisi en 2003 par le gouvernement local : Veolia a fini la construction en avril 2015 et va l’exploiter pendant quinze ans encore. À présent, 1 200 tonnes de boues arrivent chaque jour à l’usine dans de grands camions verts. Elles sont ensuite déversées par de grosses pinces jaunes, « aussi lourdes qu’un éléphant », puis désodorisées, savamment mélangées, et enfin brûlées dans un gigantesque four dont les parois tapissées de tubes d’eau génèrent de la vapeur sous l’effet de la chaleur. Une fois propulsée dans la turbine, la vapeur génère à son tour de l’électricité, qui, in fine, alimente les 130 employés du site. Le résidu est enfin exporté vers la ville.
Avec une capacité de 2 000 tonnes de boues par jour, couvrant les besoins de Hong Kong jusqu’en 2030, le T.Park pourrait, à terme, exporter jusqu’à 2 mégawatts d’électricité par jour, soit la consommation de 4 000 ménages. « En réalité, on peut distribuer deux fois plus d’électricité, mais, pour des raisons contractuelles et techniques, nous n’avons pas été autorisés à aller au-delà, regrette une source interne qui n’a pas voulu être citée. Aujourd’hui, nous envoyons 0,3 mégawatt vers le réseau, c’est rien du tout ! Le gouvernement de Hong Kong a voulu préserver les fournisseurs locaux d’électricité déjà sur le terrain. Les autorités locales ne sont pas allées jusqu’au bout de leur démarche. Esthétiquement, le T.Park est un beau projet. Simplement, il brille un peu plus qu’en vrai. Ce n’est pas la réalisation la plus impressionnante en termes de respect de l’environnement. »
Contacté à ce sujet par The Good Life, le département de la protection de l’environnement de Hong Kong a répondu dans un e-mail que le T.Park était « le premier incinérateur autonome » de la ville et, de ce fait, une « étape significative » dans son action environnementale.
Techniquement, il est vrai que le T.Park a tout de la prouesse. Dans le monde, un seul autre centre d’incinération, à Hambourg, est contraint, comme lui, de mélanger les boues pour pouvoir les brûler. « Nos boues viennent de 11 stations d’épuration. Nous avons donc 11 types de boues à traiter », raconte le directeur du site, Vincent Deleu, un ingénieur Veolia entré dans le monde des déchets comme d’autres entrent en religion.
Très chargées en chlore, liquides à 70 %, plus ou moins riches et donc plus ou moins bien combustibles, ces boues sont au cœur du problème. Il faut donc les peser avec attention pour que les plus difficiles à incinérer ne représentent pas plus de 20 % du total. « Le mélange des boues, c’est le point clé, un enjeu quotidien pour nous, poursuit Vincent Deleu. Sans ça, la brûlure ne se fait pas. Veolia a la meilleure technologie du monde en la matière. Mais les boues de Hong Kong sont si problématiques qu’on a dû utiliser une technologie concurrente, celle de la société autrichienne Andritz Energy. »