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Sous les dorures du Meurice, un ovni design s’installe : la « Suite 1835 », œuvre immersive signée Things From., transforme le palace en terrain d’expérimentation sensorielle. Entre art contemporain et hospitalité cinq étoiles, l’hôtel parisien brouille les frontières et interroge, mine de rien, le rôle du luxe aujourd’hui : protéger son héritage ou oser le futur ?
Peut-on être un palace et oser le futur ? Peut-on, derrière les tentures Louis XVI et les dorures feutrées, laisser filtrer la lumière froide d’un cube en miroir où une œuvre d’IA se déploie lentement ? Le Meurice, plus ancien hôtel de luxe parisien, semble répondre oui — et le faire sans trembler. Du 8 octobre au 31 décembre 2025, l’adresse de la rue de Rivoli se métamorphose en laboratoire sensoriel avec la « Suite 1835 », un projet conçu avec Things From., label franco-argentin fondé par Géraldine Boublil et Jessica Solnicki. Une expérience immersive, futuriste, presque méditative.

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Le Meurice ose l’art et le design contemporain
Au Meurice, l’art ne s’accroche pas seulement au mur : il s’illumine et respire dans la Suite 1835. Le mobilier, dessiné et fabriqué à Buenos Aires par le studio Isska, s’y anime selon une narration lumineuse ; un tapis en aluminium, froid comme une plaque lunaire, devient socle d’un dispositif sonore. Dans la chambre attenante, un cube réfléchissant diffuse une œuvre digitale évolutive, dictée par les flux énergétiques du moment. L’espace devient terrain d’expérimentation – une expérience quadriphonique qui tutoie la transe et le design conceptuel.
Alors, que cherche Le Meurice ? À bousculer ses certitudes ou à rafraîchir son image ? Depuis quelques années, les palaces s’autorisent l’art contemporain comme on s’offre un bain glacé : un électrochoc, une preuve de vitalité. Le Ritz convie les artistes, le Crillon s’aventure dans le design, le Meurice, lui, va plus loin – jusqu’à brouiller les frontières entre suite et installation, entre hospitalité et performance. À 3 850 € la nuit, le rêve s’accompagne d’une question : le luxe doit-il encore rassurer ou désormais étonner ?

La « Suite 1835 » assume cette tension. Tout en respectant l’architecture historique, elle s’autorise une dissonance futuriste, presque spirituelle. Et c’est sans doute là son audace : ne pas chercher à séduire tout le monde. Dans un monde hôtelier où la différenciation passe souvent par la surenchère, Le Meurice choisit la conversation entre passé et avant-garde, entre velours et métal, entre silence et fréquences lumineuses.
On peut y voir un geste courageux ou une coquetterie passagère ; un vrai laboratoire ou un coup de com. Mais une chose est certaine : la « Suite 1835 » remet en jeu la question du rôle des palaces dans la création contemporaine. Doivent-ils préserver le patrimoine ou le secouer ? Être des musées vivants ou des incubateurs ? Le Meurice, fidèle à son histoire d’hôtel des artistes, semble trancher : la beauté n’est plus un décor, mais une expérience. Et dans le miroir de son cube lumineux, c’est peut-être tout le luxe qui se regarde changer.

Suite 1835, à l’hôtel Le Meurice. 228 Rue de Rivoli, 75001 Paris. Site internet.
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