The Good Business
Directeur du cabinet Ronald Lu & Partners, fondé par son père en 1976, l'architecte Bryant Lu est persuadé que Hong Kong n’aura pas le choix que de continuer de développer son tissu urbain.
Ronald Lu & Partners (RLP, @RLPhongkong) est l’un des cabinets d’architectes les plus prolifiques de Hong Kong. Depuis 1976 il participe activement au développement urbain démesuré de la mégalopole. Aujourd’hui, c’est Bryant Lu, le fils du fondateur, qui est à la tête de cette machine bien rodée et multirécompensée à la philosophie simple : « design a better life ». Rencontre.
The Good Life : Quel est votre regard sur la récente évolution urbaine à Hong Kong ?
Bryant Lu : Pendant longtemps, l’aménagement de Hong Kong était dirigé par les besoins en infrastructures. On construisait d’abord des routes et des lignes de train, avant d’implanter des habitations. Ce Railway model nous a été très utile pour faire de l’urbanisme hyperdense, mais il n’était pas parfait… Certains critères manquaient à l’appel, je pense par exemple à l’intégration d’espaces publics, aux études climatiques, à la construction de nouveaux quartiers d’affaires pour éviter les longs trajets à ceux qui n’habitent pas dans le centre. Aujourd’hui, on pense différemment et ces facteurs entrent en compte dans les projets menés par les urbanistes.
TGL : Pourtant, la demande immobilière ne cesse d’augmenter, et il y a un problème d’espace disponible, quelle est la solution selon vous ?
B.L. : A moins que nous limitions notre demande en espace libre – ce qui est impossible – ou que nous nous accoutumions des conditions inhumaines dans lesquelles vivent les moins privilégiés, Hong Kong n’aura pas d’autre choix que de profiter du moindre lieu constructible, quitte à sacrifier nos parcs publics. Notre population ne cesse d’augmenter, elle vieillit, et notre taux de divorce est de 50 %, la demande de logement explose… c’est la seule solution. Pour continuer à respirer, il faut penser l’architecture différemment, en recréant des environnements urbains mais sains. C’est là que le design intervient, en intégrant des principes écologiques et en réfléchissant sur l’aspect social des habitations.
TGL : Donc, pour vous, le futur n’est pas vert ?
B.L. : Si, sur le long terme ! Un jour, on réduira assez l’utilisation de transports polluants pour respirer à nouveau. Les voitures seront électriques et autonomes, on fabriquera localement grâce aux imprimantes 3D et on fera pousser nos aliments en intérieur. Mais il faudra encore quelques années… Et l’urgence, c’est la construction.
TGL : Parlons du présent à nouveau alors… Quels sont vos buildings préférés à Hong Kong ?
B.L. : De notre cabinet, je vote pour le SK Yee Healthy Life Centre. Pour la puissance de son architecture, d’une part, et le fait qu’il ait un réel impact sur ses utilisateurs, en améliorant leur santé. Pour le second, j’aime beaucoup OPUS, un building audacieux par Frank Gehry, l’un de mes modèles, qui challenge les architectures résidentielles souvent ennuyeuses.
TGL : Pour finir, quels sont vos projets à venir les plus importants à Hong Kong ?
B.L. : Nous avons trois projets majeurs en cours. Le Victoria Dockside, sur le front de mer de Tsim Sha Tsui, un grand art district de 280 000 m² qui accueillera un hôtel Rosewood, des résidences, un musée, des boutiques… Ouverture prévue en 2019 ! Il y a aussi le Xiqu Centre, futur hub culturel de la ville, centré sur le développement de l’opéra et du théâtre traditionnel. Enfin, RLP conçoit le Liantang, septième point de passage entre Shenzen et Hong Kong qui connectera les expressways des deux métropoles. Une nécessité pour raccourcir les temps de trajet et développer les relations interrégionales.
Ronald Lu & Partners en chiffres
- Chiffre d’affaires 2016 : 59 millions de dollars.
- Nombre de studios : 5, à Hong Kong, Pékin, Shanghai, Guangzhou et Shenzhen.
- Nombre de salariés : 600.