The Good Partner
Traditionnel, et fortement ancré dans le monde de l’artisanat, le plus célèbre des couteaux français n’en reste pas moins résolument contemporain. Une pertinence renouvelée au fil des années, notamment grâce à ses nombreuses collaborations avec artistes et designers.
Enfant de la révolution industrielle, le design voit le jour au XIXe siècle. A la même époque, en 1890 plus précisément, le jeune Joseph Opinel, fils de forgeron et taillandier apprécié des paysans venant de loin lui acheter serpes et faucilles, se passionne pour les machines et les nouvelles technologies. Une passion qui le pousse à fabriquer son propre appareil photo, et à réfléchir à un objet qu’il pourrait dupliquer par le biais des techniques modernes. De ses recherches va naître un petit couteau à la ligne épurée, esthétique et juste: l’Opinel.
Opinel : 125 ans d’ingéniosité et d’élégance
Sept ans plus tard, ce concentré d’ingéniosité va se décliner en douze formats, numérotés de 1 à 12. L’objectif ? S’adapter à toutes les poches, toutes les mains et à tous les différents usages. Une démarche en phase avec les ambitions démocratiques du design, et les réflexions autour de la standardisation, qui séduit le jury de l’Exposition Internationale Alpine de Turin en 1911, où Joseph Opinel remporte la médaille d’or.
A la fin du XXe siècle, le petit couteau savoyard figure parmi les cent objets les plus beaux au monde, aux côtés de l’automobile Porsche 911 et de la montre Rolex, d’après le prestigieux Victoria & Albert Museum. En 1986, c’est le MoMA qui le fait entrer dans son catalogue d’objets cultes, trois ans avant son entrée dans le dictionnaire Larousse. En 2015, à l’occasion des 125 ans de la maison, l’illustrateur Mathieu Gazaix l’orne de dessins réalisés au stylo bille bleu faisant référence aux racines montagnardes de la marque. Une collaboration qui en annonce toute une série, ainsi en 2020, pour la maison Saint Laurent, le couteau s’habille de cuir de veau noir estampillé du célèbre logo YSL, et affiche une lame à la finition noire.
Des alliances culinaires d’exception à la cuisine nomade
Autre union remarquable, celle avec le studio BIG-GAME, dont est née la collection “Les Forgés 1890”. Ces élégantes pièces d’acier, habillées de hêtre, s’inspirent du travail du Chef savoyard étoilé Jean Sulpice à la tête de l’Auberge du Père Bise à Talloires au bord du lac d’Annecy. Pensée pour séduire les gourmets exigeants, elle se compose de huit pièces allant du couteau d’office au couteau à pain en passant par le couteau Santoku. En plus des épicuriens intransigeants, Opinel pense aussi aux becs fins des champs, à travers son Kit cuisine nomade, conçu par le designer Franck Fontana. Simple, mais astucieux, il est parfait pour les pauses gourmandes lors d’excursions en pleine nature.
Au programme, trois couteaux et une planche à découpe. C’est dans son sillage qu’est né “Picnic+”, toujours pensé par Franck Fontana. “Opinel a toujours souhaité ajouter une cuillère et une fourchette à son couteau phare, le n°8, pour compléter sa gamme pour une version picnic”, explique le designer. Celui-ci se rappelle des phases de conceptions : “en regardant les images 3D du couteau, mes yeux se sont posés sur la virole, et sur cet espace laissé par la lame quand celle-ci est fermée. J’ai eu l’idée d’y insérer quelque chose, pour proposer quelque chose de minimal, d’extrêmement compact, qui permet de faire des économies de matière”. Ce set se compose de deux inserts en acier inoxydable, fourchette et cuillère, qui se fixent au niveau de la virole, cette bague de métal. Idéal pour les sorties en pleine nature.
Une ode à la Nature
La nature, ce monde vivant qui fait partie de l’ADN de la maison, et à qui elle rend hommage cette année avec la collection “Édition Nature”. Celle-ci a été réalisée avec la complicité de l’agence Art By Friends, compagne de longue date d’Opinel. Une association assez évidente pour son fondateur Camille Regnaudin. “ Nous sommes habitués au travail sur le bois, notamment sur celui des planches de skate, ou encore sur celui des battes de baseball, et nous avons ce goût du détournement.” Une association d’autant plus évidente pour ses créatifs basés à Annecy, voisins de la maison Opinel, “nous sommes ancrés dans le même territoire, une collaboration faisait sens”.
Après plusieurs projets, ces compagnons de longue date offrent ainsi à nouveau leur service à la marque de coutellerie française, en convoquant les univers oniriques de trois jeunes artistes sur le manche du célèbre couteau savoyard. Chacun évoque des compositions florales abstraites, d’élégants champignons, ou encore des figures chimériques rappelant mère nature. Édités à 9000 exemplaires, ces petits bijoux associant le génie de Joseph Opinel au talent d’esprit créatif semblent tout indiqués pour les fêtes de fin d’année.