The Good Business
Fondée par trois français fin 2013, Le Collectionist est une plateforme en ligne de mise en relation entre propriétaires et vacanciers. Déjà vu ? Pas dans sa catégorie, celle de l’ultraluxe, avec un tel catalogue.
Leur collection n’est pas des plus communes. S’il est courant d’exposer ses maquettes de bateaux, ses montres ou ses sneakers, Le Collectionist propose un catalogue de plus de mille propriétés d’exception, dans une centaine de destinations. Les plus prisées ? Saint-Tropez, Comporta, Megève, Ibiza, Mykonos… Comptez 30 000 euros en moyenne par séjour, service de conciergerie inclus (du simple cours de yoga à toute une aventure pour dénicher le lit tournant d’Austin Powers).
En 2013, alors qu’il revient de Barcelone, déçu par le logement qu’il avait booké sur la plateforme de réservations entre particuliers la plus célèbre du monde, Olivier Cahané réfléchit à une version (très) haut-de-gamme de ce type de service. Il est rejoint par Eliott Cohen Skalli et Max Aniort, ancien d’Henry IV et de HEC, déjà blasés par quatre ans dans la finance à Hong-Kong, New York et Londres.
Autour d’un verre, ils posent les bases d’un site internet de mise en relation entre propriétaires de biens exceptionnels et happy few, le plus souvent en famille, qui peuvent ainsi simplifier leurs démarches au moment de préparer leurs vacances. En 2014, ils se lancent avec une cinquantaine de propriétés. En 2015, ils lèvent 2 millions d’euros, puis 8 de plus en 2017. Une table ronde dont faisait partie, via sa holding Artémis, la famille Pinault. Dans la foulée, Le Collectionist rachète Bonder, à Ibiza, et son catalogue impressionnant.
Aujourd’hui, l’entreprise compte une cinquantaine de salariés à Paris, pour l’Europe, une dizaine à Marseille pour la Riviera et une autre dizaine à Ibiza pour les Baléares. Sa croissance ? Près de 100 % par an depuis ses débuts. Et cela semble parti pour durer…
7 questions à Max Aniort, co-fondateur et Directeur General de Le Collectionist :
The Good Life : D’où viennent vos revenus ?
Max Aniort : Nous avons choisi de ne pas faire payer les propriétaires pour figurer sur la plateforme. A la place, nous signons avec eux un contrat d’exclusivité. Mais sur chaque location, nous récupérons en moyenne 20 % du prix total du séjour. En échange, nous rencontrons le propriétaire, nous effectuons une inspection sur près de 400 points pour améliorer, si besoin, certains points, du nombre de couverts aux dernières retouches de peinture. Ensuite, le client locataire est accompagné dans le choix de la destination en fonction de ses envies, nous proposons un service de conciergerie, nous les aidons à louer des bateaux, des voitures etc.
The Good Life : Comment est-ce que vous choisissez les biens que vous proposez ?
Max Aniort : Chaque mois, on nous en propose une cinquantaine, et nous n’en retenons qu’une dizaine au maximum. Parfois, lorsque l’on a besoin de nouvelles adresses dans des destinations précises, on fait marcher le bouche-à-oreille. Les propriétaires qui sont satisfaits de notre travail font passer le mot à leurs amis qui ont eux aussi un bien qu’ils voudraient louer…
TGL : Le réseau doit être aussi très utile pour lever des fonds…
M.A. : J’aimerais dire oui, que j’ai rencontré Salma Hayek à Cannes et qu’elle m’a félicité sur ma tenue et que c’est comme ça que j’ai rencontré la famille Pinault. Mais c’est beaucoup moins glamour ! (rires) En réalité, des banquiers d’affaires spécialisés qui recherchent les meilleurs investissements possibles pour leurs clients nous mettent en relation avec les investisseurs, que l’on doit ensuite convaincre.
TGL : Justement, quels ont été vos arguments ?
M.A. : Aujourd’hui, malgré le rachat de Onefinestay par Accor et le développement de Airbnb par exemple, le marché de la location saisonnière représente près de 25 milliards de dollars par an, dont 24,5 environ se partagent entre des milliers d’acteurs. Il y a donc un marché à conquérir, surtout dans une niche comme la nôtre.
TGL : Vous n’avez aucun concurrent ?
M.A. : Si, bien sûr ! Mais il s’agit principalement d’acteurs locaux, très implantés dans des régions précises. Souvent, ils ont de très belles propriétés au catalogue, mais Le Collectionist est en avance sur le digital notamment, cela nous permet d’attirer l’attention de nombreux clients potentiels pour nos propriétaires qui attirent des vacanciers qui viennent de partout dans le monde. Plus de 75 % de nos locataires sont étrangers. Mais on ne vient pas vampiriser non plus ces acteurs souvent installés depuis longtemps. Au contraire, on tente de profiter de leur expertise. A Saint-Barthélemy, l’une de nos dernières destinations, par exemple, nous nous sommes associés avec l’acteur local.
TGL : Quels sont vos objectifs à court terme ?
M.A. : Continuer à ouvrir des destinations, identifier celles où nos clients veulent aller en les questionnant après leur séjour, proposer de nouveaux services, notamment pour les propriétaires, et développer de plus en plus les villes. On vient de commencer à Paris, et on ne veut pas se prendre les pieds dans le tapis donc nous allons continuer à consolider ce marché avant de penser à une autre métropole… Aussi, on pense à ouvrir de nouveaux bureaux locaux, pourquoi pas en Grèce, l’une de nos destinations les plus prisées.
TGL : Les biens de Le Collectionist sont principalement en Europe…
M.A. : Et ça ne devrait pas changer… Nos clients parlent surtout de la Croatie, des Pouilles, de la Sardaigne pour leurs futures vacances. Développer l’Italie est une priorité. Après, c’est vrai, certains de nos clients nous parlent parfois de la Californie… Mais le marché américain est déjà très mature. Même si l’on a une place, il y a déjà énormément de monde, donc il nous faudra suffisamment de ressources avant de nous lancer.
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