The Good Business
Dans les plus grandes foires internationales, les prix des œuvres peuvent atteindre la stratosphère, faisant du marché de l’art une bulle où le business prime parfois sur le fond. Toutefois, certains prennent un curieux contre-pied en s’inscrivant dans une nouvelle dynamique, celle de l’économie participative. Phénomène.
Démocratiser la circulation des œuvres d’art ?
On retrouve cette préoccupation chez Alix Janta-Polczynski et Lauren Jones, deux jeunes commissaires d’exposition qui ont monté Art Barter. Cette plate-forme d’échanges s’est déjà tenue dans sept villes du monde : Londres, Berlin, New York, Madrid, Mexico, Istanbul, Dubaï, en attendant Los Angeles en décembre prochain. Ce n’est sans doute pas un hasard si la première édition d’Art Barter a eu lieu, en 2009, à Londres, place forte du marché de l’art.
« La crise des subprimes avait démarré un an plus tôt. L’ambiance était plutôt morose. On a eu envie de proposer une offre alternative, un peu rafraîchissante, pour les gens qui n’ont pas les moyens ou qui pensent que l’art, ce n’est pas pour eux. Le principe d’Art Barter, c’est de mettre tout le monde à niveau. Un chauffeur qui propose trois mois de courses en échange d’une œuvre a autant de chance de séduire qu’un avocat nanti qui offrirait des conseils. »
Alix Janta-Polczynski et Lauren Jones ajoutent du piment à l’affaire en exposant les œuvres anonymement. Artistes connus ou jeunes plasticiens sortis des écoles d’art, tout le monde est logé à la même enseigne. « Ce qui est amusant, c’est que les visiteurs croient toujours reconnaître le style de tel ou tel artiste, et ils se trompent le plus souvent. A Londres, par exemple, Tracey Emin (@traceyemin), qui est connue pour faire des œuvres très trash, a exposé le monotype charmant d’un petit chat. Ça ne ressemblait pas du tout à ce qu’elle fait d’habitude. Elle l’a échangé contre trente heures de cours de français. L’acheteur n’a découvert qu’après qu’il avait acquis un Tracey Emin ! L’anonymat dilue l’effet du marché. »