The Good Business
Ses rues de briques et d’eau ont vu naître une pléthore de musiciens et d’artistes – dont le réalisateur Danny Boyle (Trainspotting, Slumdog Millionnaire…). Mike Barnett décrypte l’esprit de Manchester en tant que Mancunien pur jus, c’est à dire comme un habitant de Manchester.
Son passé industriel derrière, la ville n’a eu de cesse de se réinventer. Cultivant fièrement un esprit indépendant et frondeur, Manchester foisonne d’idées novatrices. La dernière? L’annonce de la création d’une maison de retraite pour la communauté LGBT, une première en Angleterre. Mike Barnett, 57 ans, n’est pas au courant mais n’est guère étonné. Il en a vu d’autre. Né à Salford (Grand Manchester), cet ancien journaliste a travaillé au service communication de la Library Theatre Company avant de fusionner avec Cornerhouse pour former HOME. Il est aujourd’hui en charge de la communication de cette nouvelle entité culturelle. Elle compte des salles de spectacles et de cinéma et 500 m2 d’espace d’exposition.
The Good Life : Ancien journaliste dans différents titres locaux de Manchester, vous êtes un témoin privilégié de l’évolution de la ville. Pourriez-vous en dire deux mots ?
Mike Barnett : Travailler dans le domaine journalistique il y a 20 – 30 ans était très excitant. La ville était en train de se réinventer grâce à la mairie, visionnaire et ambitieuse, qui n’a rien trouvé de mieux que de présenter deux fois sa candidature aux Jeux olympiques. Une façon de placer Manchester sur la carte internationale. J’ai eu le privilège d’observer et d’écrire sur les scènes de musique et de comédie qui ont joué un rôle clef dans la culture populaire anglaise des années 90. The Stone Roses, Oasis, Elbow, Peter Kay, Steve Coogan, Caroline Aherne, John Bishop… Ils ont tous eu leurs premiers articles de presse ici. Depuis les années 80, aucune autre ville n’a autant changé en dehors de Londres. Manchester a vraiment un esprit particulier, « on peut le faire ». Prenez par exemple la bombe (posée par l’IRA en 1996 qui n’a fait aucun mort grâce à l’évacuation à temps de 80 000 personnes. On estimerait à 700 millions de livres le coût des dommages liés à la destruction du quartier, NDLR). D’autres villes auraient crié dit au désastre. Ici cet horrible événement a été transformé en opportunité pour reconstruire le centre ville. Ça, c’est très Manchester. Déjà, 100 ans auparavant les dirigeants ont eu l’intuition de construire le Manchester Ship Canal. Manchester n’était pas sur la mer donc on a apporté la mer à Manchester !
TGL : Et aujourd’hui ?
M.B. : Manchester est en chantier, il y a plein de grues, ça bouge. Le centre revit même si ce n’est pas Hong-Kong ou Tokyo. Dès la nuit tombée, il est plus animé que celui des autres villes d’Angleterre. Ici on continue de se réinventer même s’il ne faut pas oublier des poches de grande pauvreté dans la ville et ses alentours. Manchester est connu pour trois choses : Manchester Guardian (fondé en 1821, devenu The Guardian et l’un des plus importants quotidiens anglais, NDLR), Manchester University et Manchester United. Aujourd’hui, quand l’équipe joue, c’est 75 000 spectateurs au stade dont beaucoup de visiteurs étrangers. Lors des matchs, il est presque impossible de trouver une chambre d’hôtel. Le foot apporte beaucoup d’argent à la ville. Manchester City, dont le stade a une capacité de 54 000 personnes, donne aussi de la visibilité à la ville en Europe.
TGL : Avec à peine deux ans au compteur, quel est l’impact du centre culturel HOME sur la ville?
M.B. : HOME s’est très vite imposé comme l’une des plus importants lieux artistiques en dehors de Londres en deux ans seulement. C’est devenu une visite incontournable comme l’était Cornerhouse auparavant. Sa programmation est internationale mais elle n’oublie jamais sa ville dont elle s’inspire. Home accueille près d’un million de visiteurs par an.