The Good Business
Magalie Safar et son frère Michaël ont lancé Koliving en 2018. Une start-up proptech – pour « property » et « tech » - qui permet à des propriétaires de maximiser leurs revenus, et à des locataires de réserver une chambre dans une colocation en quelques clics.
Après le coworking, le coliving. Un mot en « ing » de plus, qui pourrait rapporter gros. Selon l’étude Le marché français du coworking et du coliving réalisée par Les Echos en octobre 2018, si l’on calque sa croissance sur celle des bureaux partagés, la colocation 2.0 couvrirait un marché de 5 milliards d’euros en 2022. Pourtant, aujourd’hui, la France compte peu d’acteurs du coliving. Parmi eux, la start-up Koliving, fondée en août 2018 par Magalie et Michaël Safar.
En moins de deux ans, la petite entreprise qui compte douze salariés, est déjà présente dans 22 villes, a convaincu plusieurs centaines de propriétaires et a trouvé un logement à 2000 « koliveurs », 60 % de jeunes actifs, le reste d’étudiants.
C’est « la » différence avec la colocation. En effet, Koliving promet une coloc’ all inclusive. Des options payantes, comme à l’hôtel, qui limitent les points de friction entre les habitants, comme le ménage, les corvées de linge et la livraison des courses. Ainsi qu’un service de conciergerie, de l’organisation de la crémaillère au chauffeur pour récupérer maman à l’aéroport.
« Koliving propose la location d’une chambre en quelques minutes depuis l’appli. »
Koliving se démarque des agences immobilières et sites d’annonces entre particuliers. Côté propriétaires, « Nous signons un mandat de gestion avec eux, pour trouver des locataires et gérer problématiques de plomberie, d’électricité… » avance Magalie Safar, co-fondatrice et CEO. Un deal qui permet de multiplier les loyers, tout en s’évitant la recherche des locataires et l’entretien.
Des « koliveurs » qui, eux, gagnent un temps fou. « On propose la location d’une chambre en quelques minutes depuis l’appli. L’intéressé peut visiter les chambres virtuellement, réserver, puis photographier les pièces qui constituent le dossier, et rentrer dans l’appartement dès le lendemain. » Simple et efficace, mais qui dit « colocation » dit « colocataires ». Des habitants qui n’ont pas leur mot à dire… Magalie Safar rassure : « Si n’importe qui peut réserver n’importe quel logement, nous essayons tout de même de répartir les locataires en fonction de leurs profils : jeunes actifs, étudiants, entrepreneurs… » Une recette qui semble fonctionner. Les locataires inscrits sur Koliving restent en moyenne 9 mois dans leur logement.
Réinventer la location et s’affranchir des codes traditionnels de l’agence immobilière permet à Koliving de se poser en pionnier du coliving en France. Surtout, la start-up est la seule à travailler à la fois avec des foncières et des propriétaires particuliers. « Il existe, en France, des opérateurs qui traitent du coliving, et qui proposent une solution dans des résidences gérées construites spécialement pour servir ce projet, détaille la diplômée d’HEC. Nous avons des immeubles dans notre parc mais également des grandes maisons et des appartements. L’objectif ? Ouvrir le coliving a tout le monde, et tenter de convaincre le maximum de propriétaires.
150 m² à plusieurs plutôt que seul dans 9 m²
Car le business model de Koliving repose sur un abonnement, payé par le propriétaire à la plateforme pour la gestion de son logement. Le tarif dépend du nombre de chambres à louer. Les locataires, qui bénéficient d’un bail classique – et profitent ainsi des APL – doivent s’acquitter, de leur côté, de frais d’entrée « beaucoup moins chers qu’un mois de loyer ».
Si, moins de deux ans après sa création, Koliving – qui n’a pas encore réalisé de levée de fonds – ne communique pas encore son chiffre d’affaires et sa croissance, la start-up parisienne semble avoir confiance en son avenir, et celui de son marché. Un optimisme conforté par l’augmentation surprenante (+ 30%), des réservations pendant le confinement.
Des citadins qui, enfermés pendant plusieurs semaines, veulent fuir l’étroitesse des studios et chambres de bonne, ainsi que la précarité des locations saisonnières, Airbnb et auberges de jeunesse, se sont rués sur l’application Koliving pour réserver leur chambre et s’y installer dès la fin des restrictions. « Pendant le confinement, certains locataires ont réalisé qu’ils préféraient partager un appartement de 150 m² avec quatre personnes, plutôt que de vivre seuls dans 9 m². »
Il reste encore des défis à relever pour Koliving. Technologique d’abord, avec le développement de nouveaux outils pour sa plateforme. Humain, ensuite, et le recrutement de propriétaires. Le nerf de la guerre, avant l’entrée des agences immobilières « classiques » dans le jeu du coliving. Le développement international est en route, avec l’arrivée sur Koliving de propriétaires luxembourgeois, avant, pourquoi pas, une levée de fonds…
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