The Good Business
En un peu plus de dix ans, Kiade a su se faire un nom dans le monde ultraconfidentiel des maquettes de bateaux. En 2004, David Battault et Alain Quaireau étaient pourtant loin de s’imaginer qu’ils y feraient un véritable carton !
Diplômés d’une école de commerce, les deux amis cofondateurs de Kiade suivaient un parcours professionnel plutôt classique dans l’administration des ventes. Rien ne les prédestinait à une carrière d’entrepreneurs dans le maquettisme. Pour eux aussi, sans doute, depuis Le Dîner de cons, cette activité de loisirs se confondait avec le personnage de François Pignon, le « con » du film de Francis Veber, fier jusqu’au ridicule d’avoir construit une tour Eiffel en modèle réduit avec 346 422 allumettes et 37 tubes de colle ! Un voyage au Viêtnam va pourtant faire basculer la vie de David Battault et d’Alain Quaireau. « Nous sommes partis aider le beau-frère d’Alain, bijoutier à Hô Chi Minh-Ville, pour son projet de fabrication de maquettes de bateaux. Nous avons été complètement conquis. Là-bas, le maquettisme est considéré comme un produit d’art et d’artisanat », raconte David. Au Viêtnam, on s’appuie en effet sur une longue tradition, et un savoir-faire aujourd’hui reconnu dans le monde entier y a été développé. De nombreux artisans y exportent aux Etats-Unis, en Europe, au Moyen-Orient et en Chine.
De retour en France, Alain et David, séduits, réalisent une étude de marché et constatent qu’il y a une place à prendre sur le marché des maquettes haut de gamme, de belle qualité, produites en petite et en moyenne séries, plus abordables que les pièces uniques, qui peuvent atteindre jusqu’à 50 000 euros. D’autant que les deux futurs associés peuvent désormais s’appuyer sur l’atelier d’Hô Chi Minh-Ville. « Toutes les spécialités y sont représentées par des artisans très compétents. Des menuisiers, des joailliers, des selliers et des peintres sont capables d’assurer l’exactitude du moindre détail, le rendu des coutures d’un siège, la profondeur d’un vernis ou encore la finition d’un tableau de bord ou d’un volant. »
Les partenariats exclusifs de Kiade
Néanmoins, un outil de production à la hauteur ne suffit pas à faire un modèle économique viable. Enfants de la côte atlantique, Alain et David connaissaient bien les chantiers et le monde du nautisme. « C’est un univers secret et de passionnés », confirme David. Il leur a fallu convaincre… Désormais licencié exclusif des chantiers les plus prestigieux (Jeanneau, Bénéteau, Riva ou encore Chris Craft), Kiade travaille à partir des plans d’origine et contrôle chacun des modèles fabriqués avec les équipes des constructeurs elles-mêmes. Certaines maquettes sont achetées directement par les chantiers pour leur communication sur les salons et les lieux de vente ou pour les revendre à leurs clients.
Une autre partie de la production est commercialisée par des distributeurs de Kiade dans le monde entier : on trouve les répliques de bateaux de légende aussi bien dans des magasins de décoration, de cadeaux, de vêtements pour homme, que dans des points de vente de cigares et de spiritueux ou encore chez les concessionnaires de voitures de luxe. L’exportation représente aujourd’hui 80 % du chiffre d’affaires de Kiade.
Il a fallu beaucoup de pragmatisme et une certaine dose de sagesse dans le développement de l’activité pour réussir. « Nous sommes sur des cycles lents et sur un marché de niche qui n’intéresse pas les investisseurs. Nous avons pris le temps de nouer des relations de confiance avec les chantiers », explique David. En 2016, le chiffre d’affaires a augmenté de 20 %. Mais n’espérez pas trop en savoir plus sur les process et les techniques utilisées par la société, sur la transformation des plans industriels top secret fournis par les chantiers ou même sur l’adresse de l’atelier d’Hô Chi Minh-Ville. Chez Kiade, on se sent davantage dans la peau de James Bond que dans celle de François Pignon.
Fabricant exclusif pour Riva
Quoi de plus mythique et de plus symbolique pour Kiade que son partenariat exclusif avec le constructeur italien Riva ? Inspirés des runabouts américains, ses bateaux de plaisance de luxe aux lignes somptueuses, fabriqués en acajou, vernis sur plus de 12 couches, tout en chromes et sellerie de cuir, et propulsés par de puissants moteurs, règnent encore sans partage dans l’imaginaire du nautisme. « Il s’agit de maquettes très complexes à réaliser. Nous travaillons en étroite collaboration avec les équipes techniques du chantier Riva sur le numéro zéro de chaque nouvelle maquette afin de nous améliorer en permanence. Chaque détail est à l’échelle, chaque pièce a son moule. Nous travaillons le temps qu’il faut pour atteindre, par exemple, la teinte exacte du pare-brise », précise David Battault.
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