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En 2019, le Portugal a raflé pour la troisième année consécutive le titre de meilleure destination du monde au World Travel Awards, Lisbonne étant la meilleure destination de city break mondiale et Madère, la meilleure île touristique du monde.
Avec 23 millions de visiteurs en 2019 (dont la moitié viennent d’Espagne, du Royaume-Uni, de France, d’Allemagne et du Brésil), le poids du tourisme dans le PIB portugais a doublé en dix ans et il crée un emploi sur cinq. La crise du Covid-19 lui porte un coup dur, la saison 2020 risquant de reposer sur les seuls Portugais expatriés qui reviennent durant l’été. Ensuite, le secteur devra s’adapter, car le marché européen plafonne, et il diminuera en cas de Brexit sans accord.
Les autorités misent sur la croissance des arrivées en provenance du Brésil et des Etats-Unis, le développement du haut de gamme, la diversification des destinations et les séjours à thème (œnologie, sport, culture…). Vinci a été chargé en 2019 d’augmenter la capacité de l’aéroport Humberto Delgado de Lisbonne et de construire un second aéroport à Montijo, de l’autre côté du Tage. Enfin, des mesures pourraient limiter la prolifération des hébergements touristiques à Lisbonne (où ils ont été multipliés par 20 depuis 2014) et à Porto, ce qui refoule les habitants à la périphérie de ces villes.
Un pays pro-immigration
Le Portugal est l’un des pays européens dont la démographie est la plus flageolante. Le faible taux de fécondité (1,3 enfant par femme) et l’émigration massive de jeunes diplômés durant l’austérité drastique de 2011 à 2015 ont fait baisser le nombre d’habitants, de 10,6 millions en 2011 à 10,2 millions en 2020. Un quart des communes comptent plus de retraités que d’actifs. Contrairement aux pays européens qui limitent l’arrivée d’immigrants, le Portugal s’emploie donc à les attirer.
La poursuite d’une immigration en provenance du sous-continent indien pour les travaux agricoles et l’entrée de Vénézuéliens fuyant la dictature se doublent d’incitations pour faire venir des salariés qualifiés. Ainsi, l’impôt sur le revenu des membres de professions « à haute valeur ajoutée » qui s’installent au Portugal s’élève à 20 % pendant dix ans (alors que le pays compte une tranche fiscale à 56 %).
En 2019, le programme Regressar (« rentrer ») a aussi offert aux Portugais partis avant 2016 et qui souhaitent revenir avant fin 2020 une réduction de 50 % de l’impôt sur le revenu et une subvention de 6 500 €. Mais ces largesses n’attirent que quelques milliers de cadres, car le salaire moyen des Portugais est inférieur de 40 % à celui des Espagnols et de 63 % à celui des Français.
Le rayonnement mondial du Portugal
Le 5 mai dernier s’est tenue la première Journée mondiale de la langue portugaise célébrée par l’Unesco. Le portugais, 7e espace linguistique mondial, compte 283 millions de locuteurs et est la langue officielle de 10 Etats et territoires (Portugal, Brésil, Mozambique, Angola, Cap Vert, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, São Tomé-et-Príncipe, Macao et Timor oriental).
Il faut ajouter les membres de la diaspora portugaise, présente partout. La communauté lusophone compte 1,5 million de personnes en France, 2 millions aux Etats-Unis, plus de 400 000 au Venezuela, au Canada, en Espagne et en Afrique du Sud, et 300 000 en Allemagne, en Suisse et au Royaume-Uni. Les Portugais représentent 20 % des habitants au Luxembourg, et 30 % dans l’île antillaise de Saint-Barthélemy.
Portugal, un paradis pour retraités
Depuis 2009, le Portugal a proposé un régime fiscal en or aux Européens qui veulent passer leur retraite dans un pays ensoleillé où le coût de la vie est faible : l’exonération d’impôt sur leurs pensions pendant dix ans. Le gouvernement vient de changer cette règle, les pensions des nouveaux venus étant désormais taxées à… 10 % durant dix ans. Ce programme a rencontré un vif succès.
La moitié des 26 000 Britanniques et 20 000 Français qui résident au Portugal seraient des retraités. Ils ont souvent acheté leur logement. Si les transactions réalisées par des étrangers ne représentent que 17 % du marché immobilier, elles concernent surtout les beaux quartiers de Lisbonne et Porto et favorisent une envolée des prix qui empêche les Portugais de souche de s’y installer.
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