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Royal Oak, Audemars Piguet
Le modèle Royal Oak de Audemars Piguet.
melanie

The Good Business

Il était une fois la Royal Oak…

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Blason d'or de la marque (@audemarspiguet), la Royal Oak compte toujours parmi les plus belles montres sportives.

Après plus de quarante ans d’un règne en acier, retour sur un design qui a scellé un nom dans la légende de l’horlogerie : Royal Oak.

1972. Le monde part en déconfiture. Deux ans déjà que Jimi Hendrix ne fait plus vibrer sa pédale wah-wah. Les États-Unis ont brisé « la ligne rouge » du Viêtnam, mais l’Europe s’obscurcit. L’Irlande du Nord sombre dans un Bloody Sunday et les JO de Munich tournent au septembre noir. « On cause plus… on flingue », dirait Audiard. A voir ce monde plongé dans le chaos, on s’abandonne au fatalisme : l’homme ne produira jamais que du bruit, de la fureur et du sang.

Heureusement, il y a la Suisse. Là-bas, dans la fraîcheur des alpages, les époques se succèdent sans heurts. Là-bas, on ne cherche pas à changer le monde, on enferme le temps. Comme dans ce discret atelier genevois où, du bout de son crayon, l’orfèvre et designer Gérald Genta dessine les premiers contours octogonaux de ce qui deviendra la Royal Oak. Célèbre pour l’audace de ses choix esthétiques, celui qu’on surnomme « le Fabergé de la montre » brigue un attachement puritain à la tradition horlogère suisse, tout en revendiquant un tempérament non conformiste assoiffé d’innovations. Depuis les années 50, le monde de la haute horlogerie applaudit les créations de ce franc-tireur qui matérialise ses intuitions par des garde-temps à la technologie très poussée et au design souvent peu conventionnel.

Lancée en 1972, la Royal Oak bouleverse les codes avec son boîtier en acier, sa fameuse lunette octogonale, son cadran « tapisserie » et son bracelet intégré.
Lancée en 1972, la Royal Oak bouleverse les codes avec son boîtier en acier, sa fameuse lunette octogonale, son cadran « tapisserie » et son bracelet intégré. Audemars Piguet

Dans les années 70, à une époque où la montre de luxe se porte comme un faire-valoir de richesse, Audemars Piguet parie sur l’acier et érige le métal pauvre au rang de nouvelle pépite dans le monde de l’horlogerie. L’insolence est réelle, mais le savoir-faire de Gérald Genta est à la mesure du challenge. L’enjeu est d’autant plus important qu’au-delà du culot se cache une entreprise en perte de vitesse et déficitaire. Audemars Piguet mise alors tous ses espoirs sur cette montre-bracelet non conventionnelle. De forme octogonale, le cadran est criblé de huit vis apparentes et tapissé d’une multitude de petits pavés réguliers dont le dessin appartient désormais à la légende. La création de Gérald Genta attise toutes les convoitises et réactive la mécanique, escamotant même le naufrage de la marque en pleine crise du quartz. Comble de l’histoire, c’est en s’inspirant de la forme des sabords d’un navire anglais de la Royal Navy, le HMS Royal Oak, que le designer conçoit le célèbre cadran. Transfigurée en icône, la Royal Oak se démultiplie en trois séries (Royal Oak, Royal Oak Concept et Royal Oak Offshore) et connaît mille vies, représentant la majorité des 40 000 ventes annuelles de l’entreprise familiale.

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