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hôtel pigalle fête ses 10 ans

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Hôtel Le Pigalle : le pionnier copié dans tout Paris fête ses 10 ans

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Il y a dix ans, Le Pigalle ouvrait ses portes dans un quartier encore en mutation, bousculant les codes d’une hôtellerie parisienne figée. Pas de réception, pbjets personnels disséminés dans les chambres, collaborations locales, événements culturels réguliers : autant de gestes devenus aujourd’hui la norme, mais que l’adresse pionnière fut la première à imposer.

À Paris, rares sont les adresses qui déclenchent un effet domino dans l’hôtellerie. L’Hôtel Pigalle, ouvert il y a tout juste dix ans sous l’égide de la société Perseus (il a été vendu depuis au groupe Biografy), fait partie de celles-là. Quand il a vu le jour, le paysage hôtelier parisien se réduisait encore trop souvent à une chambre impersonnelle, quelques équipements standardisés et un service calibré. Ici, le pari était tout autre : transformer un hôtel en lieu de vie, en manifeste d’un art de recevoir singulier, incarné, profondément ancré dans son quartier. La signature de son fondateur, Valéry Grego.

« Au moment de l’ouverture, aucun hôtel ne mettait dans ses chambres de petits objets personnels, de peur qu’ils soient subtilisés par les clients », se souvient Katherine Fry, brand manager de l’établissement. Une bibliothèque garnie de disques vinyles, des livres chinés, des photographies d’artistes du coin : autant de détails qui ont redéfini la notion d’hospitalité. Aujourd’hui, cette approche semble banale, tant elle a été copiée. Mais en 2015, c’était une révolution discrète.


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De l’hôtel anonyme au lieu habité

Le bâtiment, ancien immeuble d’appartements transformé en hôtel dans les années 1990, n’avait rien d’exceptionnel. Moquette fatiguée, murs défraîchis, services minimaux : une adresse comme tant d’autres dans un quartier de Pigalle encore loin de l’aura qu’il possède aujourd’hui. La rénovation a tout changé. Réduisant le nombre de chambres de 57 à 40, les architectes de Festen — devenus, depuis, des superstars du milieu — ont fait basculer l’adresse du statut de 3 à 4 étoiles. Plus de surface, plus de confort, mais surtout une identité propre.

L’idée n’était pas de proposer des suites figées, mais des espaces de vie aux airs d’appartements, où chaque objet raconte une histoire. « La force de Festen, c’est d’avoir pensé des chambres intemporelles. Dix ans plus tard, elles n’ont pas bougé, elles sont toujours justes », explique Katherine. Le duo d’architectes d’intérieur, eux, ont depuis signés des hôtels parmi les plus célébrés en France.

L’hôtel Pigalle offre une décoration « effortless » qui n’a pas pris une ride en 10 ans.
L’hôtel Pigalle offre une décoration « effortless » qui n’a pas pris une ride en 10 ans.

L’hôtellerie connectée à la ville

Ce qui distingue aussi Le Pigalle, c’est son rapport au quartier. Dès le départ, l’équipe a multiplié les collaborations avec les artisans, artistes et commerçants locaux. Le café est torréfié à quelques rues de là, la distillerie de Paris signe les cocktails maison, et la programmation culturelle est confiée à des collectifs voisins. « À l’époque, les hôtels n’organisaient pas autant d’événements. Ils ne faisaient pas appel à autant de talents locaux. Aujourd’hui, ça semble évident, mais nous avons été parmi les premiers à l’ancrer dans le quotidien de l’hôtel », souligne Katherine Fry.

Résultat : l’hôtel est devenu une extension naturelle de Pigalle. Les habitants y passent boire un café ou assister à un concert, les voyageurs y découvrent une scène culturelle vivante. L’adresse n’est plus seulement un lieu de passage, mais un acteur du quartier.

Le lobby de l’hôtel n’en est pas un : il invite ses hôtes à se mettre à l’aise, comme à la maison.
Le lobby de l’hôtel n’en est pas un : il invite ses hôtes à se mettre à l’aise, comme à la maison.

Hôtel Le Pigalle : un modèle pour l’hôtellerie parisienne

La clientèle aussi a changé. Plus jeune, plus internationale, plus connectée aux codes de la mode et de la création. Lors des Jeux Olympiques, l’établissement a même accueilli l’équipe Oakley, privatisant ses 40 chambres. Une stratégie jugée risquée par certains, mais qui s’est révélée payante.

Ce positionnement a fait école. À Paris, rares sont aujourd’hui les hôtels qui ne proposent pas un « programme culturel », des collaborations locales ou une atmosphère pensée comme un appartement. « À mon avis, il n’y a pas d’autre hôtel en France comme Le Pigalle. Et c’est ce qui explique que tant d’autres se soient inspirés de nous », glisse un membre du personnel historique, officiant depuis plus de quarante ans dans le bâtiment.

Un autre signe de la singularité du Pigalle : son équipe. Là où les établissements hôteliers connaissent un turnover incessant, celui-ci affiche une rare fidélité. Katherine est là depuis cinq ans, la réceptionniste depuis tout autant, l’ancien directeur y est resté huit ans. « C’est très rare dans l’hôtellerie. Ailleurs, les gens changent, cherchent des promotions. Ici, on reste, parce que l’hôtel a une âme. »

L’hôtel compte aussi ses habitués, comme l’acteur Gregory Montel (de la série 10 pour cents), ou de nombreux créatifs qui en ont fait leur base parisienne. À force, certains y ont presque leurs quartiers, retrouvant d’un séjour à l’autre les mêmes visages derrière le comptoir, le même cocktail signature au bar, la même sélection musicale.

Les chambres sont décorées d’objets chinés par le studio Saint-Lazare.
Les chambres sont décorées d’objets chinés par le studio Saint-Lazare.

Dix ans d’avance

Aujourd’hui, l’hôtel Le Pigalle apparaît comme une évidence dans le paysage hôtelier parisien. Mais il faut se rappeler qu’il a introduit des codes que d’autres n’osaient pas. Des chambres au décor unique, une programmation locale jusque dans le mini bar, une ouverture aux habitants du quartier : tout cela semble appartenir à l’air du temps. Sauf qu’en 2015, c’était inédit.

Dix ans plus tard, le Pigalle conserve cette longueur d’avance. En refusant de se reposer sur ses acquis, l’hôtel continue d’expérimenter, de collaborer, d’inventer. Il a inauguré post-Covid un café et, à l’occasion de ses dix ans, un bar à cocktails décoré par la designer Gesa Hansen. Il rappelle, au cœur d’un quartier où tout change à toute vitesse, que l’hôtellerie peut être autre chose qu’une simple clé sur un comptoir : une manière d’habiter la ville.


Hôtel Le Pigalle. 9 Rue Frochot, 75009 Paris. Réservations.


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