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The Good Guide // Hotels

A Nice, tout le monde ne parle que de l’Hôtel du Couvent

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The Good Guide

Cela faisait des années que les Niçois mourraient d'envie de savoir ce qu'il se passait derrière la lourde porte de l'ancien couvent de la visitation Sainte-Claire. Alors qu'en début d'année le sérail avait eu vent de sa date d'ouverture et du duo à qui avait été confiée la mise en scène des espaces intérieurs, l'attente était presque insoutenable. Enfin, à la mi juin, une poignée de media furent invités à se mêler aux premiers clients de cet hôtel tant attendu. Nous étions parmi eux.

Dans le monde de l’hôtellerie, on connait ceux qui font (les tendances, les succès, les légendes) et ceux qui les suivent. Valéry Grégo est de la trempe des visionnaires, de ceux qui ont depuis longtemps compris les enjeux modernes du secteur. A la tête de la société Les Hôtels d’En Haut, qu’il a revendu en 2019, il a donné à Saint-Raphaël l’hôtel des Roches Rouges (qui compte parmi les hôtels de France les plus courus actuellement) et à Paris Le Pigalle, pionnier des boutique-hôtels de la capitale. C’est désormais sous l’égide de Perseus, sa nouvelle aventure, qu’il cherche à écrire l’histoire des hôtels « d’après », à commencer par l’Hôtel du Couvent, à Nice, qui, en mettant les deux pieds dans le passé, ouvre en grand le livre de l’hôtellerie de demain.


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Réécrire l’histoire

Il y a une dizaine d’années, Valéry Grégo a entrepris de donner une nouvelle vie à un couvent historique situé sur les hauteurs du Vieux Nice. Fondé en 1604 par les sœurs Clarisses, puis occupé par les Visitandines à partir de 1803 jusqu’aux années 1980, ce couvent est un lieu chargé d’histoire.

La cour du Couvent est protégée d’une part par un jardin suspendu.
La cour du Couvent est protégée d’une part par un jardin suspendu. Adrianna Glavianno

Niché au cœur du vieux Nice, il regorge d’anecdotes et de souvenirs, rappelant un espace sacré, caché et plein de mystères. L’Hôtel du Couvent se dévoile au sommet d’un escalier pavé, derrière une porte discrète. Dès l’entrée, c’est la surprise : 10 000 mètres carrés de terrain où oliviers, citronniers et tilleuls se côtoient depuis des décennies s’ouvrent et invitent à la déconnexion absolue. Le jardin en restanques, abritant 350 espèces de plantes, est classé et préservé. S’y cache un couloir de nage d’où s’observe tout Nice et plus encore, de la Méditerranée aux villages voisins. Gare au coup de canon à midi pile qui pourrait soulever les cœurs des plus fragiles…

Il n’est pas chose facile que de s’émanciper de la fonction première d’un couvent pour le transformer en hôtel. Valéry Grégo, qui depuis ses premiers projets hôtels à toujours fait primer le sens d’un lieu sur sa forme, s’est entouré d’une équipe de talents exceptionnels pour rendre hommage à l’âme des Visitandines. Studio Mumbai, Studio Méditerranée et Louis-Antoine Grégo ont conçu l’architecture de l’Hôtel du Couvent à Nice. Le duo Festen, déjà à la manœuvre de l’hôtel des Roches-Rouges de Valéry Grégo, a réalisé l’architecture d’intérieur. Saint-Lazare a développé l’identité visuelle de l’adresse et la curation des nombreux objets chinés qui enrichissent les espaces.

Tout, à l’Hôtel du Couvent, évoque son histoire sans la crier sur les toits.
Tout, à l’Hôtel du Couvent, évoque son histoire sans la crier sur les toits. Adrianna Glavianno

Un sanctuaire du bon goût

A Nice, l’Hôtel du Couvent incarne le bon goût d’aujourd’hui et de demain, avec une attention méticuleuse portée aux détails. Chaque élément de décoration a été soigneusement pensé, de la tapisserie murale dans les chambres aux tapis brodés transformés en nappes. Rien ne jure avec le passé du couvent mais tout évoque l’intemporalité du nouvel hôtel. Attestons donc que la transmutation est réussie — notamment grâce à un savant travail de recueil d’archives et de visites de monastère opéré par l’équipe afin de ne pas faire de faux pas.

Même la signalétique du ménage est soignée, avec des médaillons indiquant « Ne pas déranger » et « Merci faire la chambre ». La clé des chambres, nichée dans un étui en cuir camel, se porte autour du cou. L’uniforme du personnel, une robe chasuble couleur lie-de-vin fabriquée à partir de draps recyclés, renforce l’engagement de l’hôtel envers la durabilité — et le style.

Les chambres invitent à la contemplation.
Les chambres invitent à la contemplation. Giulio Ghiradi

L’Hôtel du Couvent : une œuvre architecturale à Nice

88 chambres sont réparties dans trois bâtiments qui ouvrent le champ des possibles d’une nuit à l’Hôtel du Couvent. D’une suite XXL doté de son propre salon, décorée avec minutie par les rois du genre minimaliste, le duo Festen, à un cocon de 45 mètres carrés absolument monacal, dont les murs ne sont ornés que d’une discrète croix et un petit tableau, l’adresse offre un hébergement hétéroclite. Des appartements jusqu’à 166 m2 dotés d’une grande cuisine, d’un fourneau Lacanche et d’une salle à manger pousse le quiet luxury des lieux à son paroxysme : bien qu’opulent, le sacré est partout dans cet espace.

« Cette nuit, elle veut dormir à l’hôtel. Le lendemain, lui aimerait poser ses valises dans un pied-à-terre. Ils voyagent pour le plaisir, pour le travail, peut-être pour les deux. Ils cherchent le confort et les services d’un hôtel quand ils sont deux, mais préfèrent la convivialité d’une vraie maison pour recevoir des amis. Je crois que toutes ces envies sont réunies dans ce lieu », explique Valéry Grégo.

Un seul bâtiment a été construit ex-nihilo ; il se protège de Nice grâce à des volets.
Un seul bâtiment a été construit ex-nihilo ; il se protège de Nice grâce à des volets. Giulio Ghiradi

Une cuisine ancrée dans le terroir niçois

À l’Hôtel du Couvent, la cuisine est un rituel séculaire, hérité de l’histoire des lieux, et il se perpétue aujourd’hui à travers trois restaurant : le restaurant du cloître, la guinguette du jardin et, bientôt, le bistrot de la rue des Serruriers. Ceux-ci se distinguent par des matières premières de la plus belle des qualités, produits localement, une cuisson maîtrisée, des vins vivants et un service décomplexé, loin des conventions sophistiquées associées à la grande gastronomie. Au menu : sériole crue, barbajouans de la Roya, gnocchis au pistou, tarte au citron…

Les fruits, légumes et œufs proviennent d’une ferme à Touët-sur-Var, le pain est cuit sur place, à Nice, dans la boulangerie de l’hôtel et les herbes poussent dans le jardin. Les conserves préparées au couvent complètent ce tableau déjà bien rempli, où chaque produit est soigneusement sélectionné pour intégrer harmonieusement l’hôtel à son environnement et à la communauté locale.

La portion de gnocchis au pistou, frugale, comme au temps des sœurs.
La portion de gnocchis au pistou, frugale, comme au temps des sœurs. Adrianna Glavianno

Repos des sens

En écho aux vestiges des bains romains sur la colline de Cimiez, dans les hauteurs de Nice, l’Hôtel du Couvent abrite un parcours thermal. Des bains successifs qui rendent hommage à la grande tradition antique : la tiédeur du tépidarium, la chaleur du caldarium, la fraîcheur du frigidarium avant de terminer dans l’unc- tuarium, les salles des huiles où sont prodigués les soins. Des produits naturels et des techniques manuelles au rythme des spécialités de plusieurs thérapeutes et en partenariat avec différentes marques afin d’offrir un parcours entièrement personnalisé.

C’est donc en beauté que se termine le tour du propriétaire qui, en s’adjugeant cet anachronisme, nuance le caractère biblique des lieux.

La piscine est perchée en haut du jardin, à l’abri du tumulte.
La piscine est perchée en haut du jardin, à l’abri du tumulte. Giulio Ghiradi

Hôtel du Couvent
1 Rue Honoré Ugo, 06300 Nice
Réservations


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