Horlogerie
De nombreuses marques horlogères voient régulièrement le jour hors de Suisse. Internet, notamment, facilite grandement cette prolifération. Petit tour d’horizon de ces marques de montres françaises qui innovent aussi volontiers.
De très nombreuses enseignes horlogères sont nées tout récemment en Europe. Les marques de montres françaises font, à cet égard, preuve d’un dynamisme réjouissant.
8 jeunes marques de montres françaises :
Apose
Didier Finck et Ludovic Zussa, les jeunes fondateurs d’Apose, habitent Mulhouse. Ils ont travaillé pendant une dizaine d’années pour l’horlogerie suisse. Quand ils se lancent, en 2020, ils se fixent pour objectif de créer des montres de luxe automatiques 100 % françaises. Le défi ressemble un peu à une mission impossible… Et pourtant, il est en phase d’être relevé. L’Apose no 3-100, limitée à 200 exemplaires, remplit ces critères. « Nous revendiquons un style et une élégance à la française. Il fallait donc être cohérent et adopter une fabrication française. Nous utilisons un calibre Pequignet. Nos couronnes viennent de chez Cheval‑Frères, qui œuvre aussi pour Richard Mille », se félicite Ludovic Zussa.
Après la signature d’un partenariat avec Longchamp, Apose récupère des chutes de cuir pour ses bracelets. Le plus difficile fut de trouver des cadrans de France. Les montres Apose sont vendues en ligne ou directement dans le showroom de Mulhouse. La marque espère écouler 1 000 garde‑temps cette année.
Beaubleu
Lancée en 2017, la marque a rencontré immédiatement un beau succès d’estime. Tout a débuté avec 20 000 €, un site Internet et un compte Instagram. Le fondateur, Nicolas Pham, est designer industriel et il n’a pas de gros moyens. « Je me disais que si cela devait marcher, alors je m’engagerais plus fortement. Beaubleu a montré très rapidement des signes de croissance. Alors, je me suis investi. La démarche de base était de faire une montre poétique », se souvient le fondateur avec humilité. Il avance à son rythme, c’est‑à‑dire assez lentement. « J’ai lancé une deuxième collection en 2020, via Kickstarter. En un mois, j’avais récolté 130 000 €. C’était totalement inespéré ! »
Les montres sont toujours fabriquées rue Bergère, dans le 10e arrondissement de Paris. Désormais, la marque s’appuie aussi sur une boutique, rue de Nazareth, dans le 3e arrondissement. Pour 2022, Beaubleu table sur 2 500 ventes. Pour l’instant, 70 % de la commercialisation passe par le web.
Briston
La marque approche de son 10e anniversaire. « Il a fallu se réinventer pendant le Covid, explique Brice Jaunet, le fondateur. Aujourd’hui, 40 % des ventes se font en ligne. » Briston revendique une élégance British, mais reste très française dans l’âme. En 2020, la marque a ouvert une deuxième boutique à Paris, dans le quartier de Saint‑Germain‑des‑Prés.
Le positionnement « premium‑sport‑chic » perdure, les prix sont toujours raisonnables. « Nous travaillons le développement de nouveaux marchés », affirme le dirigeant. Un modèle digital arrive pour l’été, il va s’adresser aux clients les plus jeunes et à ceux qui sont un peu nostalgiques des années 80.
FOB Paris
Cette petite marque parisienne fête ses 10 ans. FOB Paris, c’est avant tout une histoire d’amis. Trois copains parisiens qui décident de lancer leur enseigne en bousculant les codes. Aujourd’hui, ils sont dix et conservent une grande liberté de ton. « Nous nous situons entre horlogerie et mode », rappelle Sari Hijji, l’un des cofondateurs. Depuis 2020, l’appartement des débuts a cédé la place à une boutique‑showroom dans le Marais. Le succès est très fort en Asie, notamment en Corée du Sud. La marque va ouvrir une deuxième boutique à Shanghai, en 2023.
FOB Paris est parisienne, mais se fait de plus en plus bisontine, puisque toutes les montres sont assemblées à Besançon. Elle a ouvert un bureau responsable de la production et du développement. La collection 16 Gravilliers, du nom de l’adresse de la boutique parisienne, sortira cet été. Les cadrans utilisent une marqueterie de pierre élaborée en collaboration avec les ateliers Élise et Berthaux, à Paris. Original et créatif !
Le groupe Aiôn (Hegid)
Installé au soleil de La Ciotat, le groupe horloger Aiôn ambitionne de fabriquer des garde‑temps horlogers en France. Un terrain de 3 ha a été acheté à cette fin. Sur place, une manufacture sera construite, capable de produire 400 000 montres par an. Colossal ! Seront également développés les services suivants : bureau d’études, production et commercialisation de composants et de mouvements, décoration, assemblage et service après‑vente multimarques, production et commercialisation, gestion logistique et distribution multimarque… Sacré défi !
Le groupe prévoit d’accueillir 160 collaborateurs en cinq ans. Pour le moment, l’entité a déjà repris Hegid, petite marque qui propose une montre originale, évolutive et modulable. Mais le groupe en veut plus. Il souhaite fédérer les talents pour les placer au service d’entrepreneurs horlogers. L’un des cofondateurs, Anthony Simao, entend « redonner ses lettres de noblesse à la France en horlogerie ».
Klokers
La marque a été relancée en 2020. Son siège est toujours installé à Annecy, et la fabrication, en Suisse. La Minim est la grande nouveauté, très créative en matière de cadran. L’une des caractéristiques essentielles de la Klokers : la possibilité de déclipser le boîtier pour changer de bracelet et de style. Désormais, la volonté est de monter en gamme pour atteindre un prix de vente de 2 500 €.
La marque a écoulé un peu plus de 1 000 montres en 2021. « Nous sommes bien placés à l’international, marché qui représente 60 % des ventes », se félicite Nicolas Boutherin, le fondateur de retour aux manettes. Pour le moment, l’offre ne concernait que des modèles à quartz, mais un mécanisme automatique est attendu pour bientôt.
Serica
C’est un journaliste horloger qui a lancé cette petite marque qui a pour fil conducteur : « robustesse et élégance ». Une Serica se reconnaît à certains détails : ses aiguilles, l’absence de logo ou encore ses cadrans émaillés. « J’ai la volonté d’installer ma marque en créant une vraie gamme », explique Jérôme Burgert, cofondateur. Il ne croit pas au 100 % made in France. « Ça n’a pas de sens. Pour la fabrication, les Suisses sont très forts. Pourquoi se priver de leurs compétences ? » résume l’entrepreneur.
Les capacités de production de Serica sont encore assez faibles. Toutefois, en 2022, elle espère pouvoir écouler 3 000 montres. La distribution s’effectue exclusivement en ligne ou dans la boutique parisienne installée dans le Marais. « Nous vendons beaucoup aux États‑Unis, en Australie et au Canada, se réjouit le dirigeant. Le fait que nos articles aient été proposés sur de très gros sites horlogers, comme Hodinkee, nous a beaucoup aidés. »
Trilobe
En une poignée d’années d’existence, cette nouvelle marque française a séduit bien des amateurs. Il faut dire qu’elle propose une haute horlogerie Swiss Made novatrice. La maison a décidé de remplacer les aiguilles par des disques rotatifs. Le fondateur, Gautier Massonneau, admet volontiers que ce système est un tout petit peu moins intuitif. « Il faut un quart de seconde supplémentaire pour lire l’heure », reconnaît‑il.
Mais cet affichage est aussi beaucoup plus poétique. Il libère de la contrainte de l’instantanéité, véritable piège de notre société moderne. Il incite à prendre son temps plutôt qu’à le perdre. Côté produits, Trilobe ne traîne pas. La première collection, Les Matinaux, lancée en 2018, a été suivie par Nuit Fantastique et par Une Folle Journée, tout récemment.
Lire aussi
Horlogerie : vers la fin de la suprématie suisse ?
Un hors-série The Good Life 100 % horlogerie en kiosque le 26 mai !
Montres : les marques horlogères transforment leurs boutiques