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L'iconique aéroport de Hong Kong a fermé ses portes en 1998. De nouveaux quartiers émergent sur ses 320 hectares de friche.
« Kai Tak Heart Attack », c’est ainsi qu’était surnommé l’ancien aéroport de Hong Kong tant son approche était périlleuse et redoutée des cardiaques. Les rares pilotes habilités devaient raser le toit des immeubles pour atterrir sur la languette de terre gagnée sur la mer qui faisait office de piste. L’aéroport mythique a fermé en 1998, laissant 320 ha de friche.
A ce terrain de jeux exceptionnel, les autorités ont ajouté les quartiers limitrophes de Kowloon Bay (91 ha) et de Kwun Tong (77 ha). L’objectif : métamorphoser cette péninsule de Kowloon en quartier branché et en laboratoire pour une ville intelligente. Kowloon East doit être le nouveau centre des affaires, deux fois plus grand que celui installé à Central, repaire prestigieux de banques et de sièges sociaux sur l’île de Hong Kong aujourd’hui saturé.
Kowloon East prévoit 7 M de mètres carrés pour accueillir des bureaux, mais aussi des espaces commerciaux, une promenade piétonnière en front de mer, des immeubles « verts », un hôpital pour enfants, le tout, bien sûr, dans un quartier « durable » et truffé de nouvelles technologies. La mutation est en cours et s’échelonnera jusqu’en 2024. Pour un budget avoisinant les 100 Mds €, l’ancienne piste des frayeurs s’est transfigurée en 100 ha de verdure et en un immense et luxueux terminal de croisière.
Un stade, cinq hôtels et une zone résidentielle de près de 3 M de mètres carrés, soit une population de 134 000 personnes, devraient sortir de terre ainsi que des milliers de bureaux. De l’autre côté de l’anse qui sert d’abri en cas de typhon, repose l’ancien poumon industriel de la ville. Les façades massives aux peintures décrépies témoignent du boom des années 50 où Hong Kong vibrait au rythme de ses usines de textile et de jouets.
Côté technologies, Kowloon East prévoit un réseau énergétique intelligent, des panneaux photovoltaïques, ainsi que des lampadaires équipés de capteurs et de balises qui pourront contrôler le trafic, détecter les stationnements illégaux et les places de parking disponibles, surveiller le flux de piétons, mais aussi recharger les véhicules électriques.
Un système smart pourra aussi gérer, en temps réel, le niveau des poubelles ainsi que les émissions de carbone et la consommation d’énergie. Il faudra plusieurs années avant que ce soit opérationnel, précise l’organisme chargé du projet.
Le quartier smart n’en est donc qu’à ses prémices et ne comporte, pour l’heure, que de rares innovations technologiques à la portée encore très expérimentale et donc limitée, selon Nicolas Douay. Le maître de conférences en urbanisme à l’université Paris-Diderot voit plutôt une « mise en scène “intelligente” du gouvernement pour mieux faire accepter ce projet urbain, sur fond de controverses virulentes depuis la rétrocession ».
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