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À l’Opéra Garnier, le chorégraphe Hofesh Shechter dévoile Red Carpet, une création fiévreuse portée par les danseurs de l’Opéra national de Paris. Pour cette pièce entre cabaret noir et rêve éveillé, les costumes sont signés CHANEL, grand mécène de l’institution. Une rencontre rare entre couture et geste contemporain.
Au Palais Garnier, un bal se joue à rebours. Pas de perles ni de smokings figés : Red Carpet, le nouveau ballet du chorégraphe Hofesh Shechter, commence en haut de l’affiche, dans un cabaret fantasmé où tout scintille — avant d’explorer ce qu’il y a dessous. Sous les sequins, les corps. Et sous les corps, une vérité plus trouble : celle d’une humanité désarmée.

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Hofesh Shechter à Paris
Sur scène, treize danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris. Pas la troupe habituelle de Hofesh Shechter, mais un corps d’élite qui s’est déjà frotté à son langage gestuel « viscéral, intense et électrique ». Le chorégraphe israélo-britannique a imaginé une pièce comme un rêve — « on croit comprendre, mais on ne comprend jamais vraiment », dit-il. Et dans ce rêve, les costumes ont un rôle central. Conçus par CHANEL avec les Ateliers de l’Opéra, ils traduisent cette tension entre apparat et fragilité. « Ce que pourrait porter une célébrité, mais de manière subtile », note Shechter. Robes longues lamées, smokings fendus, bouclette rose : un vestiaire de gala qui glisse progressivement vers une seconde peau plus simple, presque nue.

Le geste de CHANEL n’est pas anodin. Mécène fidèle de l’Opéra depuis 2018, la maison affirme ici sa volonté d’ancrer la couture dans la création contemporaine. Elle ne se contente pas d’habiller les corps : elle participe au récit. « Le costume parfait est celui qui sert la pièce, celui qui nous aide à ressentir plus fortement ce que nous voyons », estime Hofesh Shechter. Le défi était double : conjuguer l’élégance à la liberté de mouvement d’un ballet exigeant. Et la couture a suivi : « J’ai vraiment été impressionné par cet aspect : tout a été conçu pour qu’ils soient à l’aise et puissent se mouvoir librement », raconte-t-il.
Le résultat ? Un ballet cabossé et sublime, aussi dansant qu’émouvant. « L’énergie oscille entre quelque chose de très ludique et quelque chose de profondément humain », conclut le chorégraphe. Présenté à Garnier jusqu’au 14 juillet, Red Carpet partira en tournée aux États-Unis à l’automne. Et prouvera, une fois encore, que la haute couture peut, elle aussi, descendre dans l’arène.

Présenté au Palais Garnier du 10 juin au 14 juillet 2025, Red Carpet sera en tournée aux États-Unis, à San Francisco et New York, en octobre 2025. Le ballet a fait l’objet d’une captation, réalisée par Floris Bernard, produite par l’Opéra national de Paris, avec le soutien de la Fondation Orange, et sera diffusé ultérieurement sur POP – Paris Opera Play, la plateforme de streaming de l’Opéra national de Paris.
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