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De passage à Athènes, The Good Life a rencontré le maire Haris Doukas. L'occasion de lui poser quelques questions, 2024 - TGL
De passage à Athènes, The Good Life a rencontré le maire Haris Doukas. L'occasion de lui poser quelques questions, 2024 - TGL
Marine Mimouni

The Good City // Acteurs

Le nouveau maire d’Athènes promet une nouvelle ville propre et sûre

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The Good City

Désireux de rétablir l’indispensable coopération avec le gouvernement, il fait remarquer qu’il n’a pas été élu pour créer des problèmes, mais pour les résoudre.

Il y a un an, rares étaient les Grecs qui auraient pu reconnaître Haris Doukas dans la rue. Le nouveau maire d’Athènes, âgé de 44 ans, a pris ses fonctions le 1er janvier dernier. Auparavant, il était professeur de politique énergétique et de management à l’université polytechnique nationale de la cité.


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Portrait du maire d’Athènes, Haris Doukas.
Portrait du maire d’Athènes, Haris Doukas. Julien Oppenheim

Candidat indépendant soutenu par le Mouvement socialiste panhellénique (Pasok), cet ingénieur a mis en avant son expertise dans la lutte contre le changement climatique et la production d’énergie verte en milieu urbain pour battre le maire sortant, Kostas Bakoyannis, neveu du Premier ministre.

C’est sans doute pour cette raison que le gouvernement a privé la municipalité d’une partie de ses compétences – et de ses financements – en matière d’urbanisme. Haris Doukas n’en est pas moins passé à l’action pour transformer Athènes. Désireux de rétablir l’indispensable coopération avec le gouvernement, il fait remarquer qu’il n’a pas été élu pour créer des problèmes, mais pour les résoudre.

Rencontre avec Haris Doukas, maire d’Athènes

The Good Life : Comment décririez-vous le caractère et l’état d’esprit des Athéniens ?

Haris Doukas : Ce sont avant tout des battants, qui ont traversé ensemble une crise économique effroyable, puis la pandémie, puis une période d’inflation sévère. Ils ont peut-être perdu un peu de leur optimisme naturel face à ces circonstances adverses, mais ils ont fait preuve de solidarité et de créativité pour améliorer leur vie quotidienne, et ils ont malgré tout gardé l’amour de leur quartier et de leur ville.

Vue de la ville d’Athènes.
Vue de la ville d’Athènes. Kylie Docherty / Unsplash

Vous avez fait campagne en tant qu’expert indépendant capable de transformer Athènes, avec pour priorité absolue d’en faire une ville propre et sûre. Comment comptez‑vous procéder ?

H.D. : L’un des slogans de ma campagne était : « Nous le savons, nous le voulons, nous le pouvons. » Côté sécurité, j’ai lancé un projet destiné à renforcer la police municipale et préparé un plan visant à améliorer sa coordination avec la police nationale. Mais il y a surtout le principe avéré selon lequel des quartiers bien éclairés, propres, et où la vie sociale et culturelle est intense, voient leur taux de délinquance baisser. Nous travaillons donc dans cette direction.

Ses ruelles pittoresques et défraîchies, où l’ocre et le beige dominent, ainsi que ses commerces de rue donnent à Athènes des airs de cité orientale.
Ses ruelles pittoresques et défraîchies, où l’ocre et le beige dominent, ainsi que ses commerces de rue donnent à Athènes des airs de cité orientale. Julien Oppenheim

En mai dernier, durant le Festival d’Athènes, nous avons organisé 250 événements dans tous les quartiers. Côté propreté, nous repensons le ramassage des ordures et nous organisons le recyclage avec de nouvelles poubelles pour les déchets organiques. Selon moi, une ville plus propre est aussi une ville plus verte. Nous planterons donc 25 000 arbres durant mon mandat. Cela atténuera les vagues de chaleur de l’été, tout en embellissant notre cité.

Vous allez aussi créer un nouveau parc dans le quartier de Votanikos…

Haris Doukas : Ce projet consiste à ériger sur des terrains non construits un nouveau stade de football bioclimatique pour le club Panathinaïkos, ainsi que le plus grand parc public ouvert à Athènes depuis plus d’un siècle. Nous y planterons 5 000 arbres. Les travaux ont commencé et seront finis avant la fin de mon mandat. C’est le projet public-privé le plus complexe et le plus coûteux jamais dirigé par un maire en Grèce.

Vue des immeubles athéniens.
Vue des immeubles athéniens. Julien Oppenheim

Dans un second temps, le stade historique du Panathinaïkos sera détruit et laissera place, au cœur d’Athènes, à un second parc et à un musée. Mais je ne pourrai inaugurer ce parc-là que si je suis réélu… L’un des problèmes majeurs d’Athènes est la crise du logement, du fait de la forte hausse des prix d’acquisition et des loyers. Pouvez-vous contribuer à la résoudre ? Ce dossier relève surtout du gouvernement.

Nous lui avons recommandé de limiter les locations de courte durée sur des plates-formes telles que Airbnb et de trouver une solution pour remettre sur le marché locatif les milliers d’appartements vacants ou abandonnés.

La terrasse du Kick, un coffee shop à Athènes.
La terrasse du Kick, un coffee shop à Athènes. Julien Oppenheim

Nous avons aussi lancé les discussions pour que des décisions soient prises sur ce sujet par le gouvernement, la municipalité et les propriétaires des biens. Enfin, nous avons inauguré des programmes pilotes d’habitat social, destinés aux personnes vulnérables et aux jeunes couples à faibles revenus

Depuis que vous êtes le maire d’Athènes, avez aussi créé un « bureau de la pauvreté énergétique ». De quoi s’occupe-t-il ?

H.D. : Il s’agit de permettre aux 50 000 Athéniens pauvres qui touchent des aides gouvernementales au logement de réduire leurs dépenses énergétiques et de produire une part de leur consommation électrique. Nous avons déjà formé 60 experts pour leur proposer des solutions. Et nous avons créé une alliance pour la production d’énergie verte avec huit autres municipalités.

« Notre ville compte moins de 700 000 habitants, mais elle ramasse, chaque année, les déchets laissés par sept millions de visiteurs » dit-il.
« Notre ville compte moins de 700 000 habitants, mais elle ramasse, chaque année, les déchets laissés par sept millions de visiteurs » dit-il. Julien Oppenheim

Sur le sujet de l’énergie, nous voulons aussi rénover les bâtiments municipaux et les 400 écoles de la ville afin de réduire leurs dépenses. Pour devenir résiliente, Athènes doit protéger les espaces verts et planter des arbres, mais aussi, et surtout, diminuer sa consommation d’énergie.

De même que Venise et Barcelone, Athènes souffre du « surtourisme ». Comment pouvez-vous améliorer la situation ?

Haris Doukas : Notre ville compte moins de 700 000 habitants, mais elle ramasse, chaque année, les déchets laissés par sept millions de visiteurs. Or, la part des taxes touristiques que perçoit la municipalité est de 0,4 euro seulement par visiteur. Tout le reste est perçu par le gouvernement. Je milite donc activement pour qu’un rééquilibrage soit opéré.

Haris Doukas n’en est pas moins passé à l’action pour transformer Athènes. Désireux de rétablir l’indispensable coopération avec le gouvernement, il fait remarquer qu’il n’a pas été élu pour créer des problèmes, mais pour les résoudre.
Haris Doukas n’en est pas moins passé à l’action pour transformer Athènes. Désireux de rétablir l’indispensable coopération avec le gouvernement, il fait remarquer qu’il n’a pas été élu pour créer des problèmes, mais pour les résoudre. Julien Oppenheim

Quant aux discussions sur un tourisme durable et sur l’aggravation de la crise du logement liée au surtourisme, elles n’ont pas encore eu lieu. La municipalité réalise une étude sur la capacité touristique par quartier, qui préludera, je l’espère, à des décisions prises en accord avec le gouvernement.

La construction de la ligne de métro n°4 (reliant les stations Álsos Veïkou à Goudí) a démarré. Quelles autres mesures allez-vous prendre pour réduire l’usage de la voiture et les encombrements maintenant que vous êtes le maire d’Athènes ?

H.D. : Pour faciliter les déplacements sans voiture, nous commencerons à mettre en service, avant la fin 2024, une flotte de bus électriques. L’an prochain, nous achèverons une première tranche de pistes cyclables. Et pour les piétons, la reconstruction des trottoirs est en cours ; elle se poursuivra à un rythme soutenu.

« Aucun programme, aucune intervention dans le tissu urbain ne peut réussir sans le soutien des Athéniens. Ils peuvent donc, grâce à des applications spécifiques, nous signaler les difficultés qu’ils rencontrent » affirme le maire de la ville.
« Aucun programme, aucune intervention dans le tissu urbain ne peut réussir sans le soutien des Athéniens. Ils peuvent donc, grâce à des applications spécifiques, nous signaler les difficultés qu’ils rencontrent » affirme le maire de la ville. Julien Oppenheim

L’une de vos promesses de campagne était que les citoyens et la société civile seraient associés aux décisions concernant la ville. Quelle forme prend leur participation ?

Haris Doukas : Aucun programme, aucune intervention dans le tissu urbain ne peut réussir sans le soutien des Athéniens. Ils peuvent donc, grâce à des applications spécifiques, nous signaler les difficultés qu’ils rencontrent. Nous organisons aussi des séminaires avec des associations et des ONG dans tous les quartiers et nous allons créer un poste de médiateur municipal.

Enfin, les citoyens peuvent suivre les travaux engagés. Une application permet, par exemple, de savoir en temps réel où nous plantons des arbres. Le fait de sensibiliser les habitants à notre action et la volonté d’être transparents est l’une des conditions de l’efficacité et donc de la réussite.


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